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Bilan compétitivité 2014 – Le Luxembourg progresse de sept places pour arriver à la 6e position au niveau de l’Union
28-10-2014


la Secrétaire d’Etat à l’Economie, Francine Closener a présenté le Bilan compétitivité 2014L’édition 2014 du "Bilan Compétitivité" de l’Observatoire de la Compétitivité (ODC) a été présentée à la presse le 28 octobre 2014 par la Secrétaire d’Etat à l’Economie, Francine Closener, et le directeur du STATEC, Serge Allegrezza.

Ce rapport, titré "Une économie résiliente", montre que la position compétitive globale du Luxembourg s’est améliorée de sept places, faisant suite à une détérioration continue au fil des dernières années. Ainsi, le Luxembourg arrive en 6e position par rapport aux Etats membres de l’UE, comme en 2010. En 2012, il n’arrivait qu’à la 13e place. Le Bilan Compétitivité 2013 de l’OCD qui célébrait la dixième édition du tableau de bord de compétitivité était alors intitulé "une évolution en dents de scie". 

Dans le cadre de la stratégie Europe 2020, l’ODC surveille la trajectoire du Luxembourg dans la poursuite des cinq objectifs qu'il s'est fixés en avril 2011. Le Bilan compétitivité 2014 qui dresse un état des lieux des objectifs nationaux du Luxembourg, est donc une évaluation de mi-parcours de cette stratégie. Il analyse également la performance du Luxembourg dans le cadre de la surveillance des déséquilibres macroéconomiques, introduite par la nouvelle gouvernance économique.

En 2013, le Luxembourg se situe donc devant la France, l’Allemagne et l’Autriche qui l’avaient dépassé en 2012

En 2013, le Luxembourg se situe donc devant la France, l’Allemagne et l’Autriche qui l’avaient dépassé en 2012. Juste devant lui arrivent la Finlande, puis le Royaume-Uni. Comme les années précédentes, la Suède arrive à la première position, suivie du Danemark et des Pays-Bas. Derrière le Luxembourg suivent la France, l’Autriche, l’Allemagne et la Lettonie. Avec la Finlande, ces six pays forment un groupe qui affiche des résultats très proches dans le cadre de l’indice synthétique, une valeur qui est un résultat d’un calcul impliquant 78 indicateurs économiques, sociaux et environnementaux répartis en dix catégories comme les performances macro-économiques, l’emploi ou la cohésion sociale.

Le directeur du STATEC, Serge Allegrezza, lors de la présentation du Bilan compétitivité 2014Néanmoins, la position du Luxembourg est relativement stable, a indiqué Serge Allegrezza, précisant que la notion de compétitivité est relative, puisque la détérioration d’une valeur peut simplement dire "que les autres pays se sont beaucoup améliorés" et plus rapidement que le Luxembourg, tout en faisant allusion à une "course" qui demande "d’immenses efforts".

Selon les conclusions du rapport, "une hausse ou baisse dans le classement ne veut pas dire que les performances du Luxembourg se soient améliorées ou détériorées pendant l’année écoulée. Une évolution peut aussi provenir du fait que d’autres pays ont subi plus ou moins sévèrement que le Luxembourg les effets de la crise. Il est primordial de bien tenir compte de cette relativité dans les comparaisons internationales".

Serge Allegrezza estime d’ailleurs que la position de la France, qui arrive à la 7e place, contrarie le "french bashing", les appels alarmants sur la situation économique "mauvaise" en France.

