Trois commissaires européens - le Finlandais Olli Rehn en charge des affaires économiques et monétaires, le Belge Karel De Gucht en charge du commerce et la Néerlandaise Neelie Kroes en charge de l’agenda numérique - ont signé le 25 février 2013 un manifeste des Libéraux européens demandant aux dirigeants européens d'"étudier les options" pour transférer à Bruxelles le siège unique du Parlement européen. Europaforum.lu n'a pas encore pu obtenir un texte de cette pétition, mais constate que des membres de l'ALDE n'en sont pas à leur premier essai.
Ce manifeste pour demander le transfert du siège du Parlement européen à Bruxelles et signé par trois commissaires européens a d’ores et déjà provoqué des réactions à Paris, puisque Strasbourg comme siège est visé, tout comme Luxembourg d’ailleurs qui abrite le siège du secrétariat général.
"Il est surprenant que des commissaires européens en exercice aient apporté leur soutien à une initiative mettant en cause une disposition inscrite dans les Traités dont la Commission elle-même est garante", a ainsi estimé le ministre français des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve. "La position des autorités françaises sur le siège du Parlement européen est claire : la France est très attachée au respect des traités, qui ont fixé le siège du Parlement européen à Strasbourg. Cette décision est intangible et non négociable", a-t-il rappelé.
Au Luxembourg, qui est solidaire dans cette affaire avec la France, comme l’a encore montré dernièrement,.l’issue d’une procédure commune devant la CJUE pour empêcher le déplacement de séances plénières vers Bruxelles, c’est Charles Goerens, lui-même député européen membre du groupe des libéraux européens, qui a été le premier à réagir ce 28 février. Il "désapprouve totalement" la démarche des trois commissaires. "Ces derniers sont censés être des gardiens des traités", pointe-t-il. Il est d’avis que des mandataires ne devraient par principe pas signer des pétitions. Et, ajoute-t-il, non sans ironie, "les citoyens sont intéressés à des débats publics. Or comment les tenir dans une salle de plénière à Bruxelles où des piliers sont fissurés ?"
Le porte-parole de la Commission, Olivier Bailly a par contre estimé que "les commissaires ont tout à fait le droit de s'exprimer. Le fait que la Commission européenne soit la gardienne des Traités ne prive pas les commissaires de leur liberté de parole et de leur liberté de pensée." Et il a ajouté : "Le débat sur les Traités n'est pas fermé." Cela laisse penser que la question du siège du Parlement européen pourrait être de nouveau discutée.