Le 18 mars 2014, les eurodéputés de la commission des Transports (TRAN) ont adopté par 35 voix pour, 4 contre et 2 abstentions un projet législatif modifiant la conception des poids lourds de façon à accroître la visibilité des conducteurs et à améliorer la carrosserie pour réduire les émissions polluantes.
Les dispositions proposées permettraient d'avoir des cabines de camion plus longues si elles sont conçues pour réduire les émissions - par exemple en améliorant l'aérodynamique -, ou pour prévenir les accidents - par exemple en réduisant les angles morts ou en ayant une cabine plus arrondie pour voir davantage les autres utilisateurs routiers afin de ne pas les renverser.
Un becquet aérodynamique de 50 cm de large serait autorisé à l'arrière du camion dans le but de réduire les trainées et les émissions. Pour encourager l'utilisation de moteurs moins polluants - ces derniers étant plus lourds et donc moins attrayants d'un point de vue commercial que les moteurs traditionnels -, les camions et bus présentant des alternatives faibles en carbone, pourraient dépasser le poids maximal actuel d'une tonne, en fonction du poids du système alternatif.
Le projet permettrait aux camions utilisés pour les opérations de transport combiné route-rail ou route-bateau d'être 15 cm plus longs, afin de faciliter le chargement dans des containers standards de 45 pieds.
La Commission européenne avait mis sur la table cette proposition de directive en avril 2013, glissant dans ce projet législatif la possibilité pour les méga-camions, ou gigaliners, de franchir les frontières de pays voisins qui en autorisent la circulation. Un sujet très controversé sur lequel les députés de la commission TRAN ont tranché : ils ont supprimé de la proposition législative, que ce soit dans les considérants ou dans les articles du projet de directive, les passages concernant la circulation transfrontalière de véhicules plus longs.
Comme l’a expliqué le rapporteur, Jörg Leichtfried (S&D), le Parlement européen a toujours demandé à la Commission européenne de mener une évaluation d’impact adéquate concernant ces camions super poids lourds. Et il se félicite donc de voir cette position renforcée par ce vote qu’il voit comme "un échec cuisant pour Siim Kallas", le commissaire européen en charge du dossier qu’il a vertement critiqué à l’issue du vote.
Il ressort ainsi de la position adoptée par les parlementaires que la Commission sera invitée à revoir la situation et à faire un rapport au Parlement et au Conseil d'ici 2016 sur la base d’une étude d’impact qui devrait porter sur les effets du trafic transfrontalier de ces véhicules sur la concurrence, l'environnement, la sécurité, les coûts de modernisation de l'infrastructure et la répartition modale.
Le texte, qui sera soumis au vote lors de la plénière d’avril 2014, a fait l’objet d’un compromis qui englobe les groupes PPE, S&D, ADLE et Verts.