Suite à la publication des résultats des tests de résistance des centrales nucléaires dans l’UE, de plus en plus d’institutions, de partis et d’organisations se mobilisent au Luxembourg en faveur de la fermeture de plusieurs centrales placées autour des frontières du Grand-Duché.
Dans une "lettre ouverte au Gouvernement luxembourgeois" datée du 11 octobre 2012, Marie-Louise Aulner, bourgmestre de la Commune de Frisange, Raymond Weydert, député-maire de la Commune de Niederanven, Alex Bodry, député-maire de la Ville de Dudelange, Claude Meisch, député-maire de la Ville de Differdange et Henri Kox, député-maire de la Ville de Remich, qui s’expriment au nom de "plus de 95 Communes luxembourgeoises contre le nucléaire », demandent que « le Luxembourg défende au niveau européen une position ferme et cohérente" en faveur d’une sortie du nucléaire à moyen terme en Europe et pour "la fermeture instantanée des réacteurs les plus mal en point et une maximisation non pas des profits mais de la sécurité des autres réacteurs".
Les signataires mettent en évidence les nombreuses faiblesses que les tests de résistance ont révélées et le fait que "le parc nucléaire français est particulièrement pointé du doigt". Ils mettent également en question la méthode avec laquelle ces tests ont été menés. "Vous nous voyez donc peu étonnés, mais bel et bien scandalisés du fait qu’aucun réacteur européen ne doive fermer officiellement." Conclusion : "Nous refusons catégoriquement l’appréciation officielle du commissaire européen à l’Energie, M. Oettinger, qui estime que la situation des réacteurs soit 'globalement satisfaisante'".
Mais comme "ce test très lacunaire dresse déjà un bilan catastrophique de la gestion de la sécurité nucléaire en Europe", les maires sont d’avis que "l’Union européenne doit donc veiller à ce que toutes les recommandations faites soient rapidement appliquées et transposées sur le terrain."
Les maires en viennent ensuite à évoquer "le bilan de la centrale de Cattenom et des centrales françaises en général » qui est « particulièrement préoccupant". Ils se réfèrent au rapport de l’expert Dieter Majer, qui avait été mandaté par les gouvernements du Luxembourg, de la Sarre et de la Rhénanie-Palatinat pour suivre le stress-test de Cattenom et rappellent que ce dernier a réitéré son appel à une fermeture immédiate de la Centrale de Cattenom à la télévision allemande après avoir pris connaissance du rapport de la Commission.
Les maires demandent au gouvernement de "continuer à rassembler de l’expertise supplémentaire face à tous les réacteurs qui nous entourent, de faire aussi analyser le rapport final récent de la Commission par l'expert indépendant et d’utiliser ces expertises pour défendre les intérêts du Luxembourg et de nos 510 000 habitants face à la menace quotidienne du nucléaire".
Le Comité d’action national contre le nucléaire, presque toutes les communes du pays et les quelques 23 000 citoyens signataires de la pétition publique contre le nucléaire pressent le gouvernement, continue la lettre, sur plusieurs points :
Ils demandent aussi au gouvernement qu’il effectue, en accord avec une motion parlementaire du 27 mars 2012 votée à l’unanimité à la Chambre des Députés "rapidement une véritable mission diplomatique pour rencontrer le président Hollande et l’Assemblée nationale nouvellement élus et d’y défendre avec détermination les intérêts de notre pays." Les maires attirent l’attention du gouvernement sur le fait que "le débat sur les critères et sur le calendrier des prochaines fermetures de réacteurs pour arriver à la réduction annoncée de la part du nucléaire français a commencé aussi bien en coulisses qu'en public." Ils en concluent que "le Gouvernement ne peut pas se permettre à laisser passer une telle occasion historique pour faire pression - sur place – afin que les réacteurs de Cattenom et de Chooz se retrouvent le plus haut possible sur la liste des prochaines fermetures".
Le parti gouvernemental CSV a de son côté publié le 11 octobre 2012 un communiqué dans lequel son comité directeur exige, suite à son évaluation des résultats des tests de résistance des centrales nucléaires par la Commission européenne, que la centrale de Cattenom soit arrêtée, dans la mesure où ses résultats sont même moins bons que ceux de la centrale de Fessenheim que le gouvernement français veut fermer d’ici 2016.
Le comité directeur exprime également son soutien à ses élus communaux actifs dans le Comité d’action national contre le nucléaire et appelle à participer à la manifestation qui aura le 13 octobre 2012 à Metz sous l’égide du slogan "Cattenom...Non Merci".
Le CSV demande également la fermeture de la centrale belge de Tihange qui "représente également un danger permanent pour notre pays" et appelle le gouvernement à s’engager à Paris et à Bruxelles pour la fermeture de centrales de Cattenom et de Tihange.