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Entreprises et industrie - Compétitivité - Economie, finances et monnaie
Le nouveau directeur général de BusinessEurope, Markus Beyrer exprime dans un entretien à la FEDIL les désarrois que la politique de l’UE inspire aux industriels européens
18-03-2013


fedilLes Echos des entreprises, publication de la FEDIL, présente dans son édition du 18 mars 2013 une interview de Markus Beyrer, le nouveau directeur général de la fédération patronale européenne, BusinessEurope, qui a succédé le 1er janvier 2013 à Philippe De Buck, et qui est présenté comme "le nouveau visage du monde industriel européen à Bruxelles". 

Markus Beyrer a abordé sa nouvelle tâche en partant de plusieurs constats. Les défis n’ont pas changé en quatre ans dans une Europe qui ne retrouve pas le chemin de la croissance. Les Etats membres ont tardé à prendre des mesures qui auraient permis de rétablir la confiance des marchés, d’améliorer la compétitivité et de relancer la croissance. La zone euro devrait aller vers une intégration économique et politique plus forte, et d’un même pas qui évite "les messages divergents au niveau national et européen". Son objectif à Bruxelles : que les intérêts des entreprises européennes soient placés tout en haut de l’agenda de l’UE.

Et de rappeler ce que l’industrie signifie dans l’UE : 16 % du PIB, 80 % des exportations de l’UE, sans compter les services qu’elle implique, 35 % de l’emploi, dans la mesure où un emploi dans l’industrie génère jusqu’à deux emplois hautement qualifiés dans les services, 80 % de l’investissement privé dans la R&D. Il salue l’objectif de la Commission européenne d’augmenter la part de l’industrie dans le PIB européen de 16 à 20 % d’ici 2020 et de lui rendre la  place centrale qu’elle tenait dans l’économie européenne.

Mais, selon Markus Beyrer, cette politique de ré-industrialisation doit aller de pair avec une amélioration de la compétitivité industrielle qui doit être mise en œuvre au niveau national. Les législations de l’UE et de ses Etats membres doivent être "favorables aux affaires, mieux protéger les droits de la propriété intellectuelle et permettre un large accès aux capitaux et investissements". Les politiques industrielles, mais aussi les politiques sociales, doivent être ciblées pour que la compétitivité des forces de travail soit améliorée. Et finalement, il faudrait créer "un cadre européen approprié au sein du marché unique qui règle les aides d’Etat et des règles de marchés publics intelligentes pour relancer la croissance et emploi le plus vite possible".             

Markus Beyrer pense néanmoins que "les firmes européennes souffrent inévitablement des effets négatifs d’une approche verte des choses". Il reproche à la Commission européenne de "développer sans qu’il y en ait le besoin des instruments législatifs très lourds dans les domaines des politiques du climat, de l’énergie et de l’environnement". BusinessEurope lui demande de concevoir pour atteindre le même objectif des politiques qui misent sur les nouvelles technologies qui consomment moins d’énergie et une compétitivité ainsi renforcée. L’industrie européenne est selon lui responsable de 10 à 11 % des émissions de CO2, mais doit porter une charge globale bien plus élevée à cause de l’approche unilatérale de la Commission qui pense que l’UE pourrait conquérir le leadership de la lutte contre les émissions à gaz de serre en donnant le bon exemple. Or, cette approche est selon Markus Beyrer un échec. L’UE devrait changer de politique et briguer un accord entre toutes les grandes économies du globe qui crée une base concurrentielle identique pour tous.

Un autre grand problème européen est le manque de main d’œuvre qualifiée et en parallèle, le chômage des jeunes dans l’UE, qui est de 22,8 %. Ainsi, rien que les entreprises actives dans le secteur des TIC ont besoin de 700 000 personnes qualifiées. L’industrie a besoin de scientifiques, de spécialistes dans certaines technologies, d’ingénieurs et de mathématiciens qu’elle ne trouve pas, qu’il faut former, et ici, elle envisage aussi de recourir au système duel s’il s’agit de former des jeunes.

Finalement, Markus Beyrer a du mal à comprendre pourquoi, après l'issue de l'affaire ACTA, l’UE n’a pas de politique et de stratégie cohérente à l’égard de la question de la propriété intellectuelle. Pour lui, la Commission aurait, dans sa dernière communication sur la politique industrielle "presque présenté la propriété intellectuelle plus comme un obstacle que comme un moteur de l’innovation". Et il ajoute : "Cela doit changer", demandant qu’un lien clair soit établi entre propriété intellectuelle et innovation, avec ce que cela implique de positif pour la croissance et l’emploi.