Jean Asselborn a participé le 9 mai 2012, à l’occasion de la Journée de l’Europe, à une table ronde organisée dans le cadre la 15e édition du WDR Europaforum. Le ministre des Affaires étrangères est intervenu dans un débat se focalisant sur l’Europe d’après les élections conduit par le directeur en chef de la première chaîne publique allemande ARD, Rolf-Dieter Krause.
Jean Asselborn a eu l’occasion de redire sa grande satisfaction quant à l’élection du socialiste François Hollande à la présidence de la République française, le deuxième plus grand pays de l’UE. Aux yeux de Jean Asselborn, François Hollande est le meilleur avocat du président de la Commission, José Manuel Barroso, dont il reprend nombre de propositions. "Avec Hollande, l’organe le plus important de l’UE, à savoir la Commission, va être renforcé et nous allons sortir de ce théâtre intergouvernemental qui a eu lieu parfois ici à Bruxelles", s’est réjoui le ministre luxembourgeois qui voit là une assurance de qualité pour l’avenir de l’UE.
En revanche, pour ce qui est du résultat des élections grecques qui se sont tenues le 6 mai, Jean Asselborn estime que "ce qui s’est passé en Grèce est moins positif". A ses yeux, il ne saurait être question de ne blâmer que le peuple grec pour le fait qu’il n’y aura probablement pas de gouvernement en Grèce. Ainsi, contrairement au parti Néa Dímokratía, les socialistes ont, dès le début, pris une position claire quant à la nécessité de suivre les prescriptions de la troïka : et ils en paient d’ailleurs le prix.
Mais Jean Asselborn a surtout insisté pour que l’on explique au peuple grec, depuis Bruxelles, que la situation est grave, qu’aucun des pays de l’UE ne va débloquer une partie des 130 milliards mis à disposition si un gouvernement n’est pas à l’œuvre qui s’en tient aux règles. Il s’agit donc que les politiques européens fassent comprendre aux Grecs, avec les manières, avec de la finesse, de façon décidée et transparente, que si 80 % des Grecs veulent rester dans l’euro, ils doivent aussi soutenir des partis qui soutiennent la politique qui leur permettrait de rester dans l’euro. Sinon, prévient Jean Asselborn, à qui cela ferait "une immense peine pour la Grèce, pour le peuple grec", "on arrivera à un point où la Grèce aura joué sa dernière chance". Ce qui serait très douloureux pour le peuple.
L’aide apportée le sera sous les conditions qui ont été négociées, insiste Jean Asselborn qui reconnaît qu’elles sont dures, mais qui insiste notamment pour que la Grèce change de "culture fiscale". Le ministre s’étonne par exemple qu’en Grèce, les armateurs ne paient pas d’impôt. Il faut mettre fin "à toutes les scléroses de l’économie", plaide-t-il encore. Sans perdre de vue toutefois que beaucoup de Grecs sont dans une situation socialement très difficile. "Si les Grecs n’ont plus de perspectives, et c’est là que l’Europe a un rôle à jouer, alors je crois qu’il y aura un traumatisme", s’inquiète Jean Asselborn. Pour éviter cette "catastrophe", il faut se battre pour saisir cette chance.