Le 16 février 2012, Werner Hoyer, tout nouveau président de la BEI, a dressé un bilan des activités de la Banque européenne d’investissement en 2011. L’occasion aussi d’annoncer que, pour 2012, l’enveloppe de prêts va être réduite, dans un souci de "préserver la solidité financière de la BEI".

En 2011, la BEI a signé des nouveaux prêts dans près de 70 pays pour un montant de 61 milliards d’euros, dont 54 milliards d’euros à l’appui de projets situés dans l’UE et 7 milliards d’euros pour des projets dans le reste du monde. Elle a été en mesure de décaisser 60 milliards d’euros pour apporter un soutien financier sans précédent à l’économie réelle.

En 2011, les financements de la Banque européenne d’investissement en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) ont atteint un niveau record, le Groupe BEI étant resté, conformément à son mandat, résolument axé sur le soutien de l’économie réelle.

En 2011, le Groupe BEI a ainsi accordé 13 milliards d’euros de financements aux PME. Ce sont au total plus de 120 000 PME européennes qui ont bénéficié du concours du Groupe BEI l’année dernière. Les PME représentent plus des deux tiers des emplois du secteur privé en Europe et enregistrent une croissance plus rapide que les grandes entreprises, ce qui fait d’elles une importante source d’emplois. Toutefois, elles sont aussi, de par leur taille, plus vulnérables en temps de crise économique car il leur est alors plus difficile d’accéder aux financements.

Les concours que la BEI a accordés en 2011 reflètent le niveau exceptionnel des signatures de contrats de financement avec des banques partenaires en 2009 et 2010 et les efforts consentis par la BEI et le Fonds européen d’investissement pour appuyer les micro-entreprises, qui constituent un autre dispositif important de réinsertion des chômeurs.

18 milliards d’euros ont été alloués à l’action en faveur du climat

La proportion des financements à l’appui de projets de réduction des émissions de carbone a été portée à 30 % du volume total de prêt, 18 milliards d’euros ayant été alloués à l’action en faveur du climat. Les investissements relevant de cet objectif ont concerné en particulier les énergies renouvelables (5,5 milliards d’euros), l’efficacité énergétique (1,3 milliard d’euros) et les transports durables (8 milliards d’euros).

Les prêts à l’extérieur de l’UE, d’un montant supérieur à 7 milliards d’euros, ont été consacrés pour moitié aux pays préadhésion. La BEI joue un rôle important dans le partenariat de Deauville créé en mai par le G8 pour accompagner la transition démocratique et économique des pays méditerranéens dans le sillage du printemps arabe. En 2011, près de 1 milliard d’euros de prêts ont été signés à l’appui du développement du secteur privé et de l’accélération des projets d’infrastructures dans la région. Les signatures dans les pays voisins orientaux de l’UE ont atteint le niveau record de 800 millions d’euros.

Et au Luxembourg ?

Au Luxembourg, ce sont près de 6,25 millions d’euros qui ont été apportés au PME en 2011 par l’intermédiaire de la banque ING. Un chiffre qui, en 2009, avait atteint 50 millions d’euros.

26,27 millions d’euros ont par ailleurs été investis en 2011 dans un fonds d’investissement luxembourgeois pour les très petites entreprises et les indépendants, tandis que 75 millions d’euros sont allés abonder un fonds d’investissement, lui aussi basé au Luxembourg, qui est spécialisé dans les énergies renouvelables et les projets d’efficacité énergétique.

Comme le souligne la journaliste Sanja Simic, dans l’édition du Luxemburger Wort datée du 17 février 2012, les grandes entreprises luxembourgeoises n’ont pas bénéficié d’investissements de la BEI en 2011. En 2009, SES Astra s’était vu octroyer un prêt de 200 millions d’euros pour la construction de deux satellites et, en 2010, ArcelorMittal avait bénéficié de 15 millions d’euros pour des projets de recherche à Esch/Alzette, en Belgique, en Espagne et en France.

En tout, ce sont près de 108 millions d’euros qui auront été investis au Luxembourg en 2011.

En 2012, la BEI va investir 237 millions d’euros dans les travaux de rénovation du KAD 1 et d’extension du KAD 2, les bâtiments du Parlement européen situés sur le plateau du Kirchberg.

"Nous devons réduire notre volume de prêts pour protéger la solidité financière de la banque", a annoncé Werner Hoyer

Conformément à sa stratégie axée sur la préservation de sa solidité financière grâce à un retour progressif aux niveaux d’activité d'avant 2008, la Banque prévoit, pour 2012, de ramener à 50 milliards d’euros l’enveloppe de prêt pour les nouvelles opérations. "Nous devons réduire notre volume de prêts pour protéger la solidité financière de la banque", a expliqué Werner Hoyer. La BEI entend conserver sa note "triple A" accordée par l'ensemble des agences de notation "en s'en tenant à des pratiques prudentes", a-t-il encore indiqué.

Dans le droit fil des conclusions du Conseil européen informel qui s’est tenu le 30 janvier dernier, l’action du Groupe BEI en 2012 demeurera prioritairement axée sur le soutien à la croissance durable et à l’emploi dans l’UE. À l’extérieur de l’UE, les principaux destinataires des financements de la BEI seront les pays préadhésion et les pays voisins de l’Est et du Sud.

En réponse à la demande des dirigeants de l’UE, le Groupe BEI examinera, de concert avec la Commission européenne, les possibilités de conférer un effet de levier aux ressources budgétaires de l’UE.  Il se tient prêt, en cas d’apport de ressources budgétaires supplémentaires par l’UE, à réviser ses objectifs de prêt.

Interrogé sur la possibilité pour la BEI de participer à la recapitalisation des banques pour les aider à surmonter la crise de la dette, Werner Hoyer a répondu que "l'idée a été soulevée" mais qu'elle avait été "clairement rejetée" par ses actionnaires, les 27 Etats de l'UE, car ce n'est "pas le rôle de la banque" européenne d'investissement, pas plus que de participer aux plans de sauvetage des Etats. Malgré la difficulté de la situation grecque, la BEI a accordé pour 2 milliards d'euros de financements à des projets en Grèce l'an dernier, "un  volume sensationnel", a-t-il souligné, disant espérer parvenir à "quelque chose du même ordre cette année".