Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie
La Banque européenne d’investissement a opté pour une approche anticyclique de la crise européenne et mobilisera jusqu’à 180 milliards d’euros supplémentaires sur trois ans pour investir dans des domaines prioritaires pour l’UE
27-02-2013


Banque européenne d'investissementLe 27 février 2013, le président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Werner Hoyer, a, au cours d’une conférence de presse pour la presse luxembourgeoise, expliqué comme la BEI a "radicalement" changé de cap au cours de l’année 2012, passant d’une stratégie cyclique à une action anticyclique, même si la crise, qui est l’origine de cette réorientation, "n’est pas une cause très plaisante". Mais c’est une façon de réagir de manière exceptionnelle à une situation exceptionnelle.

Le Groupe BEI va donc sensiblement renforcer ses activités de financement pour la période de 2013 à 2015 pour soutenir le retour de la croissance en Europe. La banque de l’UE va prêter 60 milliards d’euros de plus au cours des trois prochaines années et atteindre ainsi un volume annuel de financements compris entre 65 et 70 milliards d’euros. Cette mesure fait suite à la décision des États membres, en 2012, d’augmenter le capital de la Banque de 10 milliards d’euros. Cela signifie une augmentation du volume des prêts de la BEI de 40 % par an entre 2013 et 2015,  et "représente un effort extraordinaire en ces temps exceptionnels pour l’Europe", selon Werner Hoyer.

Ce surcroît de financements de la BEI devrait permettre de donner vie à des projets d’une valeur totale pouvant atteindre par effet de levier jusqu’à 180 milliards d’euros. Ils porteront sur des investissements privés et publics, plus particulièrement dans quatre domaines : l’innovation, l’accès des PME aux financements, l’efficacité des ressources et les infrastructures stratégiques. "Les investissements dans l’innovation et les compétences sont cruciaux pour la productivité européenne et contribueront à assurer, pour l’avenir, la compétitivité et la création d’emplois", a poursuivi Werner Hoyer.

Le président de la BEI, Werner Hoyer, lors de la conférence annuelle sur l'exercice 2012 de la banque, le 27 février 2013 à LuxembourgPour Werner Hoyer, il faut considérer cette approche dans un contexte global, où la BEI est un des acteurs œuvrant à remettre l’Europe sur les rails. Les investissements dans les infrastructures stratégiques, que ce soient les transports, mais aussi le transport des données électroniques (notamment en relation avec l’industrie satellitaire), dont le volume se verra multiplié par 50 d’ici 2020, et des énergies nouvelles, qui nécessitent de nouveaux supports de transport, sont ici un élément-clé pour répondre à de nouveaux besoins vitaux pour l’économie et la compétitivité.  

Werner Hoyer, qui a insisté sur le fait que la BEI est la banque des Etats membres et que ses chefs sont les ministres des Finances des Etats membres, a salué dans ce contexte le soutien qu’il a reçu du gouvernement luxembourgeois, citant nommément Jean-Claude Juncker, Luc Frieden et Jean Asselborn ainsi que leurs efforts pour convaincre les membres du Conseil européen de prendre ce chemin en juin 2012. Il a aussi salué le soutien du Luxembourg au siège de la banque au Kirchberg. 

L’année 2012

Au cours de l’année 2012, la BEI a signé pour 52,2 milliards d’euros de nouveaux prêts dans plus de 60 pays. Sur ce montant, 44,8 milliards sont allés à des projets dans l’Union européenne et 7,4 milliards à des opérations à l’extérieur de l’UE.

En réponse aux graves difficultés économiques auxquelles sont confrontés plusieurs pays de l’Union, la BEI a apporté un soutien ciblé à certains moteurs essentiels de la croissance et de l’emploi et notamment aux petites et moyennes entreprises. La Banque a ainsi consacré 13 milliards d’euros aux PME et plus de 200 000 d’entre elles ont reçu une aide directe ou indirecte grâce à l’activité du Groupe BEI en 2012. Le Fonds européen d’investissement (FEI), la filiale du Groupe BEI spécialisée dans les financements en faveur des PME au moyen de capital-risque, a réalisé un volume record d’engagements de prises de participation, avec 1,4 milliard d’euros, qui ont servi de catalyseur pour collecter plus de 7 milliards d’euros auprès d’autres investisseurs. Il s’agit par cette démarche d’encourager les banques locales à prêter de nouveau aux PME, notamment dans les pays à programmes.

La Banque a aussi apporté un soutien spécifique à des pays et des régions souffrant d’un manque d’accès aux marchés des capitaux en exploitant des sources de fonds existantes telles que les Fonds structurels, tout en développant parallèlement son activité de conseil. "Nos capacités de panachage de ressources et de conseil nous ont permis de continuer à intervenir dans des pays où les autres investisseurs ont déjà quitté le marché ou réduisent considérablement leur activité", a souligné Werner Hoyer.

