Maroš Šefčovič, commissaire désigné au Transport et à l’Espace, a été auditionné par les eurodéputés des commissions Transports et tourisme (TRAN) et Industrie, recherche et énergie (ITRE) le 30 septembre 2014.
Diplômé en droit et en économie, Maros Sefcovic maîtrise les trois langues de travail de la Commission ainsi que le russe, précise son CV. Ce diplomate de carrière slovaque est actuellement vice-président de la Commission Barroso II sortante où il était en charge des Affaires interinstitutionnelles et de l’Administration. Entré à la Commission en 2009 pour y remplacer Jan Figel démissionnaire, il a auparavant été conseiller du vice-ministre tchécoslovaque des Affaires étrangères, secrétaire et consul à l'ambassade de la République fédérale tchèque et slovaque au Zimbabwe en 1992, puis à l'ambassade à Ottawa. Nommé directeur du cabinet du ministre des Affaires étrangères en 1998, il est ensuite envoyé comme ambassadeur à Tel Aviv. Maroš Šefčovič a ensuite été représentant permanent de la Slovaquie auprès de l'Union européenne à partir de 2004.
Un des éléments frappants du discours de Maroš Šefčovič lors de son audition par les parlementaires européens a été son souci affiché des questions sociales, un aspect pourtant absent de la lettre de mission qui lui a été adressée par Jean-Claude Juncker. Améliorer le dialogue social fait ainsi partie des intentions répétées à plusieurs reprises par le candidat commissaire.
C’est d’ailleurs cet aspect social qu’a spontanément relevé l’eurodéputé luxembourgeois Georges Bach (PPE), qui a participé à l’audition en tant que membre de la commission TRAN. L’ancien syndicaliste a en effet salué "l’approche sociale" affichée, et ce notamment parce qu’elle tranche avec le peu de sensibilité dont a pu faire preuve son prédécesseur à l’égard des questions sociales. "Il a promis de tenir compte des conséquences sociales de toute nouvelle proposition législative ou analyse d’impact", se réjouit Georges Bach qui estime que c’est là une démarche particulièrement importante pour le transport routier.
La question du dumping social régulièrement dénoncé dans le secteur du transport routier a en effet été un des sujets importants de cette audition, et Georges Bach s’est réjoui de l’engagement pris par Maroš Šefčovič de proposer un code social pour les travailleurs mobiles. Sur la question du cabotage, Maroš Šefčovič déplore que cette pratique soit "injustement liée au dumping social" et il a annoncé qu’il examinerait la situation et proposerait une réglementation "simple et équilibrée".
Sur cet aspect comme sur d’autres, Maroš Šefčovič a affiché sa volonté de voir le droit existant mieux appliqué : "la bonne application du droit de l’UE n’est pas négociable", a en effet le candidat commissaire pour mot d’ordre.
En ce qui concerne le quatrième paquet ferroviaire, Maroš Šefčovič a opposé une fin de non-recevoir aux députés désireux de voir scinder les volets technique et politique du quatrième paquet ferroviaire. Il importe en effet à ses yeux de préserver le paquet législatif dans son intégralité, même s’il a affiché sa volonté d’avancer sur le volet technique dans la mesure où il est bien conscient de l’urgence qu’il y a à agir, tant en termes de sécurité que d’intégrité du marché intérieur. Son objectif est de parvenir à un accord assez simple et solide pendant son mandat de façon à éviter d’avoir à proposer un cinquième paquet ferroviaire. L’eurodéputé Georges Bach a notamment apprécié la position du candidat commissaire sur le fait qu’il n’est "pas absolument nécessaire d’avoir un modèle unique pour l’Europe". Selon Maroš Šefčovič, plusieurs modèles peuvent coexister, à condition qu’il n’y ait pas de discrimination et que des transferts financiers entre infrastructures et opérateurs comme ceux pratiqués par DB Netz (qui a utilisé des fonds publics destinés à des investissements en infrastructure pour acheter d’autres opérateurs) soient interdits.
Interpellé par Georges Bach sur les droits des passagers, un dossier qui risque d’être bloqué au moins jusqu’aux élections britanniques du printemps prochain en raison d’un différend entre Espagne et Royaume-Uni sur Gibraltar qui bloque tous les dossiers ayant trait à l’aviation, Maroš Šefčovič a affirmé que toute proposition de sa part placerait bien évidemment le passager au centre du dispositif. Le candidat commissaire a assuré qu’il souhaitait plus de clarté dans ce dossier.
Sur le ciel unique européen, Maroš Šefčovič a affiché sa déception à l’égard de progrès "limités et décevants" en matière de gestion du trafic aérien. Il s'est dit frustré que les États membres soient prêts "à perdre 5 milliards d'euros par an, plutôt que d'améliorer le système".
Pour ce qui est du financement des projets d’infrastructure, Maroš Šefčovič a souligné qu'il ferait de la règle "use it or lose it" son principe à propos des fonds européens à disposition des États membres.
Interrogé sur le projet de péage allemand, Maroš Šefčovič a clairement fait comprendre que cette idée ne lui plaisait pas, ainsi que l’a rapporté Georges Bach à Europaforum.lu. Le candidat commissaire plaide en effet en faveur du principe pollueur-payeur, ce qui lui ferait préférer à une vignette annuelle un système tenant compte de la distance parcourue et de la pollution engendrée. Dans tous les cas, aucune discrimination ne saurait être acceptée.
Les réactions qui ont suivi l’audition de Maroš Šefčovič n’ont guère laissé planer de doute quant au soutien dont il pourra bénéficier de la part d’une majorité de parlementaires. Le lendemain de son audition, les coordinateurs de la commission TRAN ont d’ailleurs donné leur feu vert à ce candidat.
Maroš Šefčovič a ainsi su faire "très bonne impression" a un grand nombre d’eurodéputés, au premier rang desquels l’eurodéputé luxembourgeois Georges Bach (PPE), qui le juge très professionnel et très bien préparé. Selon Georges Bach, il ne fait pas l’objet de grandes contestations au sein de la commission Transports, ce qui tient en partie au fait qu’il a beaucoup d’expérience dans ses relations avec le Parlement européen en tant que vice-président de la Commission chargé des affaires interinstitutionnelles.
Du côté du groupe S&D, le soutien est clair : "Maroš Šefčovič s'est montré compétent pour exercer ce nouveau mandat" affirme un communiqué du groupe qui note aussi les bonnes relations que l’actuel vice-président de la Commission a su entretenir avec le Parlement européen. Ismail Ertug, porte-parole S&D pour les transports, a notamment salué "son engagement de promouvoir un paquet social pour le secteur du transport".
Le candidat commissaire a aussi fait bonne impression auprès de Roberts Zile, coordinateur ECR de la commission TRAN. L’eurodéputé conservateur a souligné son professionnalisme et son expérience, ainsi que sa bonne connaissance des dossiers.