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Traités et Affaires institutionnelles
Jean-Claude Juncker se déclare prêt à être candidat tête de liste pour le Parti populaire européen "pour devenir président de la Commission européenne", mais ne juge pas nécessaire de se présenter directement aux élections européennes
06-01-2014


Dimanche soir 5 janvier 2014, le CSV a publié un communiqué dans lequel il annonce que "l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker rencontrera Herman Van Rompuy, président permanent du Conseil européen, en tête-à-tête lundi 6 janvier 2014 à Bruxelles lors d’un déjeuner donné en honneur de Jean-Claude Juncker au siège du Conseil." Le communiqué ajoute : "A l’ordre du jour de l’entretien figureront les grands dossiers de l’actualité politique européenne dont les élections européennes à venir, la sortie de crise ainsi que l’avenir de l’Union européenne." Et il cite ensuite Jean-Claude Juncker : "Ce sera donc plutôt une rencontre d’avenir qu’une réunion d’adieu. Je me réjouis de pouvoir rencontrer à nouveau Herman Van Rompuy que j’apprécie beaucoup politiquement et humainement."

Le lundi 6 janvier 2014, dans une interview donnée au journal télévisé de RTL, Jean-Claude Juncker lève le voile sur ses entretiens avec le président du Conseil européen pour conclure qu’il  est prêt pour être candidat tête de liste pour le Parti populaire européen, et "ce sera pour devenir président de la Commission européenne", mais sans pour autant se présenter directement comme candidat aux élections européennes.

Le futur de l’Europe

L'interview de Jean-Claude Juncker sur RTL avec Frank Goetz, le 7 janvier 2014   source:printscreenLa première question que le lui pose le journaliste Frank Goetz est de savoir si Jean-Claude Juncker veut se mettre lors des élections européennes dans le chemin de tous ceux qui s’opposent au projet européen. Restant dans la logique de ses déclarations de fin décembre 2013, Jean-Claude Juncker se dit préoccupé par le fait que le nombre des personnes qui s’éloignent de l’Europe augmente, même s’il peut les comprendre, et que des forces populistes venant surtout de l’extrême droite mais aussi de l’extrême gauche veulent tirer profit de cette tendance, de sorte qu’il veut contribuer à l’engagement de ceux qui veulent s’opposer à "ce processus dangereux pour le continent européen".

Lors de l’entretien avec Herman Van Rompuy, il a moins été question selon Jean-Claude Juncker de son propre futur que du futur de l’Europe. Les deux hommes politiques ont fait le point sur les efforts des Européens pour lutter contre la crise des dettes souveraines. Ils ont constaté que le processus a été conduit de manière telle que, malgré certaines décisions "qui n’étaient pas à 100 % appropriées", les marchés des capitaux se sont grandement calmés et les tensions autour de la zone euro ont sérieusement diminué, "ce qui n’a pas été le cas il y a un an en automne et en hiver 2012 quand j’ai dû m’engager pour que l’euro puisse survivre en tant que monnaie commune".

Dans la foulée, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Juncker se sont concentrés sur la manière dont l’UE pourrait remettre davantage les personnes humaines au centre du processus d’intégration qui est le sien afin que celles-ci puissent trouver de nouveau leur chemin vers l’UE.

Un troisième point a été la fiscalité de l’épargne, où Jean-Claude Juncker a apporté son appui à la position de l’actuel gouvernement "qui est aussi celle de l’ancien gouvernement".

Jean-Claude Juncker prêt pour une candidature tête-de-liste du PPE

Frank Goetz fait ensuite allusion à une déclaration du Premier ministre Xavier Bettel lors de son interview télévisée pour le Nouvel An. Celui-ci avait répondu à la question de la journaliste Caroline Mart si, "en clair, le fait de savoir si Monsieur Juncker sera pour les prochaines cinq années le chef de l’opposition ou ira en Europe, dépend d’abord de Madame Merkel", qu’ "en gros", oui, c’était ainsi, tout en rappelant qu’il y aurait aussi les résultats des élections européennes, où pour lui, il faudra attendre pour voir si ce seront les sociaux-démocrates ou les chrétiens-démocrates qui devanceront les autres partis politiques.

