La députée Viviane Loschetter (Déi Gréng) a déclenché une polémique impliquant le ministre du travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, en publiant le 10 juin 2013 un communiqué dans lequel elle accuse le ministre de pratiquer "le dumping social avec les fonds destinés à la garantie pour la jeunesse".
Selon la députée, les jeunes demandeurs d’emploi luxembourgeois devront déchanter en ce qui concerne les espoirs qu’ils ont pu placer dans la garantie jeunes. Elle reproche au ministre Schmit de ne pas investir les fonds destinés à la garantie jeunes dans "de nouvelles mesures de formation qui font sens", mais dans "des contrats de travail basés sur le dumping social", type contrat d’initiation à l’emploi (CIE) ou contrat d’appui-emploi (CAE) "qui existent depuis des années et dont nous savons qu’ils n’améliorent pas les chances d’obtenir un contrat de travail". Et d’exprimer son premier "soupçon", que "des fonds de l’UE sont ici abusivement utilisés pour tout simplement boucher des trous dans le budget".
Les Verts, lit-on aussi dans le communiqué, ont du mal à croire qu’il y ait "mobilisation générale" des ministères contre le chômage des jeunes. Pour Viviane Loschetter, "un concept qui ne fonctionne pas depuis des années nous est tout simplement présenté avec de gros moyens de relations publiques comme une innovation fondamentale". Son parti revendique depuis des années des formations et un suivi personnalisé, mais précise-t-elle, "pour tous les jeunes demandeurs d’emploi", et pas pour une centaine d’entre eux, "passés au crible". Au lieu de cela, le gouvernement verse selon elle des millions d’euros aux employeurs pour les CAE et les CEI.
Parlant d’une centaine de jeunes, la députée faisait apparemment allusion à deux projets-pilotes impliquant de jeunes chômeurs éloignés du marché du travail. Le premier, selon une réponse que le ministre Schmit avait déjà donnée à une question parlementaire de Viviane Loschetter, a été réalisé durant l’année 2012, et a concerné 51 jeunes qui ont reçu une formation avant d’être orientés "vers les voies les plus appropriées" - retour à l'école, formation complémentaire avant un apprentissage ou vers un emploi. Le deuxième projet, lancé en janvier 2013, a principalement visé le retour à l'école de 56 jeunes.
Le sang du ministre Nicolas Schmit n’a fait qu’un tour. Au micro de RTL, il a déclaré que Viviane Loschetter ne savait apparemment pas de quoi elle parlait lorsqu’elle a utilisé le terme de "dumping social". Il a précisé que seul le projet Colabor était cofinancé avec des fonds de l’UE dans le cadre d’un projet qui vise des jeunes chômeurs particulièrement vulnérables, auxquels une formation de maraîchers est offerte. Il a aussi rappelé que le CAE et le CIE ont été réformés en février 2013 – après le vote d’un projet de loi à cette fin par la Chambre des députés - et que la formation y joue entretemps un rôle plus important, ce qui augmente les chances des jeunes concernés pour obtenir un emploi. Et de reprocher à la députée de passer cela sous silence.
A noter que Nicolas Schmit veut introduire la Garantie pour la jeunesse au Luxembourg, "avant le mois de juin 2014 au plus tard", comme il l’avait expliqué dans la même réponse à Viviane Loschetter en février 2013. Elle reposera sur trois piliers : un service emploi des jeunes de l'ADEM "renforcé et capable de répondre aux besoins spécifiques de certains jeunes", pour lequel, "dans les prochains mois", les effectifs du service seront doublés ; une collaboration étroite avec le service de l'Orientation professionnelle de l'ADEM, l'Action locale jeunes et le Service national de la jeunesse, lesquels ont déjà développé leurs propres approches à l'égard des jeunes éloignés du marché du travail ; une sensibilisation envers les employeurs disposés à embaucher des jeunes, "y compris dans le cadre des différentes mesures d'emploi". Au Luxembourg, il s’agira de proposer à un jeune chômeur de moins de 30 ans, dans les trois mois suivant son inscription au chômage, des mesures de soutien et de formation.
A noter aussi que si au début, le financement européen devait s’adresser d’abord aux régions dites NUTS 2, selon la classification utilisée pour l'application des fonds structurels, et qui présentent un taux de chômage des jeunes supérieur à 25 %, la commission de l’emploi et des affaires sociales du Parlement européen a proposé en avril 2013 de porter à 20 % le taux de chômage minimal pour être éligible au soutien financier. Le taux de chômage des jeunes au Luxembourg s’élève à 18,8 %. Le Luxembourg ne sera donc pas éligible à des fonds structurels européens pour cofinancer ses mesures dans le cadre de la garantie jeunes.