Quatre indicateurs majeurs classent le Luxembourg entre la 4e et la 8e place au niveau de l’Union

Le rapport de l’OCD compile une trentaine d’évaluations et indicateurs composites de la compétitivité ("benchmarks"). Ces évaluations sont importantes, puisque des investisseurs potentiels les consultent. Le bilan expose quatre classements majeurs, qui arrivent à des conclusions comparables au tableau de bord national de l’OCD, en classant le Luxembourg entre la 4e et la 8e place au niveau de l’Union. Dans le "Global Business Report" du WEF, qui compare 144 pays, le Luxembourg a gagné une place pour arriver 8e au sein de l’UE (19e place au niveau mondial). Le "World Competitiveness Yearbook" de l’IMD voit le Luxembourg même à la 4e position au sein de l’Union (et 11e au niveau mondial) – il compare 60 pays. Sur l’index de la liberté économique de la Heritage Foundation , qui compare 186 pays, le Luxembourg arrive à la 6e place dans l’Union (et 16e au niveau mondial). Pour la Commission européenne, le Luxembourg arrive à la 5e position au sein de l’Union. Le rapport note que les évaluations annuelles des pays dans les classements sont à noter "avec un certain recul" en raison des changements méthodologiques qui peuvent avoir eu lieu.  

Le tableau de bord national de la compétitivité a été mis en place en 2004 dans le cadre du rapport Fontagné en concertation avec les partenaires sociaux qui ont défini la compétitivité comme "la capacité d’une nation à améliorer durablement le niveau de vie de ses habitants et à leur procurer un haut niveau d'emploi et de cohésion sociale tout en préservant l’environnement". Selon Serge Allegrezza, le concept de compétitivité utilisé dans le tableau de bord national ne se réduit pas à la seule notion de "coûts" (comme les coûts de travail" et la productivité), mais inclut également des facteurs "qualitatifs" (ou "non-coûts") comme l’environnement, la cohésion sociale et l’éducation.

Le Luxembourg détient la première place en ce qui concerne les performances macroéconomiques

compet-classement-lux-categoriesCe classement est basé sur 78 basé indicateurs, répartis en dix catégories :

  1. les performances macroéconomiques (LU : 1er, inchangé)
  2. l’emploi (LU : 12e, -1 )
  3. la productivité et le coût du travail, (LU : 12e, + 9)
  4. le fonctionnement des marchés (LU 14e, +1)
  5. le cadre institutionnel et réglementaire (LU : 3e, -1)
  6. l’entrepreneuriat (LU : 18e, +1)
  7. l’éducation et la formation (LU : 11e, -3)
  8. l’économie de la connaissance (LU : 8e, inchangé)
  9. la cohésion sociale (LU : 8e, -3)
  10. l’environnement (LU : 26e, +1)

Le Luxembourg détient la première place en ce qui concerne les performances macroéconomiques du pays, et il est suivi par la Suède et la Lettonie (l’Allemagne est 9e, la France 10e, la Belgique 19e). Le Luxembourg arrive en 3e position en matière de cadre institutionnel et réglementaire (l’Allemagne est 11e, la France 20e, la Belgique 22e). Devant le Luxembourg se classent l’Irlande et le Royaume-Uni.

En outre, le Luxembourg est 8e en matière d’économie de la connaissance (l’Allemagne est 4e, la France 10e, la Belgique 22e) et de cohésion sociale (l’Allemagne est 17e, la Belgique 9e, la France 7e). Quant à la cohésion sociale, Francine Closener a remarqué une "détérioriation". Selon le rapport, 4 sur 5 indicateurs se sont détériorés, dont le taux de risque de pauvreté après transferts sociaux.

Le Luxembourg est cependant moins bien classé en matière d’entrepreneuriat (il est 18e, l’Allemagne est 27e, la Belgique 21e, la France 11e). A la dernière place arrive la Suède, à la première la Lettonie.

En matière d’environnement, le Luxembourg est presque la lanterne rouge (il est 26e, l’Allemagne est 21e, la Belgique 23e, la France 19e). Aux dernières places arrivent Chypre et Malte, à la première la République tchèque, suivie de la Roumanie.

