Le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, a accueilli le 10 mai 2012 son homologue macédonien, Nikola Poposki.
Lors d’une conférence de presse conjointe, Jean Asselborn a parlé de la Macédoine comme d’un pays qui a "énormément souffert dont le salut se trouve dans l’UE". Le Luxembourg est en faveur de l’adhésion de la Macédoine à l’UE et à l’OTAN, comme il défend l’adhésion à terme de tous les Etats des Balkans occidentaux, "ce jardin entre l’Autriche et la Grèce", au "projet de paix qu’est l’UE". Le ministre a souligné que la Macédoine est candidate à l’adhésion, mais qu’il n’y pas encore de date fixée pour le début des négociations à cause du différend qui oppose la Macédoine à la Grèce à cause de son nom.
C’est pourquoi le pays a dû, pour être admis à l’ONU, adopter le nom provisoire d’ARYM, d’ancienne république yougoslave de Macédoine sous forme de l’acronyme ARYM ou FYROM. La Grèce s’oppose de la même manière à l’adhésion de la Macédoine à l’OTAN.
Reste que le Luxembourg espère que les négociations aboutiront, "car la Macédoine est, on n’a qu’à regarder la carte, un pays important", pense Jean Asselborn. S’y ajoute que "le Luxembourg a une sensibilité particulière pour un petit Etat qui veut adhérer et pour qui entrer dans l’UE serait un facteur stimulant". De sorte que Jean Asselborn a salué le dialogue à haut niveau entre la Macédoine et le commissaire européen à l’élargissement, Stefan Füle, et aussi que la coopération dans la région fasse des progrès.
Le ministre macédonien, Nikola Poposki, a répondu que son pays voulait contribuer à changer l’image des Balkans occidentaux. L’intégration européenne est dans ce cadre "un grand signal". Son pays a par ailleurs étendu entretemps avec la Grèce ses relations économiques et entre citoyens. De ce fait, "la situation dramatique en Grèce ne nous arrange pas", a ajouté le ministre macédonien, qui préférerait avoir en face un partenaire plus stable et disponible.
Jean Asselborn s'est lui aussi exprimé sur la Grèce, et ce dans les mêmes termes que la veille à Bruxelles.
Quant à son adhésion à l’OTAN, Nikola Poposki a dit que la Macédoine respectera le jugement de la Cour internationale de La Haye de décembre 2012. Pour explication : en décembre 2012, la Cour internationale avait statué que la Grèce ne s'était pas conformée à ses obligations en s'opposant à l'adhésion de la Macédoine à l'OTAN, au prétexte qu'un nom convenable pour cette ancienne république yougoslave n'avait pas encore été trouvé. Elle avait conclu qu’en s'opposant à l'admission de la Macédoine à l'OTAN au sommet de Bucarest, la Grèce ne s'était pas conformée à l'obligation que lui impose l'accord intérimaire conclu entre les deux pays. Mais la cour n'avait toutefois pas estimé nécessaire, contrairement à ce qu'exigeait la Macédoine, d'ordonner à la Grèce de s'abstenir à l'avenir de s'opposer à son adhésion à d'autres organisations internationales dont elle est membre. Après cette annonce, le ministère grec des affaires étrangères avait indiqué qu'Athènes allait "étudier" la décision, tout en engageant "les deux parties à continuer les négociations pour trouver une solution sur le nom" de ce pays.
D’un point de vue bilatéral, le Luxembourg, qui signera bientôt un accord de non-double imposition et de protection des investissements avec la Macédoine, invitera des journalistes macédoniens à venir voir comment fonctionne l’UE.
Un problème bilatéral existe néanmoins : celui des demandeurs d’asile en provenance de Macédoine, plus de 400 en un an, et qui rangent parmi les plus de 3000 demandeurs d’asile de cette région en 2011 et 2012.
Jean Asselborn a relaté que son homologue avait expliqué "que ces personnes viennent de manière assez structurée après avoir payé des services qui organisent leur voyage". Pour le ministre, "la Macédoine a intérêt à régler la situation en amont". Le Luxembourg s’est engagé en faveur d'une libéralisation des visas pour les habitants de toute la région mais ne veut pas que la situation devienne "incontrôlable". La libéralisation des visas a été "une offre importante qui a été détournée, où il y a des abus".
Pour Nikola Poposki, un pays candidat comme la Macédoine doit remplir toutes ses obligations vis-à-vis de ses partenaires et remplir tous les critères. Son pays lutte et continuera de lutter contre les abus avec les visas obtenus par ses citoyens. Le chiffre des demandeurs d’asile macédoniens dans l’UE a déjà été "dramatiquement réduit" et l’objectif de son gouvernement est d’arriver à zéro demande d’asile, car il n’y a pour cela pas de raison.