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Elections européennes - Fiscalité - Traités et Affaires institutionnelles
L’UMP se distancie des propos tenus par son vice-président, Laurent Wauquiez, contre le maintien du Luxembourg dans une UE refondée
14-04-2014


logo-umpLes propos tenus, durant un entretien diffusé le 10 avril 2014 sur BFM TV et RMC, par le vice-président de l’UMP, Laurent Wauquiez, avait  suscité la polémique au Luxembourg, en expliquant ne pas intégrer le Luxembourg dans l’Europe restreinte à six Etats membres qu’il imagine, parce que "le Luxembourg est devenu un paradis fiscal dans lequel il n’y a plus un tissu économique et industriel et qui est en fait un pays qui est devenu très artificiel".

Ces déclarations avaient, dans un premier temps, fait l’objet de vives réactions du côté luxembourgeois. L’eurodéputé libéral, Charles Goerens, s’était ému de tels propos, dès le jour de l’émission, auprès du président de l’UMP, Jean-François Copé. Le lendemain, l’eurodéputé CSV, Frank Engel, faisait état de son courroux dans un courrier au président du PPE au Parlement européen, l’eurodéputé français et membre de l’UMP, Joseph Daul.

L'ex-premier ministre luxembourgeois, qui avait eu l’occasion en avril 2011 de rencontrer Laurent Wauquiez lorsqu’il était encore ministre français en charge des affaires européennes Jean-Claude Juncker, et candidat du PPE pour la présidence de la Commission européenne, est entre-temps sorti de sa réserve pour dénoncer des propos "inacceptables" et juger que "tout cela est pathétique", comme l’a rapporté un article publié sur le site internet du quotidien français Le Monde, le 14 avril 2014.

Joseph Daul a réagi, à travers le service de messagerie instantané Twitter, le jour de la réception du courrier de Frank Engel : "Les propos de Laurent Wauquiez sur le Luxembourg sont intolérables et stupides. Ce n’est ni la position du PPE, ni celle de l’UMP",  affirmait-il.

Pour sa part, Charles Goerens a obtenu une première réponse non pas de la part du président de l’UMP mais de Jean-Pierre Audy, eurodéputé, président de la délégation française au Groupe PPE et vice-président de l'UMP. "Sans attendre la réponse du président que j'ai eu personnellement sur ce sujet, les prises de position auxquelles vous faites allusion et exprimées par Laurent Wauquiez ne constituent pas la ligne politique de l'UMP", lui a-t-il assuré.

En marge de sa visite au Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, le 14 avril 2014, le commissaire européen en charge du Marché intérieur, Michel Barnier, s’est lui aussi exprimé en tant que membre de l’UMP. "Si c'est vraiment cela que Monsieur Wauquiez a voulu dire, c'est ridicule. Je recommande à mes amis politiques d'avoir davantage de respect et moins d'arrogance", a-t-il lancé. Michel Barnier a rappelé par la même occasion que des hommes et femmes politiques luxembourgeois ont joué un rôle important dans la construction européenne.

Interrogée le 12 avril 2014 par le quotidien gratuit luxembourgeois L’Essentiel, la candidate de l’UMP aux élections européennes pour la circonscription française du Nord-Est, Nadine Morano, a dit être restée coite, en apprenant les propos contestés : "Quand j’ai appris ça, je n’avais même pas de mots. Qu’est-ce qui permet à Laurent Wauquiez de juger? Cela montre qu’il ne connaît rien à la proximité entre les régions frontalières. Il a une méconnaissance totale. Les liens entre la Lorraine et le Luxembourg sont historiques." "En tant que déléguée générale de l’UMP en charge des élections, je peux vous assurer qu’en rien l’UMP ne peut être assimilée aux propos de Monsieur Wauquiez", a-t-elle aussi affirmé.

La section luxembourgeoise de l’UMP s’est pour sa part fendue d’un communiqué précisant qu’elle "ne cautionne nullement les propos de Monsieur Wauquiez et condamne fermement toute remise en question [de] la légitimité du Grand-Duché au cœur de l’Union Européenne". D'ailleurs, "des excuses officielles ont été demandées à l’ancien ministre en charge des affaires européennes".

Pour les représentants de l’Institut de la Grande Région, "l'Europe doit se construire dans un esprit fédérateur et positif, et non dans l'exclusion"

La députée UMP, fraîchement élue maire de Thionville, Anne Grommerch  a d’abord rappelé les récentes évolutions du Luxembourg. "Place financière de premier plan, le Luxembourg a mis en place depuis plusieurs années les procédures de transparence exigées par la communauté internationale. Initiées par Jean-Claude Juncker, elles ont été parachevées par le nouveau premier ministre Xavier Bettel", fait-elle savoir.

"Par sa situation géographique et par son histoire, le Luxembourg est pétri de l'histoire européenne. Il en est par conséquent un membre indispensable et nécessaire. C'est la raison pour laquelle le PPE a choisi comme candidat à la présidence de la Commission européenne le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker", avance-t-elle encore. "Pays de la Grande Région, Thionville et le Nord-Mosellan entretiennent depuis toujours d'excellentes relations. Les travailleurs qui franchissent chaque jour la frontière pour se rendre au Luxembourg sont les meilleurs témoins de cette collaboration fructueuse", conclut-elle.  

Avec le gouverneur de la province du Luxembourg belge, Bernard Caprasse, et le secrétaire de l'lnstitut de la Grande Région, Jean-Paul Guilianelli, le président de l'lnstitut de la Grande Région et par ailleurs président socialiste du Conseil économique, social et environnemental de Lorraine, Roger Cayzelle, a cosigné un communiqué de presse dans lesquels les propos de Laurent Monsieur Wauquiez sont présentés comme le fruit "d'une méconnaissance totale de ce pays, pôle économique déterminant pour les régions voisines", ainsi que l’a rapporté le Tageblatt dans un article publié le 15 avril 2014.

Les trois signataires du texte rappellent ensuite la diversité économique du pays. "L'expertise développée au niveau de la place financière de Luxembourg est internationalement reconnue. Le savoir-faire des Luxembourgeois dans des domaines aussi variés que l'industrie spatiale, la logistique, l'industrie sous ses formes les plus diverses, le commerce, l'enseignement universitaire, le tourisme ... etc. reflètent un dynamisme qu'il convient de saluer et non de dénigrer." Ils rappellent également les bienfaits du Luxembourg pour les populations frontalières. "Chaque jour, 80 000 Français, 40 000 Belges et 40 000 Allemands traversent les frontières pour travailler au Luxembourg. (…) Un pôle économique et d'emplois transfrontaliers s'est ainsi développé, assurant la prospérité de nombreuses populations, même si à l'instar d'autres régions, le Luxembourg a aussi connu des difficultés au travers de la crise. L'Europe doit se construire dans un esprit fédérateur et positif, et non dans l'exclusion", estiment-ils.