Quant à la catégorie "productivité et coût du travail", le rapport note que trois indicateurs se sont améliorés par rapport à l’année précédente. Ainsi, la productivité globale des facteurs a baissé de 0,10 points. Le Luxembourg détient actuellement la 15e place dans l’UE – pourtant sa productivité globale des facteurs reste inférieure à la moyenne européenne. En ce qui concerne les coûts salariaux unitaires,  ceux-ci " se sont améliorés", note le rapport, pour augmenter de 2,7 points - ils demeurent supérieurs à la moyenne communautaire. Le Luxembourg détient la 23e position dans ce volet. Le CSU nominal, qui est aussi retenu par l’UE dans la procédure de suivi des déséquilibres macroéconomiques, compare le cout salarial unitaire nominal domestique à celui des principaux pays partenaires commerciaux. Il intègre ainsi le cout salarial moyen d’une économie et le niveau de productivité. "Ce sont des chiffres qui vont fâcher certains", a noté Serge Allegrezza, sans nommer les syndicats et les fédérations patronales.

Le directeur du STATEC, Serge Allegrezza, indique que la mauvaise position du Luxembourg en matière d’environnement est liée au tourisme à la pompe, qui a selon lui "ses avantages et mais aussi ses inconvénients". Pour ce qui a trait à l’entrepreneuriat, le directeur du STATEC a indiqué qu’une une nouvelle étude a été lancée par le ministère de l’économie pour analyser comment améliorer l’esprit d’entrepreneuriat. Francine Closener a noté que beaucoup de résidents qui aimeraient se mettre à leur compte "n’osent pas le faire".

La mutation de la structure de l’économie luxembourgeoise ne provient pas uniquement de la désindustrialisation

L’évolution de la structure de la somme de la valeur ajoutée brute dans l’économie luxembourgeoise pourrait amener à croire qu’une désindustrialisation très poussée a eu lieu au Luxembourg au cours des dernières décennies. Le Bilan indique qu’une tertiarisation de l’économie luxembourgeoise a eu lieu, mais qu’en même temps, "les applications des technologies de l’information et de la communication sont devenues de plus en plus présentes dans le processus de production et ont permis une augmentation de la productivité des services ainsi qu’une fourniture de services à un coût marginal moindre tout en mettant en avant les effets d’échelle des services".

Ensuite, une diminution du nombre d’emplois dans le secteur industriel traditionnel a eu lieu car de nombreuses activités ont été "sous-traitées par des entreprises industrielles à des fournisseurs de services spécialisés". Ceci explique selon le rapport que la distinction traditionnelle entre services et industrie est devenue "plus floue". Ainsi, selon Serge Allegrezza, "cela n’ pas de sens de se focaliser sur l’industrie manufacturière" prise dans son sens traditionnel.

Les chiffres du "Bilan Compétitivité" ne tiennent pas encore compte des mesures d’économie annoncées par Xavier Bettel le 14 octobre 2014

En réponse à une journaliste, Francine Closener a indiqué que les mesures du "paquet d’avenir" n’ont pas encore été intégrées dans le Bilan actuel, spécialement dans les prévisions macroéconomiques. Les chiffres ont en effet été estimés avec un postulat d’une "politique inchangée". Francine Closener a expliqué que pour connaître l’impact des mesures d’économies sur la compétitivité du Luxembourg, il faut analyser le Bilan de 2015.

Francine Closener estime qu’il est nécessaire de mettre à jour les indicateurs

En analysant la pertinence des indicateurs, Francine Closener a indiqué il n'y a pas d'indicateur pour mesurer l'efficacité de l’éducation. La Secrétaire d’Etat à l’économie a indiqué que "cela fera partie des points à améliorer dans la mise à jour des indicateurs". Pour ce faire, le Ministère de l’économie va coopérer avec le comité économique et social et les partenaires sociaux et créer un groupe de travail interministériel.

Le bilan de l’ODC servira de base au débat public sur la compétitivité qui aura lieu à la Chambre des députés avant la fin de l’année.