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Elections européennes
Les délégués du Parti populaire européen réunis en congrès à Dublin ont élu Jean-Claude Juncker candidat du PPE au poste de président de la Commission européenne
07-03-2014


Les deux candidats pour être tête de liste du PPE sur le site dédié au Congrès de Dublin le 7 mars 2014Le 7 mars 2014, le PPE réuni en congrès à Dublin a procédé à l’élection de son candidat tête de liste pour les élections européennes de mai 2014 et l’ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a rencontré le plus grand nombre de suffrages des délégués du parti.

L’ancien Premier ministre letton Valdis Dombrovskis ayant renoncé à se présenter à la dernière minute pour soutenir Jean-Claude Juncker, qui était donné pour favori, deux candidats étaient encore en lice. Jean-Claude Juncker faisait donc face à Michel Barnier, actuel membre de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker a remporté  l’élection avec 382 voix, tandis que Michel Barnier a bénéficié du soutien de 245 délégués.

Comme l’a réaffirmé Joseph Daul, président du PPE, "si nous gagnons - et nous allons gagner - , c’est notre candidat qui  s’installera au poste de président de la Commission, et personne d’autre". Ainsi, Jean-Claude Juncker est-il désormais officiellement le candidat du PPE au poste de président de la Commission européenne. Son accession à ce poste dépendra de l’issue des élections européennes, auxquelles lui-même avait annoncé qu’il ne se présenterait pas, tout en faisant campagne pour le PPE.

Aussitôt, le CSV a adressé à Jean-Claude Juncker, présenté comme "un pro-Européen convaincu et un homme politique européen expérimenté",  ses meilleurs vœux "pour le plus haut mandat exécutif de l’UE", en l’assurant de son soutien.

Jean-Claude Juncker, qui avait annoncé sa volonté de briguer le poste de président de la Commission européenne dès le mois de janvier 2014, avait vu sa candidature officielle validée par le PPE le 27 février dernier.

Lors de son discours après la proclamation des résultats, Jean-Claude Juncker a constaté que le PPE était désormais "en position de démarrer sa campagne électorale, car nous avons perdu beaucoup de temps sur les socialistes" qui eux, avaient déjà nommé leur candidat en novembre 2013. "Mais", a-t-il ajouté, "nous allons  rattraper M. Schulz très bientôt".

Parler de la "vraie Europe"

Pour Jean-Claude Juncker, "il faudra reparler de la vraie Europe pendant la campagne", qui est aussi celle de ses fondateurs qui ont connu la Seconde Guerre Mondiale et les camps de concentration et qui ont construit l’UE pour qu’il n’y ait "plus jamais la guerre". Le PPE ne devrait pas parler "de l’Europe qui ne va pas", mais de celle qui fonctionne. Jean-Claude Juncker, revenant vers un de ses sujets de prédilection, s’est insurgé contre l’idée que "les jeunes n’écouteraient plus quand on parle de guerre et de paix". Pourtant, a-t-il rappelé, "il y a 15 ans, on tuait et violait dans les Balkans". "Et peut-on oublier ce qui s’est passé en Ukraine tout récemment ?", a-t-il demandé, pour dire que ce pays "mérite notre appui le plus total".

"Parler de l’Europe telle qu’elle sera, c’est aussi la regarder telle qu’elle est", a déclaré le candidat tête de liste du PPE, avant d’asséner aux délégués du PPE un discours qu’il a si souvent tenu : L’Europe est le plus petit continent. Son poids économique dans le monde est destiné à diminuer. Bientôt, aucune nation européenne ne fera plus partie, prise pour elle-même, des sept plus grandes puissances industrielles. Ses atouts étaient sa géographie qui restera, et sa population. Or celle-ci est passée de 20 % de la population mondiale en 1900 à 7 % aujourd’hui et passera à 4 % à la fin du 21e siècle. La perte de son poids démographique dans le monde est donc inéluctable.

"Sommes-nous préparés pour relever ces défis ?", a demandé Jean-Claude Juncker. "Oui", pense-t-il, "et nous devons être fiers de l’Europe !". Lui-même dit aimer regarder l’Europe "à travers les yeux des Asiatiques et des Africains qui jettent sur nous un regard d’espoir, alors que nous-mêmes, nous doutons au lieu d’apprendre à être de nouveau fiers de l’Europe".

