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Alors que le débat européen sur les OGM est ravivé, Robert Goebbels revient à la charge contre les "croisades" anti-OGM et déclare qu’elles servent avant tout les intérêts de Monsanto
01-10-2012


Alors que, le 30 septembre 2012, Bio-Lëtzebuerg, la Lëtzebuerger Saatbaugenossenschaft (LSG) et les organisations de l’Initiative "Luxembourg sans OGM" organisaient la quatrième édition de "semer l’avenir !" à Toodlermillen dans la commune sans OGM de Goesdorf, l’eurodéputé Robert Goebbels, connu pour sa position tranchée en faveur de l’innovation génétique, revenait à la charge dans une tribune publiée dans le Lëtzebuerger Journal daté du 1er octobre 2012.

"Le Luxembourg ne peut pas ignorer les réalités", argue Robert Goebbels

Le titre donne le ton des arguments du parlementaire socialiste : "Le Luxembourg ne peut pas ignorer les réalités".

Pour Robert Goebbels, le fait que l’on cultive et utilise depuis bien 20 ans des plantes génétiquement améliorées, que près de la moitié de la population vit dans des pays où les OGM sont cultivés, que plus de 13 millions d’agriculteurs obtiennent de meilleures récoltes avec moins de pesticide et d’arrosage, le tout sans qu’il n’y ait eu le moindre problème, devrait suffire. Sans compter que même dans les pays d’Europe qui se déclarent sans OGM, le bétail est bien souvent nourri avec des OGM puisque l’UE n’est pas en mesure de produire assez de soja et de maïs et qu’il faut donc en importer. C’est d’ailleurs le cas au Luxembourg, où, estime Robert Goebbels, au moins 60 % de l’alimentation animale contient des OGM qui sont d’ailleurs moins chers que le soja ou le maïs classiques. D’après lui, rien ne distingue les animaux qui se nourrissent d’OGM de ceux qui ne mangent que du bio : la digestion ne fait pas la différence entre les gènes, les protéines sont utilisés, le reste est éliminé, explique l’eurodéputé.

Robert Goebbels ajoute que le génome n’a cessé d’être modifié par croisements et sélections au fil des siècles. Cela se passait auparavant selon le principe du hasard, résume-t-il, et il ne comprend donc pas que l’on considère comme "l’œuvre du diable" le fait que la biogénétique permette maintenant de faire des sélections et croisement de façon plus ciblée. "Il y a depuis des années des médicaments dont certains ingrédients ont été modifiés génétiquement", ajoute le parlementaire qui pense notamment à nombre de médicaments administrés aux diabétiques. "S’agit-il de les interdire maintenant au Luxembourg ?", demande l’eurodéputé.

L'étude du professeur Séralini : un scientifique "militant" qui mène "une croisade contre les OGM" et "n'a pas peur de faire financer ses recherches par l'industrie du bio", dénonce Robert Goebbels

Robert Goebbels évoque ensuite les remous provoqués par les résultats des recherches du professeur Séralini sur des rats de laboratoire nourris pendant deux ans avec du maïs transgénique. "Je ne suis pas scientifique pour pouvoir réfuter ces travaux", admet Robert Goebbels, ce qui vaut d’ailleurs aussi, précise-t-il, pour les centaines d’essais et d’études selon lesquels les OGM ne présentent pas de danger pour la santé des animaux et des hommes. Mais, dit-il, s’ils représentaient vraiment un danger, nous pourrions le constater dans le monde entier. En revanche, Robert Goebbels met l’accent sur le fait que le professeur Séralini mène une croisade contre les OGM et il considère que "le scientifique militant a de toute évidence tenté de démontrer ce qu’il prône depuis toujours, à savoir que les OGM seraient l’œuvre du diable". Et il signale que d’aucuns rapportent que le professeur qui présente ses pairs comme des vendus a fait orchestrer sa campagne par une entreprise de relations publiques. En bref, "il n’a pas eu honte de prendre de l’argent de l’industrie du bio pour financer ses recherches", relève Robert Goebbels. Il n’a pas non plus échappé à l’eurodéputé socialiste que certains cercles scientifiques remettaient en cause les résultats des recherches menées par le professeur Séralini. "L’Autorité européenne de sécurité des aliments, l’EFSA, saura en juger", conclut Robert Goebbels.

Toute la campagne anti-OGM sert avant tout les intérêts de Monsanto, avance Robert Goebbels

L’eurodéputé, dont les positions sur les OGM détonnent tant au Luxembourg, se défend enfin contre toute accusation de faire du lobbying : "je n’ai ni actions, ni contrat de conseiller, ni contact avec Monsanto and Co", affirme-t-il, racontant que son intérêt pour la biogénétique est né de ses nombreuses visites de laboratoires en tant que président de la commission temporaire sur la génétique humaine créée au Parlement européen au début des années 2000. C’est ainsi qu’il a appris que toute la campagne anti-OGM sert avant tout les intérêts de Monsanto, révèle-t-il. En effet, relate-t-il, "les produits de Monsanto sont autorisés alors que d’autres OGM apparemment bien meilleurs, comme le 'glden rice' ou encore le maïs argentin résistant à la sécheresse sont bloqués à Bruxelles parce que le Conseil des ministres est complètement divisé et que le Luxembourg s’y écrase devant Greenpeace".

La position du gouvernement luxembourgeois est constante alors que les divisions perdurent sur le génie génétique au Conseil

Le gouvernement luxembourgeois affiche sur le dossier une position constante qui ne prévaut pas qu’au Conseil, mais aussi au Luxembourg, comme en témoigne la participation le 30 septembre des ministres Romain Schneider et Marco Schank à l’opération "semer l’avenir" qui était organisée, entre autres par Greenpeace Luxembourg.

Quant au Conseil, il s’est montré une fois de plus divisé il y a quelques jours à peine lorsqu’il lui a fallu voter au sujet de l’autorisation du MIR 162, un maïs transgénique du groupe Syngenta. Résultat, la Commission va devoir décider seule et va sans doute se prononcer en faveur de l’autorisation puisque l’EFSA estime dans son avis que le MIR 162 ne présente aucun risque pour la santé. C’est selon la même procédure qu’avait été autorisée la pomme de terre Amflora.