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Élargissement - Justice, liberté, sécurité et immigration
En visite de travail à Luxembourg, le Premier ministre monténégrin fait le point avec son homologue luxembourgeois sur les progrès du pays candidat à l’UE et évoque les futurs domaines potentiels de coopération
24-03-2014


bettel-djukanovicLe Premier ministre du Monténégro, Milo Djukanovic, était en visite de travail  à Luxembourg le 24 mars 2014 afin d’y rencontrer son homologue luxembourgeois, Xavier Bettel, et de discuter des relations bilatérales entre les deux Etats ainsi que des relations entre l’Union européenne et le Monténégro, pays officiellement candidat à l’adhésion à l’UE depuis 2010.

Lors de la conférence de presse commune à l’issue de l’entrevue, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel s’est notamment félicité que les Monténégrins soient la plus grande communauté d’étrangers non UE au Luxembourg, avec quelques 6 500 individus, et l’une des plus intégrées, avec près de 25 % des Monténégrins au Luxembourg inscrits sur les listes électorales pour les élections communales. "Il s’agit d’un pont important pour approfondir les liens entre nos deux pays", a estimé Milo Djukanovic.

Sur la question des relations bilatérales, les deux Premiers ministres ont souligné l’importance de l’aide en matière de coopération au développement dont le Monténégro a pu bénéficier grâce au Luxembourg qui a notamment permis de mener à bien "de nombreux projets de lutte contre la pauvreté" et "la mise en place de fondations solides" pour le développement futur du pays.

Le statut de candidat à l’adhésion de l’UE dont bénéficie le Monténégro a néanmoins marqué un changement dans la relation entretenue entre les deux pays, qui ne pourra à l’avenir plus relever de la politique de développement luxembourgeoise, comme cela était le cas depuis l’an 2000.

Les deux hommes ont donc assuré de leur volonté de renforcer les relations entre les deux pays. "Nous avons demandé à nos chambres de commerce respectives, ainsi qu’à nos associations actives dans le secteur bancaire de voir de quelle manière nous pouvons approfondir nos liens. J’espère que ce sera le début d’une coopération renforcée", a déclaré Xavier Bettel, qui n’a pas manqué de souligner les "efforts" du peuple et du gouvernement monténégrin dans les domaines constitutionnels, judiciaires et de l’Etat de droit "qui sont importants pour les processus d’adhésion" dans lesquels le Monténégro s’est engagé.

Le Premier ministre monténégrin, Milo Djukanovic, a également relevé que cette évolution était "une opportunité pour le développement de nouveaux domaines de coopération". "Nous avons évoqué la coopération potentielle entre investisseurs sur plusieurs projets de développement ambitieux que le Monténégro a lancé, notamment en termes d’infrastructures, d’énergies, de tourisme et de production alimentaire", a-t-il précisé.

Concernant le processus d’adhésion en tant que tel, il a souligné que le Luxembourg pourrait notamment faire bénéficier le Monténégro de "son expertise" pour lui fournir une assistance dans la négociation de certains chapitres, entre autres les domaines relatifs au système financier. Milo Djukanovic s’est par ailleurs dit confiant que le Luxembourg "comprendra les besoins spécifiques d’un petit pays" et soutiendra le Monténégro dans son agenda d’intégration européenne.

Le Premier ministre monténégrin espère par ailleurs bénéficier du soutien de son homologue luxembourgeois dans son processus d’adhésion à l’OTAN – le Monténégro espère être officiellement invité comme pays membre lors du prochain sommet de l’OTAN –, ce à quoi Xavier Bettel a répondu, tout en saluant les efforts du Monténégro, que la décision n’appartenait pas au seul Luxembourg et qu’elle dépendrait du prochain rapport de l’organisation nord-atlantique.

Enfin, Xavier Bettel a évoqué la problématique des demandeurs d’asile issus du Monténégro, notant qu’il "est difficile pour les ressortissants d’un pays candidat à l’adhésion de bénéficier de la protection internationale". Selon le Premier ministre luxembourgeois, ces demandes ont 99,9 % de chance d’être refusées car elles relèvent avant tout de raisons économiques. "Il est important que les personnes sachent que venir à Luxembourg ne signifie pas trouver un travail et un logement". Une problématique face à laquelle son homologue s’est dit sensible et a souligné le besoin et la volonté d’une coopération renforcée entre les ministres de l’Intérieur des deux pays. Milo Djukanovic a néanmoins souligné que le régime libéralisé des visas dont bénéficie le Monténégro n’avait pas donné lieu à des abus significatifs, contrairement aux nationaux d’autres pays de la région.

Le Monténégro dans le processus d’élargissement

Pour mémoire, comme le soulignait le dernier rapport de la Commission européenne sur l’élargissement datant d’octobre 2013, les négociations d’adhésion entre le Monténégro et l’UE ont débuté en juin 2012. Dans ce cadre, le Monténégro a notamment adopté des plans d'action détaillés arrêtant un programme de réforme complet devant mener au renforcement de l'État de droit. La mise en œuvre de ces plans et les progrès vers le respect des critères intermédiaires fixés pour ces chapitres détermineront le rythme global des négociations d'adhésion. À cet égard, la mise en œuvre des modifications constitutionnelles de juillet 2013 renforçant l'indépendance du pouvoir judiciaire et de nouveaux progrès dans la lutte contre la criminalité organisée et la corruption, notamment à haut niveau, sont essentiels.

La Commission expliquait aussi que la réforme de l'administration publique est une priorité pour garantir que le Monténégro dispose de la capacité de mettre en œuvre l'acquis, de s'attaquer à la politisation et d'augmenter la transparence et le professionnalisme de la fonction publique. Et elle mettait en garde : "L'actualité de ces derniers mois, en particulier les allégations d'abus de biens publics à des fins politiques, a souligné l'importance de renforcer la confiance des citoyens dans les institutions publiques."  Elle insistait aussi sur le renforcement de la liberté d'expression, notamment en enquêtant comme il se doit sur tous les faits de violence et menaces à l'encontre de journalistes et en traduisant les auteurs devant la justice. Sur le plan économique, l'amélioration de l'environnement des affaires et la lutte contre le chômage élevé étaient des priorités majeures.