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Emploi et politique sociale
Les ministres du Travail réunis à Berlin pour parler de la promotion de l’emploi des jeunes se sont entendus sur une feuille de route basée sur l’acquis du Conseil européen de juin 2013
03-07-2013


Le 3 juillet 2013, une réunion des ministres du Travail européens a eu lieu à Berlin à l’invitation de la ministre allemande du Travail, Ursula von der Leyen, une réunion d’abord consacrée à la promotion de l’emploi des jeunes dans l’Union européenne. Cette réunion s’est poursuivie sous la présidence de la chancelière fédérale, Angela Merkel, en présence de 18 chefs d’État et de gouvernement. Le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit a représenté le Luxembourg au cours de cette réunion.La réunion de Berlin du 3 juillet 2013 à la une du site du gouvernement allemand. Source : www.bundesregierung.de

Nicolas Schmit avait exprimé à l’issue du Conseil EPSCO du 20 juin 2013 ses doutes quant à la méthodologie de cette réunion qui ne s’est pas déroulée dans le cadre des traités européens, contrairement aux décisions pour lutter contre le chômage des jeunes prises lors du Conseil européen des 27 et 28 juin. Il s’était dit "inquiet" du tour que prennent les délibérations sur des sujets qui tombent dans le champ des compétences des institutions européennes, mais qui sont de plus en plus débattues lors de "réunions hors cadre", et cette manière de faire recèle pour lui "un danger potentiel" de glissement vers une nouvelle forme d’intergouvernementalisme dans l’UE qui n’est pas dans l’intérêt des petits Etats membres. Pourtant, une nouvelle réunion de ce type sera organisée en novembre 2013 à Paris.

La réunion de Berlin, qualifiée de "grand-messe" par la très neutre Agence Europe qui a aussi évoqué les critiques qui "vont bon train à l'encontre de ces ‘shows intergouvernementaux’ et leurs accents électoralistes", a débouché sur des promesses de mesures concrètes qui seront prises d'ici quelques mois. Mais en fin de compte, comme le relate l’AFP, "elle a permis de dégager une position commune sur un tout autre sujet : le début des négociations de libre-échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis, sujet qui a parasité le sommet après un différend entre Paris et Berlin sur la marche à suivre".

Les responsables européens ont discuté de formation, d'accès au crédit des PME, de mobilité des jeunes, ainsi que du meilleur moyen d'utiliser les fonds européens à disposition. Il s'agissait d'un "échange de bonnes pratiques", devant permettre aux pays concernés de puiser de l'inspiration dans ce qui se fait ailleurs. Autriche, Danemark ou encore Pays-Bas ont notamment expliqué leurs modèles. En toile de fond, il s'agit d'utiliser au mieux les 8 milliards d'euros prévus par la garantie pour la jeunesse dans les deux prochaines années et qui constituent un acquis du Conseil européen de juin 2013.

La feuille de route soumise à la réunion indique, en dehors de tout cadre de l’UE, même s’il y est fait référence, la volonté des États membres de travailler en plus étroite collaboration. Il y est recommandé aux ministres de l'Emploi de procéder à des réformes structurelles des services de l'emploi, de développer des systèmes de formation orientés vers les entreprises (rapport intermédiaire en novembre), et d'avoir recours à la 'Garantie jeunesse' pour subsidier les salaires et favoriser l'entrée sur le marché de l'emploi. Autre dimension importante, celle de l'accès au crédit pour les PME et la création d'entreprises. La Commission devrait par ailleurs promouvoir encore plus la mobilité des travailleurs, via le portail EURES, le lancement de l'Alliance européenne pour l'apprentissage, la mise en œuvre  d'Erasmus + dès janvier 2014. Une boîte à outils dans ce sens a été distribuée.

Du Conseil et du Conseil européen sont venues des déclarations très claires affirmant que la question sociale ne relève pas de la compétence de l’UE. La présidente lituanienne Dalia Grybauskaité, dont le pays préside depuis le 1er juillet 2013 l'UE, a déclaré que "la dimension sociale, la question sociale, ne [pouvait] être résolue que par les gouvernements nationaux". Pour elle, il faut éviter à tout prix "que certains gouvernements aient une excuse pour ne rien faire en pensant que l'Europe va les aider". Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a de son côté insisté sur le fait que les "politiques sociales de l'emploi restent de la compétence des nations" et qu'il faut bel et bien transposer ces décisions au niveau national, ajoutant aussi qu'il faut "des mesures d'urgence à court terme", sans "attendre que la croissance crée de l'emploi".

L’intervention de Nicolas Schmit

Le ministre luxembourgeois du Travail et de l’Emploi a repris certains de ses propos prononcés à l’issue du Conseil EPSCO du 20 juin : à savoir que ni la mobilité ni la formation duale ne sont la panacée, pas plus que des réformes du marché du travail qui créent encore plus de précarité.

Mettant en garde contre l’émergence d’une "génération perdue" qui empêchera l’Europe d’envisager son futur, il a mis en avant ce qui importe : la création de vrais emplois pour les jeunes, des emplois dans des petites et moyennes entreprises nouvelles, innovantes, qui doivent avoir accès au financement, ce qui est difficile dans un contexte où la demande a été jugulée et la récession induite.

S’il a salué "toute initiative qui se propose de lutter contre le chômage des jeunes", il a surtout insisté sur le fait que, sans retour à la croissance, sans retour donc à des politiques de consolidation budgétaire équilibrées, le chômage des jeunes et le chômage tout court ne diminueront pas. Il a aussi mis en garde contre toute tentation de vouloir susciter des espoirs trop grands quant à des résultats positifs rapides, au risque sinon de faire perdre à la politique européenne toute crédibilité.