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Institutions européennes
Un groupe de travail doit trouver de nouveaux locaux pour les 1700 agents de la Commission européenne qui évacueront le bâtiment Jean-Monnet
08-07-2014


comm-jmo1-asselborn-sefcovic-140708Le ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, et le commissaire européen en charge de l’administration, Maros Sefcovic, ont annoncé le 8 juillet 2014 à Luxembourg la création d’un groupe de travail chargé de trouver de nouveaux locaux pour les 1700 fonctionnaires de la Commission européenne qui travaillent dans le bâtiment vétuste Jean-Monnet (JMO1). Cette annonce intervient après la publication d’un rapport par l’Union syndicale Luxembourg (USL) sur l’analyse du risque d’amiante qui recommande d’évacuer le bâtiment et l’annonce de trois cas de maladies professionnelles liées à l’amiante.

"Le risque lié à la présence d'amiante dans le bâtiment a été confirmé par les experts", indique un communiqué commun. "Bien que des travaux puissent être entrepris pour sécuriser le bâtiment dans l'attente de la livraison du nouveau JMO2, de façon à éviter de mettre le personnel en danger, le ministre et le vice-président ont jugé préférable d'appliquer le principe de précaution et de quitter le JMO1 dans les prochains mois", précise le texte. Cette annonce officialise en quelque sorte la décision de départ d’ici fin 2014, prise en février 2014 par la Commission européenne qui avait renoncé à renouveler le contrat de bail, en évoquant des raisons financières liées à la vétusté du bâtiment.

"Les études sont très claires : même si l'amiante ne constitue pas un danger immédiat, c'est une situation insoutenable et le déménagement s'impose", a précisé Antonio Gravili, le porte-parole de Maros  Sefcovic à Bruxelles, cité par le Quotidien. Il a ajouté qu’il n’y a "pas d’urgence, pas de panique", mais juste "la volonté d’organiser dans le calme un transfert d’ici la fin de l’année. Le porte-parole avait pourtant confirmé trois cas de maladies professionnelles liées à l’amiante, dont un serait mortel, selon le Luxemburger Wort du 4 juillet 2014, tout en assurant qu’il n’y aurait pas de "risque imminent". Deux personnes seraient des techniciens-électriciens qui travaillaient au Jean-Monnet depuis longtemps, a précisé François Bausch, le ministre du Développement durable et de l’Infrastructure au Quotidien du 8 juillet 2014.

Le bâtiment Jean Monnet à Luxembourg / Source : cvce.eu (c) Union européenne, 1995-2013"Nous appliquons simplement le principe de précaution», a assuré Jean Asselborn, selon le Quotidien du 9 juillet 2014. Le groupe de travail, composé de hauts fonctionnaires luxembourgeois et européens, sera opérationnel ce mercredi 9 juillet 2014, selon le ministre qui s’est par ailleurs félicité que "le futur des institutions européennes est assuré au Luxembourg". "Notre but, c’est qu’il n’y ait pas un fonctionnaire en moins au Luxembourg", a-t-il déclaré sur les ondes de RTL, précisant que l’affaire ne devrait pas servir de prétexte pour réduire le nombre d’agents. "Il est clair que le bâtiment va être fermé et démoli", a-t-il ajouté.

Un risque "inconciliable" avec la politique de tolérance zéro annoncée par la Commission

Commandé par la Commission européenne, le rapport sur l’analyse de risque amiante a été conduit par la société belge Cresept. Il constate que "la seule solution réaliste pour éliminer complètement le risque pour la santé du personnel, dû aux nombreuses applications d’amiante présentes dans l’immeuble, est de l’évacuer et de transférer ses occupants vers d’autres sites". Le texte précise que le risque d’amiante est "inacceptable" au regard "des codes de bonne pratique et du niveau d’acceptation du risque amiante en vigueur au Luxembourg", mais aussi qu’il est inconciliable avec la politique de tolérance zéro annoncée par la Commission, en citant une communication du 13 juin 2013 de l’Office infrastructure et logistique (OIL). Les experts notent que les occupants du Jean-Monnet 1 ont été "exposés à plusieurs reprises à des doses supérieures aux valeurs admises" ce qui a engendré un risque pour leur santé "qui pourrait, pour quelques-uns d’entre eux, se concrétiser dans quelques années par une pathologie liée à l’amiante".

L’option de désamianter l’immeuble est jugée "irréaliste" par les experts de Crespelt, vu les coûts de cette opération. De plus, cette opération serait risquée à cause de l’endommagement des flocages fibreux et les enduits pare-feu sur les structures horizontales du bâtiment. "Ce "vice" peut constituer un risque d’effondrement rapide du bâtiment en cas d’incendie et causer un véritable drame", note le texte.

L’Union syndicale Luxembourg (USL) dénonce une "gestion irresponsable"

L’Union syndicale Luxembourg (USL) avait quant à elle dénoncé dans un communiqué daté du 4 juillet 2014 une "gestion irresponsable de tous les services de la Commission en charge" ainsi qu’une pratique de rétention et d'occultation. Le syndicat dénonce "l’ignorance, la résistance et les atermoiements aux interpellations des représentants du personnel" ainsi que "l'abandon de la part de l'institution de ses responsabilités en matière de protection de la santé de ses employés".

Le groupe de travail doit trouver des locaux pour environ 1700 agents, vu que la construction du nouveau bâtiment Jean-Monnet 2 s’achèvera seulement en 2023, selon le Quotidien qui cite le Fonds Kirchberg. "Il faudra composer en trouvant une variété de solutions", a dit  Antonio Gravili cité par le Quotidien. "Nous utiliserons d'autres bâtiments des institutions, des nouveaux immeubles plus petits... et nous avons également l'idée de développer le télétravail."