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Changement climatique - Énergie
Audition des commissaires désignés au Parlement européen - Alenka Bratušek, ancienne Première ministre de Slovénie, n’a pas réussi à convaincre les députés de son aptitude pour le poste de vice-présidente et de commissaire à l'Union de l'énergie
06-10-2014


Alenka Bratusek, candidate au poste de vice-présidente et commissaire à l'Union de l'énergie lors de son audition le 6 octobre 2014 (Source : PE)Alenka Bratušek, ancienne Première ministre de Slovénie, n’a pas réussi à convaincre les députés de son aptitude pour le poste de vice-présidente de la Commission et de commissaire à l'Union de l'énergie, lors de son audition devant les commissions de l'industrie, de la recherche et de l'énergie ainsi que de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire le 6 octobre 2014. Alors qu’elle a présenté de manière générale ses objectifs pour une Union résiliente sur le plan de l’énergie et une réduction de la dépendance énergétique de l’Union, les députés ont dénoncé des réponses trop vagues.

Née le 31 mars 1970 à Celje en Slovénie, la libérale Alenka Bratušek est l’une des plus jeunes commissaires dans l’équipe de Jean-Claude Juncker. Elle est également la première femme à avoir dirigé un gouvernement en Slovénie depuis l’indépendance. Portée à ce poste suite à une affaire de corruption de son prédécesseur, Janez Janša (condamné à deux ans de prison ferme), Alenka Bratušek entame une politique d’austérité drastique et évite ainsi un sauvetage financier international. En mai 2014, elle démissionne après sa défaite lors du congrès de son parti. Elle est accusée de s'être auto-désignée pour Bruxelles juste avant de quitter son poste de Premier ministre.

Diplômée d’un master en gestion des organisations à but non lucratif, elle a travaillé au ministère de l’Economie ainsi qu’au ministère des Finances, notamment à la tête de la direction du budget où elle était responsable du budget national, du financement des collectivités locales et de l'utilisation des fonds européens, selon son Curriculum Vitae. Entre 2007 et 2008, elle prend une part active à la préparation de la présidence slovène du Conseil de l’Union européenne, en dirigeant le sous-groupe "budget". En 2011, elle est élue députée et occupe en tant que suppléante la présidence de la commission parlementaire chargée du contrôle des finances publiques.

Alenka Bratušek veut réduire la dépendance énergétique de l'Union

Lors de son audition, Alenka Bratušek s’est engagée à œuvrer pour la mise en œuvre d’une Union résiliente sur le plan de l’énergie, fidèle à la lettre de mission que lui a envoyé Jean-Claude Juncker. Elle a présenté plusieurs objectifs : achèvement du marché intérieur, promotion des énergies renouvelables, durabilité, renforcement des interconnexions, développement des infrastructures et sécurité d’approvisionnement. Elle appelle à réduire la consommation d'énergie et augmenter la sécurité énergétique de l’Union dans le but d’une transition vers une économie à faible intensité de carbone, conformément à la stratégie pour la sécurité énergétique proposée par la Commission européenne en mai 2014. La Slovène souligne que tous ces objectifs ne doivent pas entraver la compétitivité de l’Union. Elle s’engage à faciliter la mise en œuvre rapide des projets d’intérêt commun, comme c’est proposé dans la stratégie.

Alenka Bratušek rappelle que l’Union importe 53% de son énergie et que 20 % des importations sont consacrées à l’énergie. Elle souligne que six Etats membres dépendent à 100 % des importations de gaz d’un seul pays, la Russie. Elle précise que la relation avec la Russie est une "question cruciale" à court terme, mais qu’il ne faut pas s’arrêter là, insistant que d’autres questions pourront à long terme être plus dangereuses pour l’Europe. Afin de réduire la dépendance de la Russie, elle juge que l’Union a besoin d’une modernisation de l’infrastructure et cela de "manière urgente". Ce sera un "défi majeur" d’obtenir des financements pour cette modernisation, estime Alenka Bratušek qui veut élaborer des mécanismes financiers innovants pour encourager et mobiliser des investissements. Elle espère qu’une contribution importante du paquet investissement de 300 milliards promis par Jean-Claude Juncker reviendra à son portefeuille.

La candidate a mis en avant sa "touche féminine pour apaiser les choses", ajoutant qu’elle a "l'habitude de travailler dans des circonstances particulièrement stressantes". Elle se félicite également d’avoir œuvré à la bonne mise en œuvre du troisième paquet de libéralisation du marché intérieur de l'énergie en Slovénie.

Alenka Bratušek estime qu’il faut créer un véritable marché intérieur de l'énergie, tant à l'échelle de l'UE que dans le voisinage immédiat et diversifier les sources et les fournisseurs d'énergie, tout en mettant en commun les infrastructures énergétiques dans l'ensemble de l'UE.

Quant à son rôle de négociateur lors des grands rendez-vous internationaux sur le climat à venir comme la conférence de Paris en 2015, la candidate estime que l’Union ne pourra pas résoudre à elle seule le problème et qu’il faut trouver des partenaires internationaux. Elle estime qu’il faut tout faire pour atteindre les objectifs climatiques que l’Union s’est donnée pour 2030, mais que la compétitivité de l’industrie reste tout de même la "première priorité". Selon elle, l’Union pourra seulement sortir du "dilemme de l’énergie" par l’investissement dans des technologies écologiques et par une efficacité énergétique plus verte, qu’il faudra atteindre entre autre par la rénovation du parc immobilier qui représente 40 % de la consommation énergétique. La Slovène dit craindre que l’Union risque de perdre sa place de numéro un sur le marché mondial des énergies renouvelables au profit d'acteurs émergents tels que la Chine ou le Brésil.

Les députés dénoncent des réponses trop vagues

La réaction des députés étaient plutôt mitigée.

Le groupe PPE s’est dit "déçu" des "réponses vagues et trop générales" données par la candidate libérale, notamment "en comparaison avec Miguel Arias Cañete”, désigné pour le poste de commissaire à l'Energie et au Climat, Alenka Bratušek. Le député Krišjānis Kariņš  a critiqué une "performance faible", soulignant que l’énergie mérite "plus d’ambition" et un "commissaire plus fort". Le député Peter Liese a regretté que la Slovène ne se soit pas excusée pour avoir chanté une chanson glorifiant le communisme lors d’un évènement où les différents orateurs descendent en flammes l'UE, selon les médias.

Julie Girling (ECR) a critiqué le fait que la candidate s’est livrée, selon elle, à des "déclarations ternes" et des "répétitions".

Bas Eickhout (Verts/ALE) lui a demandé de "préciser" ses objectifs au lieu d’évoquer "une situation générale difficile alors que nous savons tous qu’elle est difficile".

L’eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes (Verts/ALE) a déclaré qu’il est resté "dans le brouillard" après l’audition de la candidate slovène. "Rien n’était clair, elle était si peu précise, c’est incroyable ! Elle ne savait même pas qui va négocier pour l’Europe lors des négociations internationales sur le climat alors qu’elle sera vice-présidente. Ce n’est définitivement pas un bon signe", s’est emporté le député, jugeant que ces négociations sont "la chose la plus importante" au niveau international et en vue de la conférence de Paris en septembre 2015.