Eurostat, l’office statistique de l'Union européenne, a publié le 5 octobre 2012 un document présentant les principaux résultats de l’enquête européenne sur les forces de travail (EFT) 2011. Cette enquête fournit des données sur l'emploi et le chômage, ainsi que sur un large éventail d'autres indicateurs relatifs au marché du travail.
Eurostat relève qu’en 2011, le marché du travail a continué d’être déterminé par la crise économique et financière, même si la tendance négative des années précédentes a cédé le pas.
Le taux d’emploi des personnes en âge de travailler (15-64 ans) a légèrement augmenté pour atteindre 64,3 % en moyenne dans l’UE. Il est resté stable à 70,1 % pour les hommes, et a augmenté pour les femmes pour atteindre 58,5 %.
Dans douze pays, le taux d’emploi dépasse la moyenne européenne, notamment aux Pays-Bas (74,9 %), en Suède (74,1 %), au Danemark (73,1 %), en Allemagne (72,5 %) et en Autriche (72,1 %). Le Luxembourg se situe juste au-dessus de la moyenne européenne, avec un taux d’emploi de 64,6 % (72,1 % chez les hommes et 56,9 % chez les femmes). Mais les auteurs du rapport observent que le taux d’emploi est en dessous de 60 % dans dix pays de l’UE, les taux les plus bas apparaissant en Grèce (55,6 %), en Hongrie (55,8 %), en Italie (56,9 %), à Malte (57,6 %) et en Espagne (57,7 %).
Par rapport à 2010, le taux d’emploi a augmenté dans quatorze Etats membres, les plus fortes hausses ayant été enregistrées en Estonie (+ 4,1 %), en Lituanie (+2,9 %), en Lettonie (+2,5 %), à Malte (+1.5 %), en Suède et en Allemagne (+1,4 %), alors que les plus fortes baisses ont été observées en Grèce (- 4 %), en Slovénie ( - 1,8 %) et à Chypre (-1,6 %).
Pour ce qui est des 20-64 ans, la catégorie d’âge prise en compte dans le cadre de la stratégie Europe 2020, le taux d’emploi est resté stable entre 2010 et 2011, et il est de 68,9 %, ce qui reste loin de l’objectif de 75 %, comme le notent les auteurs de cette publication. Chez les 20-64 ans, le taux d’emploi des hommes était de 75 %, contre 62,3 % pour les femmes.
En 2010, la population active de l’UE comptait 240,2 millions de personnes, ce qui représente une hausse de 0,9 million, soit 0,4 % par rapport à 2010. Le nombre de personnes employées a augmenté de 0,7 millions pour atteindre 217,2 millions de personnes en 2011. Une hausse que les services d’Eurostat expliquent essentiellement en raison de l’augmentation du nombre de femmes employées (+ 0,5 millions de personnes).
Le taux d’emploi des 55-64 ans a atteint 47,4 % en moyenne en 2011, soit une hausse de 1,1 % par rapport à 2010. Le taux d’emploi des femmes de cette catégorie d’âge était de 40,2 % (+1,6 %) et de 55,2 % pour les hommes (+0,6 %). La Suède affiche un taux d’emploi record des 55-64 ans : 72,3 %, a contrario, c’est la Slovénie qui affiche le taux d’emploi le plus bas : 31,2 %. Au Luxembourg le taux d’emploi des 55-64 ans était de 39,3 % en 2011,( 47 % chez les hommes et 31,3 % chez les femmes).
Les statisticiens observent que le travail à temps partiel poursuit sa tendance à la hausse en 2011 pour atteindre en moyenne 18,8 % dans l’UE, soit une hausse de 0,3 % par rapport à 2010. Il est particulièrement répandu aux Pays-Bas (48,5 %), alors que la Bulgarie et la Slovaquie affichent des taux particulièrement bas (respectivement 2,2 et 3,9 %). Le travail à temps partiel concerne essentiellement les femmes dont le taux d’emploi à temps partiel (31,6 %) est quatre fois supérieur à celui des hommes (8,1 %). Au Luxembourg le travail à temps partiel représentait 18 % de l’emploi en moyenne, mais 36 % chez les femmes, contre 4,3 % seulement chez les hommes.
