Le 29 mai 2013, la Commission européenne présentait ses recommandations adressées aux 27 pays de l’UE dans le cadre du semestre européen. C’est Viviane Reding qui est venue présenter au Luxembourg celles concernant le Grand-Duché.
Après une première série de réactions à vif, et alors que la Chambre des députés se prépare à tenir un débat sur le sujet au cours de la séance plénière de la semaine du 11 juin 2013, le ministre des Finances, Luc Frieden, est venu présenter le 4 juin 2013 aux députés de la commission des Finances les conclusions que le gouvernement entend tirer de ces recommandations.
Ainsi, suite à la recommandation faite par la Commission en ce sens, il est d’ores et déjà prévu que le gouvernement proposera la mise en place d’une instance de contrôle des règles budgétaires. La Chambre devrait sous peu être saisie d’un projet de loi, a annoncé le ministre. Le site de la radio RTL Lëtzebuerg rapporte qu’il n’est pas question pour le moment d’introduire un péage autoroutier, ainsi que le suggèrent les services de la Commission dans leur papier.
A la sortie de la réunion, les députés étaient attendus par la presse.
RTL.lu rapporte ainsi les propos du président de la commission des Finances, Michel Wolter (CSV), qui juge les recommandations plutôt générales et superficielles. "On nous dit, de façon générale, de revoir à nouveau le système de pension, on nous dit pour la quatrième fois, de façon générale, de réorganiser l’indexation des salaires, on nous dit de façon générale qu’il faudrait faire des efforts en matière de chômage des jeunes et de maintien dans l’emploi des travailleurs d’un certain âge", retient Michel Wolter des recommandations. A ses yeux, les spécificités du pays ne sont pas assez prises en compte dans ce débat, et il est difficile de ce fait de pouvoir avoir une discussion précise. "Toute une série d’efforts ont déjà été faits dans ces différents domaines", relève le député qui regrette que les moyens mis en œuvre devraient être mieux évalués pour qu’une discussion concrète soit possible. C’est ce qui manque selon lui dans les recommandations de la Commission.
Pour le chef de file du CSV à la Chambre, Gilles Roth, les recommandations de la Commission n’ont rien de nouveau, et le gouvernement a en partie déjà réagi aux éléments pointés, ainsi que le rapporte Dani Schumacher dans le Luxemburger Wort daté du 5 juin 2013. Il pense notamment aux recommandations en matière de pensions, de finances publiques ou d’indexation des salaires, sujets déjà pointés du doigt par la Commission et le Conseil et prises à cœur par le gouvernement qui y a déjà réagi.
Ainsi, en matière de finances publiques, l’objectif du gouvernement est d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2017, et le député souligne dans ce contexte qu’il faut équilibrer autant que possible la charge fiscale des ménages et des entreprises. Pour ce qui est des pensions, le chef de fraction du CSV à la Chambre voit la réforme déjà engagée de façon plus nuancée que la Commission : la réforme va dans la bonne direction dans la mesure où elle porte sur différents leviers. Gilles Roth est toutefois conscient qu’il va falloir donner un tour de vis de plus si le Luxembourg veut garantir l’équité entre générations à long terme. Et de son point de vue, le plus tôt on réagit, plus douce sera la correction. "Il ne faut pas élever l’âge de départ à la retraite, mais il faut veiller à ce que les salariés puissent rester plus longtemps à leur poste", estime le député. En ce qui concerne le mécanisme d’indexation des salaires, Gilles Roth défend un instrument typiquement luxembourgeois de maintien du pouvoir d’achat. Et il souligne que le gouvernement a déjà agi en le limitant à une seule tranche par an jusqu’en 2014. Le député souligne aussi que le gouvernement n’est pas resté inactif dans la lutte contre le chômage des jeunes. En revanche, en matière de politique climatique, Gilles Roth souligne que l’Etat enregistre chaque année des recettes de l’ordre de 1,3 milliard d’euros provenant du tourisme à la pompe, une manne qu’il serait difficile de remplacer selon lui. Il met donc en garde contre toute décision intempestive en la matière.
Le député Fernand Etgen (DP), qui s’exprimait au micro de RTL, a pour sa part insisté sur la nécessité de se pencher sur les dépenses en matière de finances publiques. Citant l’exemple de la Ville de Luxembourg, le député libéral estime en effet qu’il est possible de faire beaucoup d’économies dès lors qu’on en a la volonté, l’idée étant de se laisser guider par le principe de faire une meilleure politique avec moins d’argent.
Pour le chef de file des socialistes à la Chambre, Lucien Lux, le gouvernement a déjà proposé toute une série de réponses concrètes aux recommandations de la Commission. C’est notamment le cas en matière de politique budgétaire, estime le député LSAP, qui a évoqué les grands efforts faits dans le budget 2013 afin de parvenir à un équilibre budgétaire relativement rapidement. De même, il considère que la réforme du système de pensions adoptée va dans la bonne direction, l’objectif étant d’assurer un équilibre à moyen et long termes. Sur l’indexation des salaires, un compromis a pu être trouvé en 2010, rappelle Lucien Lux. Quant au chômage des jeunes, le gouvernement comme la Chambre ont apporté des réponses, estime le député. En clair, pour le député, "si Viviane Reding a pu penser qu’il serait temps que le Luxembourg se réveille, il est nécessaire de faire savoir à la commissaire que le Luxembourg n’a pas du tout dormi ces dernières années".