Le 4 avril 2014, la Confédération européenne des syndicats (CES) organisait une euro-manifestation à Bruxelles pour demander la fin de l’austérité et proposer une nouvelle voie pour l’Europe privilégiant les investissements, les emplois de qualité et l’égalité.
Plus de 52 000 personnes de 21 pays, dont 500 membres des syndicats OGB-L, FNCTTFEL et LCGB, ont défilé dans les rues. "C'est la première fois que l'on mobilise autant de personnes pour ce genre d'événement. Il était important d'envoyer un signal fort dans le contexte actuel", a déclaré sur place le président de I’OGBL, Jean-Claude Reding, à un journaliste du Quotidien. "La politique menée actuellement ne respecte pas les buts inscrits dans le traité européen. C'est une politique de régression sociale. C'est une politique qui détruit l'emploi, qui creuse les inégalités, et qui fait augmenter la pauvreté", explique-t-il encore.
"L’austérité ne fonctionne pas. Elle a aggravé la crise sociale et économique : plus de 26 millions d’Européens sont sans travail, 10 millions de plus qu’en 2008", avait pour sa part souligné la secrétaire générale de la CES, Bernadette Ségol, en amont de la manifestation. La CES rappelait par ailleurs que, dans 18 des 28 pays de l'UE les salaires réels ont chuté. "La situation des jeunes est pire encore: 7,5 millions de jeunes Européens ne travaillent pas, ne suivent pas d'études ou de formation", a également souligné, Bernadette Ségol en évoquant le risque d'une "génération perdue".
A l’issue du sommet syndical du 19 mars 2014, la Confédération avait prôné un investissement de 250 milliards d’euros sur 10 ans qui pourrait générer 11 millions de nouveaux emplois. La CES soulignait que cette somme ne représente "qu’un quart de ce qui a été dépensé pour sauver les banques et un quart de ce qui est perdu chaque année en raison de l’évasion et de la fraude fiscales".
"Nous exigeons le respect de nos droits sociaux et syndicaux. Il faut revaloriser le travail, augmenter les salaires et dévaloriser la spéculation", estime de son côté Jean-Claude Reding.
Jean-Claude Reding redoute également la montée des partis nationalistes à travers l’UE. "On ressent de plus en plus que les gens n'en peuvent plus. Et je crains que bientôt, certains ne croient plus en rien", a-t-il confié au Quotidien. Lors de la conférence de presse tenue le 27 mars par l’OBGL, en amont de la manifestation, Jean-Claude Reding avait fustigé le dumping social dans l’UE et prévenu : "Quand les citoyens qui vivent dans l’UE ont peur de leur voisin, cela crée du ressentiment et affaiblit la cohésion sociale."
Dans un éditorial du 4 avril 2014, intitulé "Un bol d’air frais pour l’Europe", le secrétaire général de l’OGBL, André Roeltgen, a, à son tour, souligné que la politique d’austérité "est, en fin de compte, responsable pour le renforcement dangereux des mouvements populistes et d’extrême-droite, qui tous s’opposent au processus d’intégration européenne démocratique et socialement progressiste".
Par ailleurs, dans ce texte, le secrétaire général de l’OGBL prie le gouvernement luxembourgeois de dénoncer les "négociations secrètes" menées par la Commission européenne en vue d’un traité transatlantique de libre échange et d’investissements entre l’Union européenne et les Etats-Unis (TIPP). "L’OGBL demande l’arrêt immédiat de ces négociations, car elles sont en train de générer un choc de libéralisation capitaliste, qui menace de transformer l’Europe en un champ de ruines sociales, écologiques et politiques", clame-t-il.
De même, l’OGBL espère "une approche plus critique" du gouvernement luxembourgeois vis-à-vis des projets de Bruxelles dans le cadre du semestre européen. Pour cause, la méthode bruxelloise pour mesurer l’évolution salariale au Luxembourg "présente une image faussée de la situation salariale au Luxembourg". En termes réels, les salaires au Luxembourg auraient ainsi régressé entre 2010 et 2013. "Le Luxembourg n’a pas perdu en compétitivité à cause des salaires trop élevés", souligne André Roeltgen. En conséquence, "la recommandation de la Commission européenne, qui est martelée sans cesse, à savoir que le Luxembourg devrait ‘réformer’ son système de fixation des salaires, et en premier lieu l’indexation, est et reste une attaque inacceptable sur les revenus du salariat luxembourgeois tout entier", juge-t-il.