Près de 70 % des personnes ayant un emploi (qui incluent à la fois les salariés et les travailleurs indépendants) dans l'UE travaillaient dans le secteur des services en 2011, contre 62 % en 2000. Les services marchands, tels que le commerce, les transports, les activités financières, etc. regroupaient 39 % des personnes ayant un emploi en 2011, tandis que les services principalement non-marchands, tels que l'administration publique, l'éducation, la santé, etc. en représentaient 30 %. Les secteurs de l'industrie et de la construction comptaient ensemble 25 % des personnes ayant un emploi et l'agriculture 5 %.
Ils subsistent de grandes différences entre les États membres lorsque l'on procède à la comparaison de l'emploi par secteur. Concernant l'agriculture, la part des personnes travaillant dans ce secteur variait de moins de 2 % du nombre total de personnes ayant un emploi à Malte, au Luxembourg, au Royaume-Uni ainsi qu'en Belgique et en Allemagne, à 29 % en Roumanie, 13 % en Pologne et 12 % en Grèce.
En ce qui concerne l'industrie, cette proportion s’échelonnait de 13,4 % au Luxembourg et 17 % aux Pays-Bas, à 38 % en République tchèque et 37 % en Slovaquie.
La proportion des personnes travaillant dans le secteur des services marchands variait de 26 % en Roumanie et 34 % en Pologne à 45 % en Irlande et à Chypre. Elle est de près de 43,7 % au Luxembourg. Quant aux services principalement non-marchands, les pourcentages s'étendaient de 16 % en Roumanie et 22 % en Bulgarie à 41,7 % au Luxembourg et 38 % au Danemark et aux Pays-Bas.
Les travailleurs qualifiés non-manuels représentaient 39,4 % des personnes en emploi dans l’UE, un chiffre qui atteint le taux record de 56,4 % au Luxembourg.
Les travailleurs peu qualifiés non-manuels représentaient 27,1 % (20,6 % au Luxembourg) des travailleurs, et les travailleurs manuels qualifiés 24 % (15,4 % au Luxembourg). La Grèce affichait en 2011 le plus haut taux de travailleurs non manuels peu qualifiés : 32,1 %, tandis que la Roumanie affichait un taux record (49,3 %) de travailleurs manuels qualifiés. Les professions élémentaires occupaient 9,4 % des travailleurs en moyenne de l’UE (7,5 % au Luxembourg), et 17,4 % à Chypre.
Les salariés représentaient 83,3 % des personnes en emploi, un taux dépassant 90 % en Estonie (91,6 %), au Luxembourg (91,4 %) et au Danemark (90,9 %), alors qu’il était en dessous de 70 % en Grèce (63,5 %) et en Roumanie (67,3 %).
La durée hebdomadaire de travail pour les salariés à temps plein variait entre 37,7 heures au Danemark et 42,2 heures au Royaume-Uni. En moyenne dans l'UE, les salariés travaillant à temps plein effectuaient habituellement 40,4 heures par semaine en 2011, avec une moyenne de 39,3 heures pour les femmes et de 41,1 heures pour les hommes.
Les temps de travail hebdomadaires les plus longs pour les salariés travaillant à temps plein étaient observés au Royaume-Uni (42,2 heures), en Autriche (41,8 heures), à Chypre et au Portugal (41,1 heures chacun), et les plus courts au Danemark (37,7 heures), en Irlande (38,4 heures), en Italie (38,8 heures) et aux Pays-Bas (39,0 heures). Dans tous les États membres, les hommes avaient des temps de travail plus longs que les femmes parmi les salariés à temps plein. Au Luxembourg, la durée moyenne d’une semaine de travail est de 39,8 heures, mais de 40,3 heures pour les hommes et 38,8 heures pour les femmes.
La proportion de salariés bénéficiant d’un contrat à durée déterminée dans l'UE a augmenté, passant de 12 % en 2000 à 15 % en 2007, puis a légèrement baissé à 14 % en 2011.
La proportion de contrats à durée déterminée demeurait légèrement plus élevée chez les femmes (15 %) que chez les hommes (14 %) en 2011.