Pour Jean-Claude Juncker, l’Europe, c’est le plus grand marché unique du monde, c’est la monnaie unique européenne. "De quoi l’Europe aurait l’air sans sa monnaie unique ?", demande-t-il à l’assistance. "Comment pourrait-elle réagir aux tensions en Ukraine ?". Il faudrait, suggère-t-il, demander à la presse d’écrire non pas seulement sur ce qui ne va pas mais sur ce qui pourrait être pire sans l’euro.

Jean-Claude Juncker est convaincu qu’il faut renforcer la dimension sociale de l’UE, même si celle-ci existe bel et bien, puisque de nombreuses lois nationales sociales découlent de directives de l’UE. Aussi ne s’agit-il pas d’opérer un revirement dans la manière de lutter contre la crise, même si des erreurs ont été commises. "Mais jamais, depuis 30 ans, la densité de décisions n’a été aussi forte dans l’UE", insiste-t-il.

Il s’est dans la foulée inscrit en faux "contre les affirmations des sociaux-démocrates selon lesquelles nous avons mené une politique d’austérité". Dans l’Eurogroupe, il était lui-même à certains moments assis face à une douzaine de ministres issus de partis sociaux-démocrates, de sorte qu’il se demandait maintenant "pourquoi ils n’ont pas quitté leurs gouvernements s’ils n’approuvaient pas la politique menée".

Il a terminé son discours en insistant sur le fait que "si le PPE gagne les élections du 25 mai 2014, son candidat doit devenir le président de la Commission" et que les citoyens devaient savoir que s’ils votent pour le PPE, "Juncker est dans le paquet PPE".

Arrêter avec le non-sens des " pays soi-disant vertueux d’un côté, et les pays plus faibles de l’autre"

Au cours de la conférence de presse qui a suivi le congrès du PPE, Jean-Claude Juncker a pu s’expliquer sur d’autres aspects de son approche de l’Union. Le site Euractiv l’avait cité ainsi avant le congrès : "Je veux ce job parce que je me fâche de plus en plus du fait que l’UE apparaît de plus en plus comme divisée en deux parties, les pays soi-disant vertueux d’un côté, et les pays plus faibles de l’autre. Nous avons eu assez de murs en Europe. Je suis contre cette division de l’Europe en grands et petits Etats membres." Lors de la conférence de presse, il a mis en avant les grandes difficultés qu’ont eues à affronter les gouvernements des pays du Sud de l’Europe. Et de s’exclamer : "Arrêtons ce non-sens de dire que Nord est vertueux et que le Sud non !"

Il s’est aussi déclaré en faveur d’une présidence permanente de l’Eurogroupe à cause de l’intensité des contacts requis avec les gouvernements, la Banque centrale, les syndicats et le patronat.

Il s’est dit par ailleurs convaincu que le Conseil européen respectera les traités européens et tiendra compte des résultats des élections européennes.

Le fait que le programme du PPE prône la transformation de l’UE en une Union politique a interpellé un journaliste. Pour Jean-Claude Juncker, il faudra voir après les élections, car il y a des Etats membres qui penchent en faveur d’un changement profond des traités et d’autres non. Le Royaume Uni est pour lui "un cas spécial". Il viendra avec des propositions de renationalisation de certaines compétences et il faudra donc un débat dans l’UE sur cela.

Autre chose qui tient à cœur du candidat : Il est pour que l’UE et les pays européens soient plus enseignés dans les écoles, "car nous ne connaissons pas assez nos voisins". Convaincu qu’une telle démarche sera utile pour le futur de l’Europe, il a pointé l’ignorance qui s’est manifestée pendant la crise de l’euro, "où nous nous sommes rendus compte que nous ne connaissions que très peu de chose de la Grèce et de l’Irlande". "Il nous faut une Heimatkunde européenne", a-t-il dit, en faisant allusion avec une matière qui lui a été enseignée durant son enfance et que l’on pourrait traduire par la "connaissance de sa patrie", la patrie étant ici l’Europe.