Le Lëtzeburger Bauer, l’organe de la Centrale paysanne, a publié le 3 octobre 2014 un éditorial qui évoque la chute des prix dans le secteur laitier en raison de plusieurs facteurs : une surproduction sur les marchés européen et mondial que l’embargo russe et une demande en baisse de la Chine sont venus renforcer.
L’article critique dans ce contexte la mesure prise le 23 septembre 2014 par la Commission européenne qui a stoppé les mesures de soutien aux producteurs de fromages frappés par l’embargo russe "suite à une augmentation disproportionnée de l'intérêt pour cette mesure de la part de producteurs de fromages dans certaines régions qui, traditionnellement, n'exportent pas d'importantes quantités de produits vers la Russie". Le Lëtzeburger Bauer écrit : "L’arrêt des mesures de soutien n’aide sûrement pas à faire face à une situation pourtant tendue sur les marchés laitiers."
La Centrale paysanne poursuit : "Depuis le début de l’embargo russe, début août, les prix du beurre ont baissé de 9 %, ceux du lait entier en poudre de 14,6 % et ceux du lait écrémé en poudre même de 18,5 %". Ces chiffres sont liés à une surproduction mondiale - + 4,9 % dans l’UE, + 16 % en Nouvelle-Zélande, + 5 % en Australie, + 2,3 % aux USA - et sont renforcés par l’embargo russe et la baisse de la demande chinoise. Au Luxembourg, la production a augmenté de 5 %. La tendance générale à la surproduction est corroborée par de nombreuses autres sources européennes officielles et professionnelles. Les marges des producteurs se réduisent donc, rongées de surcroît par les super-amendes pour dépassement de quotas.
La Centrale paysanne réitère donc ses revendications en faveur d’une correction de la teneur en matière grasse et d’une réduction des super-amendes. Mais elle reconnaît que cela est difficilement faisable pour 2014, ce pour des raisons financières et parce qu’il n’y a pas de consensus politique au Conseil et à la Commission dans ce sens. La balle est donc, selon elle, dans le camp des producteurs qui doivent prendre des mesures pour réduire leur production.
La Centrale paysanne craint néanmoins que la dynamique actuelle de la surproduction, qui s’est déjà fait sentir avant l’embargo russe, ne conduise à une "guerre du lait". Elle recommande donc aux autorités nationales et européennes de renforcer les "filets de sécurité" qui sont d’ores et déjà en place : des aides pour la conquête de nouveaux marchés pour les produits laitiers et la fixation de plafonds nationaux pour contrer la baisse des prix et stabiliser le secteur laitier.