La part des salariés ayant un contrat à durée déterminée différait sensiblement selon les États membres, les parts les plus importantes étant relevées en Pologne (27 % des salariés), en Espagne (25 %) et au Portugal (22 %), et les plus faibles en Roumanie (2 %), en Lituanie (3 %) ainsi qu'en Bulgarie et en Estonie (4 % chacun).
Au Luxembourg, la part des salariés ayant un contrat à durée déterminée était de 7,1 % en 2011, soit 6,3 % pour les hommes et 8,2 % pour les femmes.
Les travailleurs indépendants représentaient 15,1 % des personnes en emploi dans l’UE en 2011, les pays affichant les plus hauts taux étant la Grèce (31 %), l’Itale (23,4 %), le Portugal (20,5 %) et la Roumanie (20 %). C’est au Luxembourg que le taux de travailleurs indépendants est le plus bas (8,1 %), le Grand-Duché étant suivi de près par l’Estonie (8,2 %), le Danemark (8,9 %) et la Lituanie (9,1 %).
28,9 % des travailleurs indépendants employaient du personnel, chiffre qui atteint 46,3 % en Estonie, 45,4 % en Hongrie, 42,9 % en Allemagne, 41,7 % en Autriche et 41,1 % au Danemark. Au Luxembourg, 32,7 % des indépendants employaient du personnel en 2011.
La plupart des indépendants travaillent dans le secteur des services marchands (45,9 %), ce qui est particulièrement vrai en Espagne (28,2 %), en Italie (55,8 %) et à Malte (54,9 %). Au Luxembourg, c’est aussi le cas de la majorité des indépendants (52,5 %). Les travailleurs indépendants travaillant dans le secteur des services non marchands est en moyenne de 16,2 % dans l’UE, mais de 29,1 % au Luxembourg.
Le taux d’indépendants travaillant dans le secteur de l’agriculture, en moyenne de 17,5 %, varie fortement selon les pays. Il est ainsi de 71,3 % en Roumanie, 42,7 % en Pologne, 41,6 % en Lituanie et 38,7 % au Portugal, alors qu’il est en dessous de 5 % en Slovaquie, République tchèque et Royaume-Uni.
C’est chez les 65 ans et plus que l’on trouve la plus grande proportion d’indépendants. Ils représentent en effet 49,9 % des indépendants, contre 4,1 % seulement chez les 15-24 ans, 13,9 % chez les 25-49 ans et 19,2 % chez les 50-64 ans.
Pour ce qui est du chômage, les statisticiens observent que, si le taux de chômage est resté stable à 9,6 % entre 2010 et 2011, le nombre de personnes concernées a lui augmenté de 200 000 personnes pour atteindre 23 millions en 2011. Les taux de chômage allaient de 4,2 % en Autriche, 4,4 % aux Pays-Bas et 4,9 % au Luxembourg à 21,7 % en Espagne, 17,7 % en Grèce et 15,4 % en Lettonie et Lituanie.
42,9 % des personnes sans emploi dans l’UE en 2011 l’étaient depuis 12 mois au plus, un pourcentage qui a augmenté de trois points par rapport à 2010. Un chiffre qui a atteint 67,8 % des chômeurs en Slovaquie, et qui concerne une majorité de chômeurs en Irlande, Estonie, Bulgarie, Lettonie, Lituanie et Italie. Au Luxembourg, le taux de chômeurs longue-durée était de 28,8 %, alors qu’il était en dessous de 25 % en Suède, à Chypre, en Finlande et au Danemark.
En 2011, 9,1 % des 15-24 ans étaient sans emploi, ce qui correspond au ratio de chômage des jeunes, et qui diffère donc du taux de chômage des jeunes qui est calculé par rapport à l’ensemble de la population active. C’est toutefois en Espagne, où le taux de chômage des jeunes est dramatiquement élevé, qu’on a aussi pu observer le plus haut ratio de chômage des jeunes en 2011 (19 %), et en Grèce (13 %). Le Luxembourg (4,2 %) affiche, avec l’Allemagne et l’Autriche, un ratio de chômage des jeunes parmi les plus bas de l’UE.