La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le 5 juillet la baisse de son principal taux directeur de 1 % à 0,75 %, soit son plus bas niveau historique. Cette baisse est censée apporter une bouffée d'oxygène aux banques qui empruntent auprès d'elle, et en particulier celles qui sont coupées du marché interbancaire. Le taux d’intérêt de la facilité de prêt marginal est abaissé de 25 points de base, à 1,50 %. Le taux d’intérêt de la facilité de dépôt est abaissé de 25 points de base, à 0 %.
La première mesure était attendue. Elle doit contribuer à soutenir l'activité en zone euro, pour laquelle les prévisions annoncent un recul du PIB voire une récession technique. Mario Draghi a parlé d’une croissance zéro au cours du premier trimestre 2012 et d'une baisse de la croissance au 2e trimestre. La reprise est toujours grevée par des “tensions sur le marché des dettes souveraines” et “leur impact sur les conditions de crédit”. S’y ajoute "le processus d’ajustement bilantaire dans les secteurs financier et non-financier et le chômage élevé" qui pèseront sur la croissance. De l’autre côté, l’inflation ne dépasse pas les 2,4 % et devrait descendre en 2013 en-dessous de 2 %.
D’autres mesures étaient suggérées ou attendues par les acteurs du marché et par la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, comme une intervention marquée de la BCE sur le marché obligataire secondaire, c'est-à-dire une reprise de ses achats de dette publique. La capacité financière pour l’EFSF et l’ESM de racheter de la dette publique, et de prendre ainsi le relais de la BCE pour tenter de contenir la hausse des taux d'emprunt des pays en difficulté est jugée insuffisante pour décourager la spéculation contre la zone euro. Une troisième injection de fonds comme celle que la BCE a pratiquée pour un total d’environ 1 000 milliards d'euros de prêts aux banques de la zone euro lors de deux opérations à trois ans dites LTRO à des conditions avantageuses en décembre 2011 et en février 2012 était également souhaitée dans les milieux bancaires et continue de l’être.
Lors de sa conférence de presse au siège de la BCE à Francfort, son président, Mario Draghi, n’a rien annoncé de pareil. Il a fait le constat que l’activité de crédit dans la zone euro est faible, avec une croissance de 0.4 % seulement en mai contre 0.8 % en avril, et que cette faiblesse est due en partie à une demande contenue de la part des entreprises et ménages, malgré l’injection de fonds à bon marché. "C'est la demande qui dicte le crédit, et si la demande est faible vous ne pouvez pas vous attendre à une forte hausse du crédit", a-t-il déclaré devant la presse, comme le rapporte l'AFP. Les décisions des entrepreneurs sont "des décisions dictées par l'état de leurs activités", a-t-il ajouté. Pour Mario Draghi, les opérations de LTRO ne se sont attaquées qu'à une des trois causes qui peuvent expliquer la réticence des banques à prêter, à savoir le manque de liquidités. La BCE ne peut rien faire contre les deux autres, l'aversion au risque et la faible capitalisation des établissements de crédit, pense-t-il. Bref, les mesures d’injection de fonds ne produiront des effets que dans plusieurs mois, vu la complexité des marchés.
Mario Draghi a ensuite salué les conclusions du Conseil européen des 28 et 29 juin 2012Conseil européen des 28 et 29 juin 2012 : renforcement de l'UEM, finances publiques en équilibre, réformes structurelles, toutes ces approches pour rendre sa compétitivité à l’UE ont son approbation. La même chose vaut pour l’idée d’une instance de supervision unique, sur la recapitalisation directe des barques à certaines conditions et le recours à l’EFSF ou ESM pour stabiliser les marchés.
Les places financières en Europe se sont montrées déçues par la réunion des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), replongeant presque toutes dans le rouge, tandis que le marché de la dette en Europe renouait avec l'inquiétude. Le marché de la dette, baromètre de la crise dans la zone euro, a vu les taux des emprunts italiens à dix ans repasser au-dessus des 6 %, avant de redescendre légèrement. A Madrid, les taux espagnols de même échéance ont atteint 6,698 %. L'Espagne a payé plus cher jeudi pour emprunter sur cette échéance phare à dix ans. Le Trésor espagnol, qui émettait aussi des obligations à trois et quatre ans, a réussi à lever 3,001 milliards d'euros, le maximum visé, mais il a payé plus cher sur l'échéance à dix ans, la plus surveillée par le marché, devant concéder un taux moyen de 6,430 % contre 6,044 % lors de la dernière émission similaire, le 7 juin. L'euro est de son côté passé à 1,2380 dollar contre 1,2527 à la clôture de la veille.