Les prêts à l’extérieur de l’Union européenne sont le fondement de l’action de la BEI qui, par le biais d’investissements à long terme, appuie les priorités de la politique extérieure de l’UE en étroite coopération avec le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), la Commission et d’autres institutions financières. La Banque concentre son action sur le développement du secteur privé local, les infrastructures socio-économiques et l’atténuation des changements climatiques, et appuie l’investissement étranger direct. "Avec sa vaste clientèle d’entreprises en Europe, la BEI soutient efficacement l’internationalisation de l’économie de l’UE avec pour objectif de favoriser la productivité, la croissance et l’emploi", a expliqué Werner Hoyer. "Grâce à sa grande expertise sectorielle, la BEI apporte un avantage substantiel à la fois au pays partenaire et à l’UE."

La BEI a conservé son excellente cote de crédit tout au long de l’année 2012, grâce, notamment, à une politique de prêt prudente et à une saine gestion des risques. Son actif total à fin 2012 atteignait 508 milliards d’euros, ce qui fait d’elle le plus grand bailleur de fonds multilatéral.

Le ratio d’adéquation des fonds propres de la BEI demeure solide, à 23,1 %. Malgré l’instabilité des marchés, la Banque a mobilisé 71,3 milliards d’euros sur les marchés internationaux des capitaux, dont une partie pour préfinancer son activité de 2013. 57 % de ces fonds ont été mobilisés dans l’UE, mais 34 % en Asie, pour seulement 4 % aux Amériques et 5 % au Moyen-Orient. Les prêts toxiques dans le portefeuille de la BEI ne représentent que 0,3 %. Werner Hoyer a conclu en ces termes : "La Banque continuera d’être très attentive à la solidité de son bilan. La qualité de notre portefeuille de prêts et notre gestion prudente des risques sont vitales pour notre institution et pour nos investisseurs."

L’activité de la BEI au Luxembourg

Entre 2008 et 2012, la BEI a signé des prêts pour 1 milliard d’euros avec le Luxembourg sous la forme de prêts individuels, de prêts pour les PME et de soutien aux fonds d’investissement.

L’activité de prêt de la BEI au Luxembourg s’est adressée à quatre secteurs d’intervention :

1. Le secteur public et le soutien au développement des institutions européennes

Les années de crise ont eu comme conséquence de faire bénéficier ce secteur, comparativement beaucoup moins risqué, de l’effet « flight to quality » de la part des bailleurs de fonds privés, la contribution de la BEI n’étant dès lors pas sollicitée par les opérateurs.

Dans le passé, la BEI a par exemple, financé les projets des Chemins de fer luxembourgeois, notamment le remplacement du matériel roulant et l’accroissement de capacité sur les principales lignes du pays.

En soutien au développement des institutions européennes à Luxembourg, la Banque a contribué au projet de rénovation et d’extension des bâtiments de la Cour de justice européenne et de l’Ecole européenne. Actuellement, elle est engagée dans les projets de rénovation et de construction des bâtiments du Parlement européen pour lesquels elle a signé en 2012 une opération de 237 millions d’euros.

2. Le secteur "corporate"

Eu égard au nombre relativement restreint de grands "corporates" locaux, la BEI n’intervient sur ce segment que de manière ponctuelle. La BEI a prêté 200 millions d’euros en 2009 à SES Astra pour la construction et le lancement de deux satellites destinés à couvrir l’Europe continentale. Elle a aussi soutenu un programme important de R&D de ArcelorMittal pour lequel un prêt de 15 millions a été accordé en 2010 pour le volet d’investissement effectué au Luxembourg.

3. Les PME

La BEI a répondu ces dernières années au besoin d’investissement des PME grand-ducales en allouant à BGL BNP Paribas et ING Bank des lignes de crédit d’un montant de 101 millions d’euros qu’elles utilisent pour les "Prêts pour les PME".

4. La place financière

La BEI contribue aussi à l’essor de la place de Luxembourg, ceci au titre de ses activités de fonds qui sont souvent menées à partir de structures basées au Grand-Duché.

Ainsi, la BEI, en soutien des opérations de capitaux risques, a continué en 2012 à investir dans "Progress Microfinance Fund", un fonds dédié aux micro-entreprises européennes, avec 26,6 millions d’euros ; ce qui monte sa participation à 77,3 millions en trois ans.

Elle a aussi consacré 60 millions d’euros à Aviva Hadrian Infra, un fonds visant à faciliter par du rehaussement de crédit le financement à long terme d’infrastructures en Europe. ‘Aviva Investors Hadrian Capital Fund 1’ (AIHCF1), en fournissant des dettes subordonnées, permet d’améliorer la qualité de crédit des obligations de premier rang pour des projets d’infrastructures dans les domaines de l’éducation, de la santé, des réseaux énergétiques et de la gestion des eaux.

En 2011, ce sont 75 millions d’euros qui avaient été engagés dans un fonds dédié aux projets d’énergies durables des collectivités publiques dans le secteur de l’énergie, des transports, des infrastructures et des services (European Energy Efficiency Fund)