Pour Jean-Claude Juncker, il est évident que la chancelière allemande à son mot à dire. Lui-même a eu avec elle un entretien téléphonique le 24 décembre, et un autre le matin du 6 janvier. Pour lui, il s’est agi d’un entretien"libre de tout conflit et amical" - une formule qu’il répétera trois fois - qui lui a montré que "tout ce qui a pu être écrit ces derniers jours dans la presse internationale est dépourvu de fondements", une allusion à un article de l’hebdomadaire allemand "Der Spiegel" qui avait avancé que la chancelière Merkel voulait empêcher que Jean-Claude Juncker puisse accéder à un poste dirigeant au sein de l’UE, chose qui avait par la suite été rapidement démentie par le porte-parole de la chancellerie fédérale, Steffen Seibert.

Jean-Claude Juncker a ensuite résumé ses intentions. Il veut "se mettre dans les rangs de ceux qui veulent empêcher que la construction européenne aille dans la mauvaise direction" et "qui veulent renforcer la dimension sociale de l’UE et de l‘Union monétaire". En même temps, Jean-Claude Juncker veut empêcher "les forces anti-européennes populistes de droite de s’emparer du gouvernail de l’Europe", car "ce ne serait pas bon pour l’Europe et aussi pour un des plus petits Etats de l’Europe", i.e. le Luxembourg.

Jean-Claude Juncker explique ensuite que "si je deviens candidat tête de liste pour le Parti populaire européen (PPE), chose pour laquelle je me suis déclaré prêt, ce sera pour devenir président de la Commission européenne". Et c’est là la première épreuve à passer. Pour Jean-Claude Juncker, il y a d’un côté le congrès du PPE (6 et 7 mars 2014 à Dublin, ndlr)  qui va trancher la question de la candidature tête de liste. Mais il ajoute, en se caractérisant lui-même de "petit saint dans une grande Eglise" : "Ce qui va se passer entretemps, on le verra d’ici là." Et il conclut pour clarifier sa position : "Mais en ce qui me concerne, je suis en tout cas prêt pour accepter cette candidature, si on me la propose – et elle m’est proposée par un grand nombre."  

Néanmoins, Jean-Claude Juncker ne va pas se présenter aux élections européennes, et Frank Goetz aimerait comprendre. La réponse de  Jean-Claude Juncker : "Parce que je viens tout juste de participer aux élections d’octobre. Et la question de savoir qui sera président de la Commission et de quel parti, ou si je puis m’exprimer ainsi, de quelle famille politique il sera issu est une autre question que celle de la composition du Parlement européen. Le président de la Commission n’est pas toujours issu des rangs du Parlement européen. Et j’ai été élu chef de mon groupe politique au Luxembourg, et je voudrais continuer d’exercer ce mandat aussi longtemps que possible. C’est pourquoi il n’est pas nécessaire d’être candidat pour le Parlement européen."

A noter que l’actuelle vice-présidente de la Commission européenne, Viviane Reding, avait fait savoir lors d’une interview donnée le 20 décembre 2013 à Radio Latina qu’elle était candidate à être tête de liste du CSV pour les élections européennes.   

En guise de contexte : Comment le président de la Commission européenne est-il désigné selon le traité européen ?

La déclaration 11 annexée au traité de Lisbonne précise que "le Parlement européen et le Conseil européen ont une responsabilité commune dans le bon déroulement du processus conduisant à l'élection du président de la Commission européenne. En conséquence, des représentants du Parlement européen et du Conseil européen procéderont, préalablement à la décision du Conseil européen, aux consultations nécessaires dans le cadre jugé le plus approprié. Ces consultations porteront sur le profil des candidats aux fonctions de président de la Commission en tenant compte des élections au Parlement européen, conformément à l'article 17, paragraphe 7, premier alinéa. Les modalités de ces consultations pourront être précisées, en temps utile, d'un commun accord entre le Parlement européen et le Conseil européen".

Selon l'article 17, paragraphe 7, "en tenant compte des élections au Parlement européen, et après avoir procédé aux consultations appropriées, le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose au Parlement européen un candidat à la fonction de président de la Commission. Ce candidat est élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le composent. Si ce candidat ne recueille pas la majorité, le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose, dans un délai d'un mois, un nouveau candidat, qui est élu par le Parlement européen selon la même procédure".

Les grandes familles politiques européennes ont tiré des conclusions politiques opérationnelles différentes de ces dispositions.