Les ministres européens de la Défense se sont retrouvés au sein du Conseil "Affaires étrangères" (CAE) de l’Union européenne (UE), qui se réunissait dans sa formation "Défense", le 18 novembre 2014 à Bruxelles, au lendemain de la rencontre de leurs homologues en charge des Affaires étrangères.
Leur réunion semestrielle était notamment consacrée à la situation en matière de sécurité dans le voisinage élargi de l'Union ainsi qu’à un état des lieux des opérations militaires de l'UE, en présence du Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg. Le Conseil a aussi été l’occasion de tenir un débat consacré aux perspectives de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et a permis de dégager plusieurs décisions relatives à la coopération entre les Etats membres en matière de défense, à la cyberdéfense et au soutien au renforcement des capacités des Etats tiers. Le vice-Premier ministre luxembourgeois et ministre de la Défense, Etienne Schneider, y représentait le Luxembourg.
Le 18 novembre 2014, les ministres européens se sont tout d’abord rencontrés dans le cadre du comité directeur de l'Agence européenne de défense (AED) lors d’une session qui précède traditionnellement le CAE "Défense". Ils y ont notamment procédé à un échange de vues sur la mise en œuvre des conclusions du Conseil européen de décembre 2013 (dont le premier jour avait été consacré aux questions de PSDC) ainsi que sur les propositions de l’Agence relative au développement de mesures incitatives à la coopération – des mesures fiscales et des projets de passation de marchés mutualisés.
"Le Conseil se félicite des résultats obtenus par l’AED en 2014, en particulier sa contribution à la réalisation des affectations […] du Conseil européen de décembre 2013 [et] salue les progrès réalisés par les États membres avec le soutien de l’AED dans les projets et programmes de mise en commun et de partage» lit-on dans les conclusions diffusées par le Conseil. Ces programmes visent les domaines "capacitaires essentiels" du "ravitaillement en vol", des "systèmes d'aéronefs télépilotés", des "télécommunications gouvernementales par satellite" et de la "cyberdéfense" comme le demandaient les chefs d’Etat et de gouvernement en décembre 2013.
Dans ce contexte, Etienne Schneider a souligné que les ministres avaient "encouragé l’AED à continuer son soutien aux Etats membres dans le cadre des quatre programmes-phare en matière de développement conjoint de capacités", lit-on dans un communiqué diffusé par le ministre luxembourgeois de la Défense. Les ministres européens ont par ailleurs émis le souhait que l’AED "collabore davantage avec la Commission" et "continue ses efforts pour intensifier la coopération entre États membres en matière de défense", relève encore le communiqué du ministre luxembourgeois.
Le Conseil a en outre approuvé l'établissement du budget 2015 de l’AED à 30,5 millions d’euros, budget dont "l’adoption formelle […] suivra", lit-on dans les conclusions du Conseil. Enfin, lors d’une session restreinte consacrée à la succession de l’actuel directeur général de l’AED, Marie-France Arnould, dont le mandat arrivera à échéance le 15 janvier 2015, le ministre luxembourgeois, Etienne Schneider, a annoncé une candidature luxembourgeoise à ce poste.
Lors du CAE "Défense" en tant que tel, les ministres ont ensuite passé en revue les cinq opérations militaires de l’UE en cours et ont débattu de la situation sécuritaire dans le voisinage élargi de l’UE, en particulier des crises en Ukraine, en Iraq et en Syrie, avec le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Ce dernier a entre autres émis le souhait d’une "coopération plus étroite avec l’UE en ce qui concerne les nombreux défis qui se posent aux frontières de l’UE et de l’OTAN", relève le communiqué du ministre luxembourgeois.
Lors du déjeuner, les ministres ont par ailleurs tenu un débat consacré aux perspectives de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) de l'UE, "celle-ci étant appelée à assumer des responsabilités accrues en tant que pourvoyeur de sécurité", précisait la note d’information diffusée par le Conseil en amont de la rencontre. Ce débat a notamment permis un premier échange de vues sur la préparation du Conseil européen de juin 2015 qui sera consacré aux questions de PSDC.
Dans ses conclusions, le Conseil souligne ainsi que "l’environnement sécuritaire de l'Europe évolue considérablement, rapidement et de façon spectaculaire" et que "les conflits en cours et l'instabilité dans notre voisinage immédiat et plus large, comme en Irak, en Libye, au Sahel, en Syrie et en Ukraine, restent une cause particulière de grande préoccupation". Ce mélange de défis "de longue date" et de défis "émergents" en matière de sécurité "peut avoir des effets à long terme sur la sécurité européenne et sur la paix et la stabilité internationales", relève encore le Conseil, qui appelle la nouvelle Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini et la Commission à réaliser une évaluation de la situation internationale et des perspectives pour l’UE en vue du Conseil européen de juin 2015.
