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Énergie - Environnement
Dans une tribune publiée dans le Wort, l’eurodéputé Claude Turmes s’inquiète de la dépendance de l’UE à l’égard du gaz russe et plaide pour des mesures ambitieuses en matière de climat et d’énergie
09-07-2014


Dans une tribune publiée dans le Luxemburger Wort daté du 9 juillet 2014, l’eurodéputé www.wort.luécologiste Claude Turmes fait part de ses craintes quant à l’orientation que prend la politique de l’UE en matière de sécurité énergétique et de lutte contre le changement climatique.

C’est dans le contexte de forte dépendance de l’UE à l’égard du gaz russe que l’eurodéputé vert inscrit sa tribune titrée "L’Europe, jouet de Poutine" : "un tiers du gaz et du pétrole consommé en Europe vient de Russie et va plus ou moins directement dans les caisses de Monsieur Poutine", relève en effet Claude Turmes. Dans "le rapport de forces géopolitiques" dont fait l’objet l’Ukraine, "Poutine n’hésite pas à montrer ses muscles et à utiliser les livraisons de gaz comme une arme", dénonce l’eurodéputé qui déplore "le manque de solidarité au sein des gouvernements et des entreprises énergétiques de l’UE" qui lui facilitent la tâche.

Des objectifs ambitieux en matière de climat et d’énergie donneraient "plus de marge de manœuvre à l’UE sur le plan géopolitique"

Or, pour réduire la dépendance de l’UE à l’égard du gaz russe, il faut des mesures ambitieuses au niveau de l’UE, plaide l’eurodéputé. Il rappelle justement les mesures prises entre 2008 et 2012, tant pour lutter contre le changement climatique que pour réduire la dépendance de l’UE à l’égard des importations d’énergie.

"En octobre les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE vont décider de la vision et des objectifs pour l’approvisionnement en énergie de l’Europe en 2030", souligne le parlementaire écologiste. Il serait de son point de vue "logique" de poursuivre les efforts engagés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de développement des énergies renouvelable, d’efficacité énergétique ou encore d’amélioration du réseau européen  de distribution. Autant d’éléments qui permettraient selon lui de donner "plus de marge de manœuvre à l’UE sur le plan géopolitique".

Le lobbying à l’œuvre

ClClaude Turmes, tête de liste du parti Déi Gréng, a été réélu le 25 mai 2014aude Turmes s’inquiète toutefois de l’action des lobbies de l’énergie, les grandes entreprises du secteur perdant selon lui des marchés et du pouvoir quand les citoyens investissent dans le solaire et l’éolien. L’eurodéputé ne manque pas de souligner que les grandes multinationales du pétrole et du gaz ne sont d’ailleurs pas perdantes non plus dans les importantes importations de gaz et de pétrole provenant de Russie. Il dénonce ainsi l’usage que font ces entreprises des contacts qu’elles ont avec certains chefs d’Etat, et il cite notamment "l’attaque frontale" menée récemment par le président polonais contre les priorités de l’UE en matière d’énergie et de climat : Donald Tusk exige plus de subventions pour les centrales à charbon et les gazoducs et défend l’exploitation des gaz de schiste, dénonce ainsi Claude Turmes. Autre exemple cité par Claude Turmes, le lobby atomique qui défend  par la voix du Premier ministre britannique, l’octroi de subventions pour les exploitants de centrales nucléaires.

Plus largement, l’eurodéputé dit voir le fruit de ce lobbying dans les propositions de la Commission Barroso : il dénonce ainsi la proposition de limiter le développement des énergies solaire et éolienne en Europe, ou encore la proposition d’abaisser de 0,5 % l’objectif actuel de réduction de 2 % de consommation énergétique dans le cadre de la directive sur l’efficacité énergétique.

"Une absurdité", selon Claude Turmes, "puisque la dépendance énergétique à l’égard du gaz russe durerait encore des décennies". L’eurodéputé estime ainsi que l’UE risque de perdre une immense chance de devenir indépendante du gaz russe d’ici 2030 si la proposition de Barroso devait être adoptée.

Sans compter que l’efficacité énergétique peut aussi aider à renforcer la compétitivité de l’industrie européenne et aider les citoyens à se prémunir contre l’augmentation des prix du pétrole et du gaz. "Et si nous ne remplacions ne serait-ce qu’un partie des 400 milliards que nous dépensons pour importer de l’énergie par des investissements en Europe, nous pourrions créer de nombreux nouveaux emplois, notamment dans le bâtiment", ajoute Claude Turmes.

Claude Turmes place donc tous ses espoirs dans la future Commission européenne : lors de leur Conseil européen de juin 2014, les chefs d’Etat et de gouvernement ont non seulement proposé de nommer Jean-Claude Juncker à la tête de cette institution, mais ils ont aussi mis l’accent sur l’efficacité énergétique, relève l’eurodéputé.