Lors de son congrès annuel, le 3 octobre 2012, à Budapest, le COPA-COGECA, réunion du Comité des organisations professionnelles agricoles (COPA) et de la Confédération Générale des Coopératives Agricoles de l’Union européenne (COGECA) ont adopté une déclaration appelant les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, la Commission européenne et le Parlement européen à la mise en œuvre d'"une PAC forte, orientée vers le marché et dotée d'un budget approprié". "Cela revêt une importance d'autant plus grande dans un monde toujours plus marqué par les incertitudes, la volatilité du marché et une demande alimentaire croissante", soulignent-ils dans leur communiqué conjoint.
Afin de garantir la sécurité alimentaire et des prix stables à 500 millions de consommateurs, de contribuer à la croissance économique et à l'emploi, de lutter contre le changement climatique et continuer à fournir un large éventail de services ruraux, les agriculteurs auraient besoin de "plus de rentabilité" et d'une "situation économique plus saine".
La stabilité leur permettrait de mener des projets sur le long terme et d' investir. L' accès aux nouvelles techniques et aux nouveaux marchés doit leur permettre de faire face au changement climatique et tirer le meilleur parti de la capacité de production de l'Europe.
Dans leur déclaration, la COPA et la COGECA font part des points essentiels dont la future PAC devrait tenir compte afin d'atteindre ces objectifs :
- "Accroître la transparence, abolir les pratiques commerciales déloyales et favoriser les organisations de producteurs, notamment les coopératives" permettrait d'augmenter la part qui leur revient au sein de la chaîne de valorisation alimentaire,
-Les mesures de verdissement devraient se limiter à celles qui n'ont pas de répercussions négatives sur la capacité ou les coûts de production,
- Mettre l'accent sur la croissance verte "par le biais de solutions bénéfiques tant pour la capacité de production, la productivité et l'efficacité des agriculteurs que pour l'environnement et le changement climatique",
- Développer la recherche et l'innovation,
- Développer les nouvelles opportunités fournies par la bioindustrie et s'attaquer aux dysfonctionnements actuels de la chaîne d'approvisionnement,
- Garantir une politique équilibrée et stable en matière de biocarburants : il s'agit de tenir certes compte des bénéfices quant au changement climatique, mais aussi de ceux mesurés en termes de réduction de la dépendance de l’UE vis-à-vis des importations d’aliments protéiques pour animaux et d’énergie,
- Offrir une meilleure gestion du marché et des risques ainsi que davantage d'informations concernant le marché,
- Encourager de nouvelles initiatives entrepreneuriales dans les zones rurales et veiller à ce que les femmes soient plus associées au développement des entreprises,
- Développer des initiatives entrepreneuriales coopératives pour améliorer les recettes des agriculteurs dans un contexte de concurrence internationale accrue,
- Fournir un cadre politique stable pour que les agriculteurs, "y compris la jeune génération", puissent faire des projets et réaliser des investissements sur le long terme
"Il n'y aura pas de secteur agricole en Europe si nous ne parvenons pas à inciter les futures générations à se tourner vers le métier d'agriculteur. Nous avons avant tout besoin d'une agriculture qui soit rentable et qui offre des perspectives sur le long terme", conclut le Congrès dans sa déclaration.
Le Commissaire Dacian Ciolos s'est exprimé devant le Congrès et s'est montré inquiet de la posture d'Etats membres tels la Grande-Bretagne et l'Allemagne qui, dans le cadre des discussions sur le cadre budgétaire 2014-2020, désirent bien plus une réduction du budget européen et/ou du budget agricole que l'augmentation proposée par la Commission. Le Commissaire a jugé qu'il s'agissait là d'"idées dangereuses", comme on le lit dans l'édito de l’organe de la Centrale paysanne, le Lëtzebuerger Bauer, dans son édition du 12 octobre 2012.
Un éditorial du Lëtzeburger Bauer est de fait une prise de de la Centrale paysanne, elle-même membre de la COGECA. La Centrale y rapporte que d'après les calculs d'experts du budget européen, une réduction de 10 % du projet de budget pour 2014-2020 entraînerait une réduction des paiements directs de 28,3 milliards d'euros et de 9,2 milliards d'euros de moyens pour le développement de l’espace rural.
Elle se félicite par ailleurs que le Congrès ait mis en avant le fait que l'Europe a d'autant plus besoin d'une PAC solide que le secteur agricole et de l'alimentation emploient plus de 40 millions de personnes et que seul 1 % des dépenses publiques de l'UE sont alloués à la PAC.
Elle note avec satisfaction la mise en garde du COPA-COGECA sur les mesures de verdissement ou "greening". Si ces dernières étaient trop nombreuses, "les conséquences seraient la réduction des matières premières pour l'industrie de l'alimentation et moins de fourrage pour l'élevage des animaux, ce qui aurait des suites graves pour les exploitations agricoles qui seraient confrontées à des coûts plus importants et des revenus plus faibles".
L'article explique que sur ces dix dernières années, la chaîne alimentaire s'est allongée car s'y sont insérés de plus en plus d'acteurs qui se partagent la marge de gains. De telle sorte que la part de l'agriculture dans la création de valeur ajoutée a reculé de 7 % (de 31 à 24 %).