Le STATEC avait donné le ton en juillet dernier lors de la présentation à la presse d’une note de conjoncture dans laquelle les statisticiens revoyaient à la baisse leurs prévisions pour le Luxembourg. Le Flash de conjoncture publié le 29 août 2012 vient confirmer les inquiétudes exprimées en juillet.
Le lendemain, 30 août 2012, la BCL lui faisait écho en constatant un recul sensible de la confiance des consommateurs en août 2012 : l’indice de confiance des consommateurs atteint son niveau le plus bas depuis janvier 2010. Toutes les composantes de l’indicateur de confiance ont évolué de manière défavorable, précise la BCL qui précise que les anticipations des ménages concernant la situation économique générale au Luxembourg et le chômage se sont nettement dégradées en août, tandis que celles relatives à leur situation financière et à leur capacité d’épargner se sont plus modérément détériorées.
Après une stabilisation au 1er trimestre 2012, le PIB de la zone euro s'est de nouveau contracté au cours du 2e trimestre. Si la zone euro n'est pas stricto sensu en récession technique – il faudrait pour cela deux trimestres consécutifs de recul du PIB – elle est tout de même bien engagée sur cette voie, observe le STATEC qui ajoute que les indicateurs de conjoncture disponibles au début du 3ème trimestre laissent peu d'espoirs d'échapper à une nouvelle baisse du PIB le trimestre prochain.
L'Allemagne, constate le STATEC, continue à surprendre par la vigueur de ses résultats, enregistrant une hausse de 0,3 %, alors que les résultats des enquêtes de conjoncture y ont pris une orientation particulièrement inquiétante au cours des derniers mois. Une correction à la baisse n'est dès lors pas à exclure pour le PIB allemand au prochain trimestre, augurent les statisticiens luxembourgeois. La France a dû se contenter – et ce pour le troisième trimestre consécutif – d'une stagnation, ce qui reste malgré tout largement appréciable comparé aux piètres résultats de la plupart des autres pays de la zone euro, commente le STATEC qui relève que l'Italie et l'Espagne, respectivement troisième et quatrième puissances économiques de la zone euro, poursuivent quant à elles sur la voie de la récession respectivement pour le 4e et le 3e trimestre d'affilée.
La décomposition exacte des composantes du PIB de la zone euro ne sera publiée que début septembre, mais le STATEC augure une contribution négative de la demande intérieure, car plusieurs éléments vont dans ce sens. D'une part, les mesures d'austérité pèsent sur la consommation des ménages, surtout dans les pays du Sud, comme en témoignent les ventes au détail dans la zone euro qui ont reculé de 0,7 % en volume au 2e trimestre (-2 % en Espagne, -1,6 % en Grèce, -1,3 % au Portugal, -1 % en Italie). La France a en outre déjà dévoilé une baisse de 2 % de sa consommation privée au 2e trimestre. D'autre part, le fort repli du moral des entrepreneurs au cours du 2ème trimestre devrait se faire ressentir au niveau des investissements: c'est notamment le cas en Allemagne où la formation brute de capital fixe est, comme au 1er trimestre, annoncée en recul.
Les résultats des enquêtes de conjoncture disponibles pour juillet témoignent dans l'ensemble d'une dégradation ou, au mieux, d'une stagnation à un niveau faible, annonce le STATEC. Si les bourses européennes semblent avoir réagi plutôt favorablement aux annonces du sommet européen du 29 juin qui a, résume le STATEC, marqué "un pas vers une mutualisation des dettes dont les modalités restent à définir", les opinions des consommateurs et chefs d'entreprises ne montrent pas un revirement du même ordre. Les données recueillies pour le moment – sauf remontée exceptionnelle en août et septembre – vont dans le sens d'une nouvelle baisse du PIB au 3e trimestre, ajoutent les statiscticiens.
La plupart des indicateurs avancés de conjoncture pour la zone euro indiquent encore une baisse de l'activité en juillet. Ils s'étaient pour la plupart largement repliés en avril et mai et n'ont pas vraiment redécollé depuis, constate le STATEC qui observe l’émergence de deux phénomènes nouveaux dans les enquêtes des derniers mois. D'une part, l'orientation beaucoup plus pessimiste des entrepreneurs allemands, jusqu'ici encore relativement épargnés par la déprime quasi générale en Europe. D'autre part, l'orientation bien plus négative relevée pour le domaine de l'industrie que pour celui des services. Deux points qui ne sont pas sans rapport, remarquent les statisticiens, l'Allemagne étant fortement axée sur l'industrie (l'Allemagne représente 27 % de la zone euro en termes de PIB et 36 % en termes de valeur ajoutée industrielle en 2011).
La production industrielle a légèrement progressé en mai au Luxembourg, de 1,5 % par rapport à avril, rappelle le STATEC qui explique principalement ce rebond timide par les progressions enregistrées dans les domaines de la fabrication de produits métalliques et de celle de machines et équipement. La tendance générale reste cependant peu dynamique, après la baisse quasi continue observée en 2011, notent les statisticiens.
