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Environnement
En vue de Rio+20, les Verts établissent un lien entre la crise en Europe et les enjeux du développement durable et prônent une troisième voie qui ne miserait ni sur l’austérité ni sur la croissance, mais sur "la sobriété heureuse"
11-06-2012


Les deux députés de Déi Gréng, Camille Gira et François Bausch, conférence de presse du 11 juin 2012Le 11 juin 2012, à la veille d’un débat à la Chambre des députés sur la conférence Rio+20 des Nations Unies sur le développement durable, déi Gréng ont tenu à expliquer leurs positions à l’occasion d’une conférence de presse. Le premier propos des députés François Bausch et Camille Gira était de démontrer qu’il existe une relation directe ente les enjeux de la conférence Rio+20 et la crise économique et financière qui ébranle l’UE.  

Pour François Bausch, la crise a trois causes. La première cause est la crise liée à la rareté galopante des ressources naturelles. Par là, il n’entend pas seulement la rareté des matières premières, mais aussi la réduction de la biodiversité induite par les changements climatiques. Autre origine de la crise pour le député vert, le fait que l’économie est basée sur un modèle qui ne se mesure qu’à l’aune monétaire qui domine tout. Dans ce contexte, il se trouve que le coût de l’importation par les Etats membres de produits énergétiques fossiles est plus ou moins égal au montant des dettes, notamment dans les pays les plus touchés par la crise. S’y ajoute que la normalisation de l’économie entraînera très rapidement une nouvelle hausse des prix de l’énergie, ce qui aura de nouveau un effet de blocage sur les investissements dans l’industrie et pèsera sur le budget des ménages qui paient deux fois plus pour leur énergie qu’avant la crise. Les Verts voient dans les inégalités croissantes en termes d’accession au travail, à l’éducation et à la santé une troisième explication à la crise.

Face à ces tendances, les Verts prônent une "économie verte qui soit digne de ce nom". Quatre priorités s’imposent pour eux : plus de justice sociale, le respect des ressources naturelles, une rupture avec la croissance aveugle qui devait faire place à une croissance ciblée et qualitativement réfléchie, et finalement une économie durable qui produit des produits destinés à être efficients, à durer et à être recyclés.

Pour le Luxembourg, qui est loin d’atteindre ses objectifs par exemple sur les émissions de CO2 (cf. le dernier Plan national de réformes et les recommandations de la Commission), et à qui "même la commissaire Viviane Reding a lancé des avertissements", Camille Gira demande que le budget cesse d’être alimenté par le tourisme à la pompe, s’inscrivant ainsi en faux contre plusieurs propos récents du Premier ministre. Le député vert "refuse de choisir entre la peste et le choléra, c’est-à-dire entre l’austérité et la croissance". Il croit comme son collègue dans une troisième voie, la voie de "la sobriété heureuse, de la prospérité sans croissance". Cette voie miserait moins sur le PIB que sur le bien-être. Ce serait une voie conduisant vers une société plus égalitaire car plus stable, vers une économie qui ne soit pas seulement une économie de marché, mais qui soit aussi dotée de secteurs solidaires, informels ou bénévoles, vers une économie relocalisée aussi, ne serait-ce qu’à cause des économies en énergie qu’un tel système implique.

Le pays doit dans ce contexte viser à la récupération d’une partie de sa souveraineté énergétique comme les communes devraient elles se doter, afin de se préserver contre les contrecoups de la crise du secteur financier sur leurs budgets, de nouvelles ressources propres. Tout cela mériterait, estime Camille Gira, d’être discuté dans le cadre d’une table-ronde qui aurait 2030 pour perspective. C’est dans ce sens que les Verts agiront en soumettant au vote de la Chambre des motions lors du débat du 12 juin 2012. Répondant à une question sur la capacité de ces propositions à recueillir une majorité d’assentiments dans la société, Camille Gira a expliqué que "c’est un fait connu que ce sont les minorités créatives qui changent le cours des choses".