Le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a participé le 11 mars 2013 à Bruxelles au Conseil "Affaires étrangères" (CAE) et au Conseil "Affaires générales" de l’Union européenne.
Les 27 ministres des Affaires étrangères de l’UE ont eu un débat approfondi sur le partenariat stratégique entre l'UE et la Russie. Ce partenariat est à l’ordre du jour du Conseil européen des 14 et 15 mars prochains. Dans ce contexte les ministres ont abordé les développements actuels en Russie en matière de droits de l’homme, mais également d’autres sujets d’intérêt comme le commerce, la mobilité et les visas.
Le Conseil a aussi procédé à un échange de vues sur la situation en Iraq, y compris la situation politique et les retombées du conflit en Syrie. Les ministres de l’UE ont rappelé que l'accord de partenariat et de coopération UE-Iraq, signé le 11 mai 2012, offrait une large assise pour le renforcement de la coopération dans un large éventail de domaines allant des questions politiques, comme la lutte contre le terrorisme et la promotion des droits de l'homme, au commerce et aux investissements dans des secteurs fondamentaux tels que l'énergie et les services.
Le Conseil a ensuite mené des discussions sur le voisinage sud de l’Union européenne, et plus particulièrement sur la Libye, la Tunisie ainsi que l’Egypte. Les ministres se sont penchés sur la situation en Libye, ainsi que sur l'état d'avancement des préparatifs en vue d'une éventuelle mission civile de soutien à la gestion des frontières dans ce pays dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune de l’UE. Les ministres ont aussi fait le point sur la formation d’un nouveau gouvernement en Tunisie et sur l’appui que l’UE pourrait fournir pour soutenir la transition démocratique. Les derniers développements en Egypte ont aussi été l’objet d’un échange de vues.
Le Conseil a prolongé ses sanctions contre l’Iran pour violations des droits de l’homme. Neuf personnes estimées responsables de graves violations des droits de l’homme ont été ajoutées à la liste de ceux qui sont sujets à des interdictions de voyager et de gel de leurs avoirs. Quatre-vingt-sept personnes sont désormais touchées par ces sanctions.
La situation en Syrie a été évoquée en présence de l’envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. La réunion, qui n’a débouché sur aucune décision, a permis une discussion approfondie sur les derniers développements en Syrie, ainsi que dans les régions avoisinantes, et une mise au point sur les efforts de médiation entrepris par l’envoyé spécial pour la Syrie.
Jean Asselborn a commenté le dossier syrien et ses propos ont été recueillis par Marisandra Ozolins du Tageblatt. Pour le ministre, la situation en Syrie est "à désespérer". Pour lui, le Conseil de sécurité et la politique européenne ont "échoué" à apporter une solution à la guerre civile qui y sévit. Il a rappelé que le conflit a déjà fait plus de 70 000 morts, qu’un million de Syriens se sont réfugiés dans les pays voisins, que tous les jours, 7 000 personnes viennent s’y ajouter, et qu’entretemps, 20 % des personnes qui vivent en Jordanie sont des réfugiés en provenance de Syrie, ce qui est "catastrophique".
Selon Jean Asselborn, Lakhdar Brahimi n’est pas convaincu que le régime soit prêt à "jeter l’éponge", même si à Moscou il a été indiqué que le ministre syrien des Affaires étrangères serait prêt à entamer des pré-négociations avec l’opposition. Ce qui importe le plus pour Jean Asselborn, c’est "d’avoir la Russie à bord". Lakhdar Brahimi a selon lui expliqué aux ministres de l’UE qu’il fera tout pour convaincre la Russie d’entamer à ce sujet un dialogue constructif avec les Etats-Unis, afin qu’une nouvelle résolution puisse être soumise au Conseil de sécurité. Un revirement de la Russie devrait ensuite pouvoir entraîner un revirement de la Chine, pense le ministre luxembourgeois.
Selon Jean Asselborn, l’embargo sur les armes à l’égard de l’opposition syrienne n’a pas été un sujet abordé avec Lakhdar Brahimi, même si le chef de la diplomatie britannique, William Hague, est revenu à la charge sur le sujet comme lors du CAE de février 2013 et qu’il peut s’imaginer, faute d’accord sur une levée de cette embargo, au sein du Conseil, de passer à des "mouvements bilatéraux".
Le Conseil "Affaires générales" (CAG), a été présidé par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et du Commerce de l’Irlande, Eamon Gilmore.
Les ministres ont discuté du projet de conclusions du Conseil européen des 14 et 15 mars 2013, qui sera selon Jean Asselborn "un sommet routinier" qui ne prendra pas de décisions, mais réfléchira sur les réformes nationales nécessaires dans le cadre du semestre européen et de la stratégie Europe 2020.
Les ministres ont été rejoints par le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, pour leur traditionnelle rencontre avec ce dernier en amont d’un Conseil européen. L’échange de vues avec le président a permis de traiter les questions politiques qui seront soulevées lors du Conseil européen de cette semaine.
Jean Asselborn a abordé la question de la création d’un Eurogroupe social proposée par les ministres luxembourgeois du Travail et de l’Emploi Nicolas Schmit, et de la Sécurité sociale, Mars Di Bartolomeo, lors du Conseil EPSCO du 28 février 2013. Il s’agit de donner la possibilité au Conseil EPSCO d’analyser en amont du Conseil ECOFIN l’impact des décisions économiques et financières prévues sur les valeurs sociales communes. Cette proposition n’est "pas encore capable de consensus", avait déclaré Mars Di Bartolomeo, mais elle aurait le soutien de tous les ministres socio-démocrates, selon les confidences faites par Nicolas Schmit. Pour Jean Asselborn, un tel Eurogroupe bis devrait donner aux ministres de l’Emploi et des Affaires sociales la possibilité d’avoir une influence sur les débats au Conseil européen et devrait trouver son chemin dans les conclusions du sommet. Pour le ministre, le sommet des 14 et 15 mars 2013 ne devrait en toute logique pas parler seulement de consolidation budgétaire, mais aussi de croissance et surtout aborder la question de l’emploi des jeunes, dont la "garantie jeunesse".