Les enquêtes d'opinion de juin et juillet 2012 ne permettent pas d'espérer une franche amélioration des résultats de production à court terme – l'indicateur de confiance des industriels ayant, après une remontée en juin, de nouveau reculé en juillet – mais elles indiquent cependant qu'un point bas aurait été dépassé, analyse le STATEC qui ne perd pas toutefois pas de vue que le volume de la production industrielle conserve à l'approche de la mi-2012 un niveau inférieur d'environ 20 % à celui d'avant-crise (2006-2008).
La production dans la construction s'est relevée en mai (+5,2 %, après -5,7 % en avril), mais pas suffisamment pour remettre en cause la tendance baissière engagée depuis 2011, note l'institut luxembourgeois de la statistique. Les opinions des entrepreneurs du secteur, relevées dans le cadre de l'enquête de conjoncture, en forte baisse sur avril et mai, ne laissaient de toute façon pas espérer des résultats de production extraordinaires pour le 2ème trimestre, relève le STATEC. Après avoir stagné en juin, l'indicateur de confiance dans la construction est de nouveau reparti fortement à la baisse en juillet (passant de -12 à -18 points). Hormis le jugement sur l'état du carnet de commandes qui remonte très légèrement, toutes les autres variables de l'enquête sont lourdement affectées, en particulier les perspectives d'évolution de l'emploi ainsi que celles relatives aux prix de vente.
Après les performances très satisfaisantes du 1er trimestre 2012, les OPC luxembourgeois ont marqué le pas d'avril à juin, note le STATEC. Sur l'ensemble du 2e trimestre, l'investissement net en capital (émissions moins rachats) a été de seulement 7 milliards d’euros, contre 36 milliards au trimestre précédent. Les variations de marchés, dans un environnement financier très peu porteur au début du 2e trimestre, n'ont au final pas influencé l'évolution des actifs nets. Les marchés financiers ont pourtant pu profiter d'un climat plus favorable à partir de juin et celui-ci semble perdurer en juillet et août, observent les statisticiens : l'Eurostoxx50, un indice boursier de référence au niveau européen, a ainsi regagné quelque 20 % du début juin jusqu'à la mi-août, ce qui laisse présager de meilleurs résultats pour les OPC au 3e trimestre.
L'amélioration de l'environnement financier transparaît également dans l'indicateur de confiance des services financiers établi par la Commission européenne pour la zone euro, qui est remonté en juillet après quatre mois consécutifs de baisse.
Alors que l'emploi salarié total continue à décélérer sur le milieu de l'année 2012, l'emploi reste toujours dynamique dans le secteur financier luxembourgeois, relève le STATEC. Ainsi, la Banque centrale compte 41 492 employés auprès des établissements de crédit et des professionnels du secteur financier (PSF) en juin 2012, soit 1 120 personnes (ou 2,8 %) de plus qu'il y a un an. Si on tient compte de l'intégration par une banque de la place du personnel qui travaillait précédemment pour l'un de ses sous-traitants, ce dynamisme vient entièrement des PSF (+8 % sur un an sur les deux premiers trimestres), les banques continuant à réduire leur effectif pour le treizième mois consécutif (-0.1 % sur un an au deuxième trimestre, après -0.9 % au premier).
Le ralentissement de l'emploi salarié total (+2,2 % sur un an au 2ème trimestre 2012 d'après les estimations du STATEC, après +2,8 % au premier trimestre) vient quant à lui avant tout de l'industrie et de la construction ainsi que des services reliés à ces deux branches comme par exemple le travail intérimaire ou les transports.
Les prix des matières premières alimentaires sont très nettement orientés à la hausse depuis juillet, constatent les statisticiens. Ce phénomène touche principalement les prix des céréales et semble s'expliquer par la faiblesse des rendements agricoles cette année (sécheresse aux Etats-Unis, en Europe de l'Est...). Les prix de l'énergie tendent également à se renforcer, sous l'effet de la remontée récente des cours du pétrole. Les métaux voient par contre leur prix continuer à diminuer: la faiblesse de l'activité dans la construction – en Europe et aux Etats-Unis depuis déjà plusieurs années, en Chine plus récemment où le secteur subit un net ralentissement – constitue l'une des principales raisons de la demande peu soutenue en métaux.
D’après le STATEC, ces évolutions sont de nature à générer plus d'inflation sur des postes de consommation tels que l'alimentation et les carburants au cours des semaines à venir; les prix des produits industriels devraient par contre rester sages, a fortiori au Luxembourg, où la métallurgie et la fabrication de produits métalliques sont largement représentées.
L'indicateur de volume du commerce mondial calculé par le Centraal Planbureau a fortement progressé au mois de mai (+2,5 % après -0,8 % en avril). Mais le STATEC remarque que ce rebond est principalement à mettre au crédit des pays émergents, asiatiques en particulier. Les volumes échangés dans les pays avancés ont augmenté dans une moindre mesure, mais restent orientés à la baisse pour ce qui concerne la zone euro.
Dans la zone euro, le STATEC relève un écart croissant entre exportations et importations de marchandises. Le fort recul des importations débouche certes sur une amélioration de la balance commerciale, mais il reflète en contrepartie la faiblesse de la consommation privée. Pour les statisticiens, ce phénomène traduit notamment des politiques budgétaires plus restrictives depuis 2010, alors qu'en 2009 les importations résistaient mieux que les exportations sous l'effet des mesures de soutien conjoncturel.