Le 19 mars 2014, une délégation de l‘OGBL conduite par son président, Jean-Claude Reding, a rencontré le ministre des Affaires étrangères et européenne, Jean Asselborn, à Luxembourg.
L’entrevue entre le ministre et la délégation syndicale, qui s’est déroulée selon cette dernière de manière "franche" et "dans un climat de respect mutuel", a porté sur de nombreux sujets.
Ont ainsi été abordés "la politique européenne en général, la politique industrielle au niveau européen, le programme de simplification de la législation européenne appelé 'Refit' ainsi que les négociations sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP)", rapporte un communiqué diffusé par le syndicat.
A cette occasion, le président de l’OGBL a remis au ministre des Affaires étrangères un dossier de la Confédération européenne des syndicats (CES) comprenant notamment le Plan de la CES pour l’investissement, une croissance durable et des emplois de qualité, le manifeste pour un contrat social pour l’Europe ainsi que la position de la CES sur le TTIP.
Lors de l’échange de vue, Jean-Claude Reding est revenu sur la procédure de coordination des politiques économiques et budgétaires dans l’UE, le "semestre européen", pour demander au ministre "de soutenir auprès du gouvernement la demande de l’OGBL de mettre en place une méthode de consultation des partenaires sociaux en amont de la prise de décision relative à la politique budgétaire", rapporte le communiqué de l’OGBL. Le syndicat souhaite ainsi "que le gouvernement s’engage clairement à Bruxelles pour une meilleure prise en considération des objectifs sociaux et de l’emploi de l’Union".
Le président de l’OGBL a par ailleurs signalé que le mouvement syndical européen devenait "de plus en plus critique et sceptique par rapport à une construction européenne qui semble se préoccuper essentiellement des intérêts de la finance internationale et des détenteurs du capital plutôt que du bien-être de ses citoyens". Or, le syndicat prévient : "En faisant systématiquement la sourde oreille par rapport aux revendications syndicales, l’UE risque de perdre un allié traditionnel, et avec lui, le soutien de la grande majorité des citoyens européens, celui des travailleurs".
Au sujet de la communication "Refit", le président de l’OGBL a demandé au ministre des Affaires étrangères "de rester vigilant par rapport à cette initiative de la Commission européenne" qui vise à prendre des mesures en vue de simplifier la législation de l’UE, voire "de retirer des dispositions si elle les juge trop encombrantes pour les entreprises".
Le syndicat craint que l’initiative ne mène à la disparition de certains droits et protections des salariés, notamment en matière de santé et de sécurité au travail, ce qu’il a fait savoir au ministre, qui, selon l’OGBL, a "partagé le souci" exprimé par le syndicat. Fin janvier 2014, l'OGBL avait déjà interpellé à ce sujet le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch.
La délégation OGBL a également plaidé en faveur "d’un engagement ferme du gouvernement luxembourgeois pour une politique industrielle ambitieuse au niveau européen, notamment en combinaison avec les politiques environnementale et énergétique".
En plus de promouvoir les énergies renouvelables, il y a lieu selon l’OGBL "de promouvoir, dans le secteur industriel également, l’efficacité énergétique". Le président de l’OGBL a estimé à ce sujet qu’une industrie en mutation vers de nouveaux domaines technologiques devait être accompagnée par une politique de l’emploi visant à préparer les salariés à réussir les transitions professionnelles inévitables. "Sinon, le problème du chômage s’aggravera encore davantage, surtout pour les salariés moins qualifiés", a-t-il prévenu.
Enfin, la délégation de l’OGBL a fait part de ses craintes relatives à l’élaboration entre la Commission européenne et le gouvernement américain d’un partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP). "Le mouvement syndical a toujours été réticent, voire opposé, à des accords de libre-échange qui ne prennent pas en considération les normes internationales du travail [telles les] conventions de l’Organisation internationale du travail", précise encore le communiqué.
Étant donné que les normes sociales et environnementales sont généralement plus élevées – et les droits et protections des travailleurs beaucoup plus développés – dans les Etats membres de l’UE qu’aux Etats-Unis, les syndicats sont très sceptiques par rapport à ces négociations. En conséquence, l’OGBL a demandé au ministre Asselborn de veiller, par le biais de ses services compétents, à toute forme de dilution des normes européennes qui pourrait résulter de ces négociations et plaidé pour un large débat ouvert avec la société civile.