L’UE et ses Etats membres ont "un rôle important à jouer à travers son approche globale unique pour la prévention et la gestion des conflits et de leurs causes", appuient encore les conclusions qui soulignent aussi "l'importance de travailler avec ses partenaires, en particulier l'ONU, l'OTAN, l'OSCE et l’Union africaine", y lit-on.
"À l’instar de nombreux autres Etats membres, le Luxembourg juge une révision de la Stratégie européenne de sécurité nécessaire afin de refléter les évolutions sécuritaires dans le monde et le rôle à jouer par l’UE", a indiqué le ministre luxembourgeois de la Défense dans son communiqué qui relève que "le Luxembourg a également souligné l’importance pour l’UE de coopérer davantage avec l’OTAN". Enfin, le Luxembourg a exprimé le souhait que les travaux sur le concept "Train and Equip" – qui consiste à faciliter la fourniture d’équipements aux forces de sécurité des pays dans lesquels l’UE assure des formations dans le cadre de ses missions et opérations internationales – "aboutissent lors du Conseil européen de juin 2015".
Etienne Schneider a par ailleurs profité de la réunion qui se déroulait pour la première fois sous la présidence de la nouvelle Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, pour inviter cette dernière "à se rendre au Luxembourg dans un avenir proche" dans le cadre de la préparation de la future Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE qui se déroulera au second semestre de l’année 2015.
Dans ce contexte, le Conseil a par ailleurs adopté plusieurs décisions relatives à la coopération entre les Etats membres en matière de défense, à la cyberdéfense et au soutien au renforcement des capacités des Etats tiers.
Le Conseil a ainsi adopté un cadre politique pour la coopération systématique et à long-terme en matière de défense. Destiné à "approfondir la coopération en Europe", ce cadre stratégique "guidera les approches de coopération des États membres, à travers leurs processus décisionnels nationaux, pour ce qui relève du développement des capacités de défense", cela "en parfaite cohérence avec les processus existants de planification de l'OTAN", lit-on dans les conclusions du Conseil. Concrètement, ce cadre vise à favoriser une coopération accrue en particulier dans l'acquisition d'équipements militaires, d’abord aux premières étapes du processus d'acquisition (définition commune des besoins et des spécifications techniques) puis dans l'exploitation des équipements.
En matière de cyberdéfense, le Conseil a également adopté un cadre politique qui met l'accent sur plusieurs points. Il s’agit ainsi de "soutenir le développement des capacités de cyberdéfense des États membres liées à la PSDC", de "renforcer la protection des réseaux de communication utilisés par les entités de la PSDC de l'UE" et de "promouvoir la coopération et les synergies civiles et militaires avec les politiques plus générales de l’UE en matière de numérique, avec les institutions et agences européennes concernées ainsi qu'avec le secteur privé". Dans leurs conclusions, les ministres relèvent encore que ce cadre met l’accent sur "l’amélioration de la formation, de l'éducation et des possibilités d’exercices" ainsi que sur la nécessité de "renforcer la coopération avec les partenaires internationaux pertinents".
Finalement, le Conseil s'est accordé sur les prochaines étapes à suivre en ce qui concerne l'initiative pour soutenir le renforcement des capacités des Etats tiers partenaires et d'organisations régionales qui doit permettre de développer leur capacités à prévenir par eux-mêmes l'émergence de crises ainsi qu’à assurer la gestion de crise. Dans ce contexte, le Conseil a invité la nouvelle Haute Représentante de l’UE, Federica Mogherini, et la Commission à présenter, en vue du Conseil européen de juin 2015, "une proposition commune d’approche politique pour une mise en œuvre concrète" de l’initiative.
"Cette politique devrait prendre en compte le rôle et la compétence des Etats membres et proposer des mécanismes de coordination et de financement appropriées, sur la base des évaluations communes des besoins et des analyses de risques", précisent encore les conclusions du Conseil. Soulignant la flexibilité de l’initiative en termes de portée géographique, le Conseil suggère que le développement de cette politique devrait s’inspirer des projets pilotes qui doivent être lancés au début 2015 au Mali et en Somalie.
En marge du CAE "Défense", le ministre luxembourgeois de la Défense, Etienne Schneider, a en outre rencontré son nouvel homologue belge, Steven Vandeput, afin d’aborder "de nombreux aspects de la coopération belgo-luxembourgeoise en matière de Défense", lit-on dans le communiqué du ministre luxembourgeois. A cette occasion, les deux ministres ont réaffirmé leur volonté de maintenir et de développer à l’avenir les intenses relations bilatérales entre les deux pays. Étienne Schneider a par ailleurs proposé la tenue d’une rencontre ministérielle au niveau BENELUX en vue de préparer la future Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE.