De deux interviews de l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker, l’une donnée le 13 décembre 2013 à l’agence de presse allemande DPA, l’autre publiée le 16 décembre sous la plume de la journaliste luxembourgeoise Geneviève Montaigu du Quotidien, il ressort que le futur de l’ancien président de l’Eurogroupe pourrait être européen.
Dans ces interviews, Jean-Claude Juncker dit qu’un processus de réflexion qu’il mène avec d’autres personnes sur son éventuel retour sur la scène européenne est en cours. Il dit aussi de manière très claire qu’il ne se présentera pas aux élections européennes et qu’il ne briguera pas non plus le poste de secrétaire général du Conseil de l’Europe, bien que 43 pays le lui aient demandé. Dans les deux interviews, il esquive une réponse claire quant à son éventuelle candidature à la succession de l’actuel président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Il dit par ailleurs, comme le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, son inquiétude face aux forces populistes, face aux "simplificateurs et négationnistes de l’histoire européenne" (DPA), et insiste sur le fait qu’il "ne compte pas ne pas tout faire pour les empêcher de détruire ce qui fut construit par ceux qui ont résolument tourné le dos aux nationalismes pernicieux" (Quotidien).
Jean-Claude Juncker est préoccupé par une éventuelle "faible participation aux élections européennes qui minerait la légitimité du parlement européen" et qu’au soir du scrutin du 25 mai 2014, "que les partis opposés à l’intégration européenne disposent d’une influence notable au Parlement européen". C’est ce danger qui est "une pondérable dans mes réflexions quant à la question (d’un poste dirigeant au sein de l’UE)". (DPA)
Pour le Quotidien, Jean-Claude Juncker est encore plus explicite : "L'Europe est en crise, ce qui est un événement perpétuel, mais cette fois-ci, la crise a d'autres prolongements que n'avaient pas les crises précédentes puisque l'Europe est en mal d'explication. Les citoyens européens, chez nous comme chez les autres, ne comprennent pas exactement ce que nous sommes en train de faire, ne comprennent pas la politique de lutte contre la crise que nous avons mise en place. On observe partout une poussée des forces populistes, d'extrême droite. Des générations entières ont travaillé à l'édification de la maison Europe et je ne compte pas ne pas tout faire pour les empêcher de détruire ce qui fut construit par ceux qui ont résolument tourné le dos aux nationalismes pernicieux."
Jean-Claude Juncker, interrogé sur l’appartenance du Premier ministre hongrois Viktor Orban et de son parti FIDESZ au PPE, doit admettre que les deux grandes familles politiques pro-européennes, le PPE et le Parti socialiste européen, "comptent parmi leurs membres des partis gouvernementaux qui, sur des questions importantes, ont adopté d'autres formes de comportement que celles qui caractérisent la majeure partie des autres mouvements." Il y a Viktor Orban au PPE, "mais le comportement de certains gouvernements de l'Europe centrale, qui sont d'obédience ou d'inspiration socialiste, ne pose pas moins de problèmes." Une allusion au Premier ministre roumain Victor Ponta.
Finalement, Jean-Claude Juncker dit avoir "apprécié la volonté du nouveau Premier ministre (luxembourgeois, Xavier Bettel, ndlr) d'appuyer ma candidature à un poste européen, si cela devait se présenter."