Le Lëtzeburger Bauer publie dans son édition du 21 juin 2013 un commentaire qui exprime, après l'accord au Conseil du 14 juin 2013, les positions de la Centrale paysanne sur les implications des négociations sur un accord de libre-échange entre l’UE et les USA pour le secteur agricole européen et luxembourgeois.
Le moins que l’on puisse dire est que le Lëtzeburger Bauer ne partage pas l’enthousiasme de la Commission européenne qui a mis en avant les 120 milliards d’euros d’activité économique supplémentaire, les 400 000 emplois créés et les 545 euros que cela rapporterait de plus aux ménages de l’UE. Elle souligne que d’autres chiffres montrent qu’à long terme, le PIB des Etats-Unis augmenterait de 13,4 points supplémentaires, et celui de l’UE de 5 %. Les petits pays exportateurs comme les pays baltes et les Etats membres du Sud-Est de l’Europe profiteraient nettement plus de l’accord, mais les grands perdants seraient le Canda et le Mexique et les pays en voie de développement.
Mais les points de litige potentiels qui intéressent le plus la Centrale paysanne sont les questions liées aux OGM et aux produits issus d’animaux traités aux hormones. L’article explique ainsi que les exigences européennes en matière vétérinaire et phytosanitaire sont considérées comme des obstacles au libre-échange. La politique prudente de l’UE face aux produits issus de manipulations génétiques, les procédures d’autorisation particulièrement longues, les exigences en matière de traçabilité et certaines normes pour la protection des consommateurs sont considérés aux Etats-Unis comme inapplicables dans le cadre des échanges économiques. Une exigence états-unienne serait l’ouverture pour les viandes traitées aux hormones et la volaille traitée au chlore.
Pour la Centrale paysanne, "une double prudence s’impose donc". Elle soutient le Parlement européen qui, dans sa position, exige que la législation européenne en vigueur sur la sécurité alimentaire, les OGM, les clones et la traçabilité ne soit pas touchée par l’accord. Ce ne serait ni dans l’intérêt des consommateurs, ni dans celui de l’agriculture européenne que les normes de qualité en vigueur, pour la Centrale paysanne les normes les plus strictes au monde et en plus acceptées par les agriculteurs, soient remises en question. La déclaration du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui a dit que le secteur agricole ne constituerait plus un problème aussi important que dans le passé dans les négociations avec les Etats-Unis, inquiète la Centrale paysanne, car, pour elle, les différences entre l’UE et les USA en termes de normes environnementales, de sécurité alimentaire, de protection des animaux et dans le domaine social demeurent "énormes". Sur ces questions, l’UE ne devrait pas céder, malgré les perspectives offertes par un tel accord, que la Centrale paysanne considère elle aussi comme positives sur le plan commercial.