Le 28 janvier 2014, la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg et des acteurs de la vie lusophone du Grand-Duché ont lancé un appel aux citoyens portugais résidents au Luxembourg afin qu’ils s’inscrivent sur les listes électorales pour participer aux élections européennes du 25 mai 2014. Cette initiative intervenait un mois avant la clôture des listes électorales luxembourgeoises et un peu moins de deux mois avant celle des listes du Consulat du Portugal au Luxembourg.
Dans son introduction, le Représentant de la Commission européenne au Luxembourg, Georges Bingen, a rappelé qu’en 2009, seuls 500 Portugais sur une population résidente de 88 000, soit moins 1 % des Portugais en âge de voter, s’étaient déplacés. Cette fois, "c’est facile de faire mieux", a-t-il estimé, en attribuant en partie ce mauvais résultat au manque de sensibilisation.
En fait, selon les informations publiées en 2009 sur base d’une étude du SESOPI, l’actuel CEFIS, 10 % des Portugais en âge et en droit de voter, 6546 personnes, s’étaient inscrites en 2009 sur les listes électorales pour les élections européennes au Luxembourg, soit 80 % de plus qu’en 2004.
Pour Georges Bingen, il serait particulièrement important pour les citoyens portugais du Luxembourg, mais aussi les autres ressortissants de l’UE, de voter, au-delà des raisons résumées dans le slogan de cette initiative "Votar é um direito e um dever" ("Voter est un droit et un devoir"). Il a souligné le risque que ces élections soient celles d’une profonde modification de la composition du Parlement européen en raison de la crise et d’un euroscepticisme qui va croissant. Ceux qui sont favorables à la citoyenneté européenne, notamment parce qu’ils tirent profit des avantages de l’UE, seraient ainsi bien conseillés de se mobiliser pour contrer les mouvements politiques contraires à leurs intérêts.
Les Portugais du Luxembourg peuvent s’inscrire soit sur les listes électorales luxembourgeoises, comme la campagne jepeuxvoter.lu y invite les autres ressortissants de l’UE, ou auprès du consulat du Portugal. Dans le premier cas, les listes seront closes le 27 février 2014, dans le second cas le délai est fixé au 25 mars 2014.
Pour l’heure, le Consulat du Portugal au Luxembourg fait état des "chiffres décevants". Pour 116 075 Portugais inscrits dans ses registres, seuls 1339 sont recensés pour les élections européennes. Mais plus de 6 500 le sont d’ores et déjà au Luxembourg, et leur chiffre va peut-être augmenter jusqu’au 27 février. Pour le consul général, Rui Monteiro, qui ne connaissait apparemment pas les chiffres luxembourgeois, c’est le manque d’informations qui explique le manque de participation. L’ambassadrice du Portugal, Rita Ferro, partage ce constat. "Les avantages pour les citoyens portugais d’être également des citoyens européens sont clairs. Les Portugais sont très conscients des bienfaits d’appartenir à l’UE, même en temps de crise", a-t-elle dit.
Europaforum.lu se voit ici contraints de renvoyer vers des faits : en additionnant les 1339 inscrits au Consulat et les déjà plus de 6500 inscrits sur les listes luxembourgeoises, presque 8000 Portugais sont inscrits, ce qui montre que l’intérêt des Portugais pour les élections européennes est nettement supérieur à ce que Commission et Consulat ont cru voir en se basant sur une part seulement des chiffres disponibles.
La représentation de la Commission européenne au Luxembourg avait fait également appel à deux personnalités de la société civile, des mondes de la beauté et du football, à savoir Miss Grande Région 2014, Daniela da Ponte, et l’entraîneur du club RM Hamm Benfica, Paulo Gomes, afin de relayer cet appel politique. "Pour changer demain, il faut agir aujourd’hui", a déclaré la reine de beauté, tandis que Paulo Gomes a souligné toute l’importance de se rendre aux urnes pour influencer l’avenir.
La presse portugaise du Luxembourg, présente en nombre à cette conférence de presse, devait apporter également sa contribution à cette campagne de sensibilisation. Interrogé par un journaliste sur les moyens de rapprocher les électeurs d’institutions européennes qui seraient, à leurs yeux, éloignées de leurs préoccupations, Georges Bingen a souligné qu’il fallait les informer de ce que l’Europe a fait pour eux, citant notamment l’ouverture des frontières, l’introduction de l’euro ou encore la réduction des coûts du roaming téléphonique. Il a rappelé également les nouvelles compétences européennes en matière de justice depuis l’adoption du traité de Lisbonne et signalé l’attrait apporté aux besoins des citoyens à travers notamment le 2e rapport publié en mai 2013.