Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Fiscalité - Traités et Affaires institutionnelles
Dans un entretien au magazine Europolitique, Xavier Bettel s’exprime sur les grandes questions européennes
05-02-2014


Le Premier Ministre, Xavier Bettel, a donné au quotidien en ligne Europolitique une longue interview, publiée le 5 février 2014, sur les grandes questions européennes du moment : l’union bancaire, les élections européennes, la problématique des candidats tête de liste européens et des www.europolitique.info, le quotidien des affaires européennesaspects nationaux du scrutin européen, la candidature de l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne en devenant tête de liste du PPE. Il a ainsi évoqué l’attitude du gouvernement luxembourgeois en cas d’accord au Conseil européen pour le nommer au poste de président de la Commission, mais aussi la question de l’extrême droite en Europe, et finalement les positions du Luxembourg sur les questions de fiscalité de l’épargne et la TTF.  

De l’accord sur l'union bancaire au sein du Conseil et qui a été avalisé par le Conseil européen, le Premier ministre affirme qu’il "ne pense pas que ce soit un mauvais accord : c'est un système préventif, un mécanisme de solidarité, qui responsabilise avant qu'on demande au contribuable de payer. C'est dans l'intérêt de tous". Et de dire que le Luxembourg n’a pas besoin de craindre l’union bancaire, puisqu’il "faut éviter que des établissements bancaires, surtout luxembourgeois, se trouvent dans des situations problématiques".

Pour Xavier Bettel, il n’y a pas de contradiction entre le soutien de son gouvernement à un Jean-Claude Juncker qui serait en mesure d’assumer la présidence de la Commission européenne et son soutien politique comme libéral au candidat tête de liste des libéraux européens de l’ALDE, l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt. Xavier Bettel s’explique : "Jean-Claude Juncker a marqué la politique nationale et européenne, et nous pouvons être fiers de son parcours. D'ailleurs, on ne peut pas parler de lui qu'au passé". Il ajoute : "Au niveau politique, bien sûr que je soutiens Guy Verhofstadt. (…) Cependant, en tant que Premier ministre, je devrai proposer un candidat à la Commission européenne. Et si Jean-Claude Juncker a la possibilité de devenir président, mon gouvernement ne sera pas un obstacle à sa nomination. Il peut compter sur nous". Et il précise : "Si les 27 autres Etats membres se mettent d'accord sur la nomination de Juncker, ce n'est pas son propre pays qui va s'interposer. Au niveau européen, je soutiens les candidatures libérales, mais au niveau national, et c'est tout à fait normal, je ne bloquerai aucune possibilité pour un Luxembourgeois d'occuper un poste d’une telle importance".

Europolitique veut ensuite savoir si Jean-Claude Juncker reste le candidat luxembourgeois à la Commission s’il n'obtient pas l’aval du PPE au congrès du 6 et 7 mars 2014. Pour le Premier ministre, "c'est trop tôt pour se prononcer. Nous attendons les résultats des élections européennes. Et tout dépend du portefeuille qu'on nous propose. Nicolas Schmit, actuel ministre du Travail et ancien diplomate, serait un bon candidat, mais il y en a d'autres". Et de préciser le profil du futur ou de la future commissaire : "Nous ne voyons pas la Commission comme une voie de garage pour les politiciens dont on ne sait que faire. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des risques que Viviane Reding ne soit plus à la Commission".

Si le Luxembourg ne connaît pas la montée des extrêmes comme ses voisins, la France et les Pays-Bas, c’est parce que le pays ne connaît pas de sujets tabous et qu’on y estime qu’il "est important de parler d'intégration". Pour lui, "les Luxembourgeois sont conscients du fait que la richesse de leur pays vient de ce melting pot de langues, de savoirs, de cultures et d'héritages".

Interrogé sur une "rumeur insistante, à Bruxelles" que "le Luxembourg va lever, d'ici à la fin mars, le veto qu'il oppose à un accord politique sur la fiscalité de l'épargne", Xavier Bettel répond qu’il ne sait pas "si ce sera en mars ou en mai, mais je ne serai pas celui qui fera barrage à l'adoption de ta directive révisée sur la fiscalité de l'épargne, si les conditions sont remplies". Et de citer "l'engagement pris, au niveau européen, de voir dans quelle direction la Suisse, le Liechtenstein, Andorre, Saint-Marin et Monaco veulent aller avant de prendre une décision". Le Luxembourg attend un rapport de la Commission qui doit fournir "la preuve que la Commission a engagé des négociations avec la Suisse, en particulier, et qu'elles vont dans la même direction que celle suivie par l’Union". Et comme le Luxembourg "ne cherche pas des excuses pour retarder les choses", le gouvernement luxembourgeois "n'attendra pas le résultat définitif des négociations avec la Suisse pour bouger, si elles vont dans la bonne direction".

Europolitique veut savoir si cette bonne direction sera déterminée par la manière dont sera formulée l’extension du champ d'application de la directive à de nouveaux produits et structures, ou si elle sera déterminée par l'échange automatique d'informations entre administrations fiscales, ou les deux à la fois.  Pour Xavier Bettel, ce qui importe dans les négociations avec la Suisse, c’est "l'extension du champ d'application seulement". En revanche, pour ce qui est de l'échange automatique, "ce sera à l'échelle internationale qu'on en discutera, au niveau de l’OCDE".

"Mais j'en ai ras-le-bol qu'on dise que c'est le Luxembourg qui bloque", s’énerve le Premier ministre, qui rappelle que "le 1er janvier 2015, on passera au système de l'échange automatique d'informations", mais "dans un cadre très restreint: celui de la réglementation européenne sur la fiscalité de l'épargne actuellement en vigueur", c’est-à-dire uniquement les revenus de l’épargne. Reste qu’il est "sûr que cette année encore, de nouveaux minima seront fixés à l'échelle internationale, en matière d'échanges d'informations".

Xavier Bettel réitère par ailleurs l’opposition du Luxembourg à l'instauration d’une coopération renforcée de onze pays de la zone euro pour d'une taxe sur les transactions financières (TTF). "Notre position est toujours la même: si on devait créer une TTF, cela devrait être à l'échelle mondiale. Je ne comprends vraiment pas pourquoi onze pays veulent se pénaliser par rapport à tous les autres Enfin, il n'y a encore rien de définitif".