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Développement et aide humanitaire - Santé
A l’occasion d’une réunion d’urgence des ministres de la Santé consacrée à Ebola, la Commission annonce qu’elle va mener un audit des contrôles de dépistage au départ des pays affectés afin de les renforcer
16-10-2014


Les ministres de la Santé de l’UE se sont retrouvés à Bruxelles le 16 octobre 2014 pour une réunion de coordination consacrée à Ebola. Une réunion convoquée d’urgence par le commissaire en charge de la santé, Tonio Borg, et par la Présidence italienne, représentée par la ministre Beatrice Lorenzin.Beatrice Lorenzin et Tonio Borg lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du 16 octobre 2014 (c) Le Conseil de l'UE

C’est face à l’évolution inquiétante de la situation que cette réunion a été convoquée. "L’épidémie est sans précédent", a relevé en effet Tonio Borg en ouverture de la réunion : le nombre de personnes contractant le virus double en effet toutes les 3 à 4 semaines, a rappelé le commissaire.

Le risque d’épidémie est jugé très faible en Europe

La Commission européenne a insisté sur son engagement à aider les pays touchés et  à soutenir les efforts internationaux visant à contenir l’épidémie aussi vite que possible. La ministre luxembourgeoise de la Santé Lydia Mutsch, a souligné que tous les ministres étaient unanimes sur le fait que les pays touchés devaient recevoir le matériel, les formations et le personnel nécessaires, ainsi qu’elle l’a confié au Tageblatt.

Ce sont toutefois les récentes infections survenues sur le territoire de l’UE qui ont motivé les ministres, dont un des principaux soucis était de montrer que l’UE était prête à toute éventualité, quand bien même le risque d’épidémie est jugé "extrêmement bas" en Europe, comme n’ont pas manqué de le marteler Tonio Borg et Beatrice Lorenzin tout au long de la conférence de presse qui s’est tenue à l’issue de la réunion. Car si quelques cas d’infection restent possibles, les systèmes de santé sont tels qu’une épidémie serait très peu probable sur le territoire européen. Pour autant, il s’agissait de montrer que l’Europe était prête à agir le cas échant.

Pour la ministre de la Santé Lydia Mutsch, si le risque d'épidémie en Europe reste faible, il n'est pas pour autant inexistant. La situation justifie donc  à ses yeux que les États membres mettent en place les capacités nationales nécessaires pour y faire face. Lydia Mutsch a donc saisi l'occasion pour mettre en avant les procédures nationales qui ont été définies sous l'égide du Haut-Commissariat à la protection nationale dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola. C’est le Centre des maladies infectieuses du CHL qu’il s’agit de contacter en cas d’infection, et une coopération avec les structures hospitalières équivalentes à Düsseldorf, Strasbourg ou Nancy est prévue.

La ministre a soutenu l'idée de la France d'un mécanisme européen de coordination, basé sur un système de permanence. Lors de réunions bilatérales avec les ministres de la Santé belge et néerlandaise, Lydia Mutsch a pu avoir des échanges de vue plus poussés sur l'opportunité des mesures nationales à prendre.

La réunion n’avait pas comme objet de prendre des décisions, mais de discuter des possibles options offertes pour traiter du sujet.  "Nous devons assurer que les laboratoires, les hôpitaux et les services de santé publique sont prêts à réagir rapidement et à protéger nos citoyens pour stopper une éventuelle épidémie d’Ebola", a expliqué le commissaire.

Dépistages à l’entrée sur le territoire de l’UE : une idée qui ne fait pas l’unanimité

Mais l’objectif de cette réunion était principalement de permettre aux ministres de la Santé d’avoir un échange au sujet des mesures nationales en place ou envisagées concernant le contrôle à l'arrivée dans les aéroports de l'UE de passagers en provenance des pays principalement affectés (Guinée, Libéria, Sierra Leone). Les États-Unis et le Royaume-Uni ont mis en place des mesures de dépistage pour les voyageurs provenant des pays touchés par l’épidémie ; d’autres États membres, comme la France et la Grèce, l’envisagent. Le commissaire Tonio Borg, qui semblait plutôt en faveur de ce type de mesures, n’a toutefois cessé de rappeler que la décision relevait de la souveraineté nationale et que la Commission n’avait qu’un rôle de coordination en la matière.

Mais cette mesure a été loin de faire l’unanimité, comme il ressort du communiqué de presse diffusé par la Ministère de la Santé luxembourgeois à l’issue de la réunion. Le principal argument avancé contre de telles mesures étant que leur valeur ajoutée n’aurait pas été prouvée d’un point de vue scientifique. Seul point sur lequel les ministres se sont entendus en ce qui concerne ces contrôles de dépistage à l’entrée sur le territoire de l’UE : l’accent doit être mis sur la complémentarité des mesures en place aux points d’entrée des pays de l‘UE.

La Commission veut mener un audit des contrôles au départ des pays affectés par l’épidémie en vue de leur éventuel renforcement

Les ministres se sont montrés en revanche unanimes en vue d’un renforcement des contrôles au départ des pays principalement affectés : la Commission européenne va ainsi lancer un audit de l’efficacité des contrôles au départ de ces pays avec l’Organisation mondiale de la Santé. Ces contrôles sont d’autant plus aisés à conduire que le nombre d’aéroports internationaux est limité dans les pays concerné. Et c’est sans compter que les compagnies aériennes ont l’intention, quand elles ne le font pas déjà, d’établir des contrôles à bord.

Autre sujet sur lequel se sont entendus les ministres : des campagnes d’information vont être organisées au niveau national. Il s’agira notamment d’informer les passagers, les personnels de bord et de sol, mais aussi les professionnels de santé sur les symptômes et les mesures à prendre en cas de risque d’infection.

Un atelier est par ailleurs prévu le 4 novembre 2014 en vue de mettre en place, sur une base volontaire, un réseau de cliniciens au niveau européen, ainsi que l’a déjà fait l’OMS. Il s’agira de "voir s'il faut modifier les procédures de prise en charge" des malades dans les hôpitaux.

La traçabilité des personnes provenant des pays affectés a aussi été un des sujets évoqués par les ministres et la ministre italienne a insisté sur une intensification des échanges d’informations. Tonio Borg a ainsi évoqué la possibilité d’utiliser les données existantes, comme le système de visas Schengen qui permet d’identifier les personnes ayant introduit une demande de visa depuis les pays infectés, ou encore les données recueillies par les transporteurs, qui pourraient permettre d’anticiper l’arrivée de personnes infectées.  La Commission s'est ainsi engagée à "travailler sur une base de données" qui permettrait aux Etats membres de suivre les voyageurs à risque.

La Commission européenne doit également examiner si le dispositif européen d'achats groupés de vaccins récemment instauré pourrait être utilisé pour l'achat des matériels médicaux (gants, combinaisons, masques...) requis pour faire face à Ebola.

Autre préoccupation des ministres, l’évacuation par voie aérienne des ressortissants de l’UE et des travailleurs de l’ONU et des ONG. Tonio Borg a évoqué des contacts avec les autorités américaines afin d’utiliser les avions dont elles disposent pour évacuer les ressortissants de l’UE.  Le communiqué de presse du Ministère souligne à ce sujet que la Commission européenne a salué les investissements du Luxembourg dans ce domaine.