Principaux portails publics  |     | 

Politique étrangère et de défense
Conseil Affaires étrangères "Défense" - Débat sur l’impact de la crise en Ukraine sur la politique de défense de l’UE, le développement des capacités militaires de l’UE, l’opération en République centrafricaine et prorogation de la mission au Mali
15-04-2014


schneider-cae-defense-140415-source-consiliumLe Conseil Affaires étrangères en formation "Défense" a siégé le 15 avril 2014 à Luxembourg. En présence du secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, les ministres ont discuté de la crise en Ukraine et de son impact sur les politiques de sécurité et de défense en Europe. Dans ce contexte, la coopération UE-OTAN et la situation générale en Europe orientale ont été abordées en vue d’une réaction concertée se basant sur le dialogue politique et la stabilisation de la situation. La question du développement des capacités militaires a été traitée lors d’une réunion du Comité de gestion de l’Agence européenne de défense. Les ministres ont ensuite entendu une présentation de la communication conjointe de la Commission européenne et du Service européen pour l’action extérieure sur la Stratégie européenne de sûreté maritime. Le lancement de l’opération EUFOR RCA en République Centrafricaine a également été discuté. Le Conseil a finalement prolongé de deux ans, c'est-à-dire jusqu'au 18 mai 2016, la mission militaire de formation de l'UE au Mali, EUTM Mali.

La situation en Europe orientale

C’est le secrétaire général adjoint du Service européen d’action extérieure (SEAE), Maciej Popowski, qui a résumé les travaux du Conseil au cours d’une conférence de presse sur la situation en Europe orientale. Pour lui, "la situation sur le terrain se dégrade", la violence augmente, et "la crédibilité de l’UE est en jeu". Il a déclaré que les Etats membres avaient été appelés "à mettre des forces à disposition". En présence du secrétaire général de l’OTAN, les ministres ont discuté de l’impact des événements en Ukraine sur la politique de défense de l’UE en général. Pour Maciej Popowski, "il y a consensus que la communauté transatlantique doit garder son unité". Faire face à la situation signifie pour lui aussi que les dépenses en matière de défense doivent de nouveau atteindre "un niveau crédible" en Europe. "Ce n’est pas un luxe, c’est un engagement", a-t-il dit. Il a ensuite parlé du consensus au sein du Conseil sur l’idée que la coopération entre OTAN et UE doit être renforcée.

Le développement des capacités militaires de l’UE à l’ordre du jour d’une réunion du Comité de gestion de l’Agence européenne de défense

C’est la directrice de l’Agence européenne de Défense, Françoise Arnould, qui a exposé les grands axes d’une réflexion demandée par le Conseil européen et qui a été menée de concert avec le Comité militaire de l’UE et le SEEA sur le cadre du développement des capacités militaires dans l’UE. Elle a évoqué, pour ce qui est du ravitaillement en vol des exercices de qualification croisés entre forces aériennes de plusieurs Etats membres, des réflexions sur l’utilisation militaire de satellites gouvernementaux de communication, la Commission européenne s’occupant du volet civil de l’utilisation des capacités satellitaires, la protection cyber des QG de différentes armées, des synergies dans les techniques duales, une feuille de route pour une stratégie de standardisation en matière de défense et la nécessité d’étendre la certification en matière l’aéro-navigabilité à d’autres domaines. Il a aussi été question de synergies, d’interopérabilité et de la définition des éléments militaires européens qui peuvent permettre de changer la situation sur le terrain en cas d’opération extérieure ou dans une situation de crise. Les forces aériennes ont, dans ce contexte, été citées par le général Philippe de Rousiers, président du Comité militaire.

Le lancement de l’opération EUFOR RCA en République Centrafricaine

La discussion sur l’opération EUFOR RCA a permis, selon un communiqué de la direction de la défense du Ministère des Affaires étrangères luxembourgeois, "de faire l’état des lieux des préparatifs pour l’opération et d’aborder le principe de la participation aux opérations en matière de politique de sécurité et de défense commune, ainsi que le financement de telles participations". La question de la rapidité de la mise en œuvre de telles missions a aussi été évoquée selon le général de Rousiers.

La force de l'Union européenne en Centrafrique sera prête à opérer à partir de la fin avril 2014, a indiqué à la presse son commandant, le général Philippe Pontiès, qui était venu à Luxembourg pour recevoir des moyens supplémentaires qui lui permettraient d’assurer pleinement sa mission. EUFOR RCA alors devrait prendre en charge la sécurité de l'aéroport M'Poko de Bangui, avant d'élargir ses missions aux deux quartiers de la capitale qui lui ont été confiés. Elle devrait compter d'ici juin environ 800 militaires, déployés par la France, la nation-cadre de l'opération, la Géorgie et plusieurs pays de l'UE comme l'Estonie, l'Espagne, la Finlande ou l'Italie. À noter que le Luxembourg participera à l’opération EUFOR RCA par l’envoi d’un sous-officier au quartier général à Bangui.

Le général Pontiès pense néanmoins à demander aux Etats membres un effort supplémentaire car, selon lui, "il manque encore des capacités de combat", soit environ 200 militaires supplémentaires – des compagnies d’infanterie - permettant d'atteindre un effectif total de 1000 hommes.

La formation de cette force a été plus longue qu'initialement prévu. EUFOR RCA est compliqué à mettre sur pied sur le plan logistique en raison de la situation géographique enclavée de la Centrafrique. Tout dépend de la logistique aérienne, dont le transport des troupes vers la RCA par des avions britanniques et allemands, deux Etats membres qui ne déploieront pas de soldats sur le terrain. Mais le déploiement de ces transports stratégiques ne sera complet que fin mai 2014. Une autre difficulté est l’hébergement des soldats à Bangui pour les six mois que la mission est censée durer. Ce problème d’infrastructure risque de "freiner le plus" l’EUFOR RCA.  

Lors de son intervention au sujet de la situation sécuritaire et humanitaire en République Centrafricaine, le ministre luxembourgeois de la Défense, le vice-Premier ministre Etienne Schneider, a fait part de "sa profonde préoccupation". Il a salué les efforts de la MISCA (pour Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique sous conduite Africaine) et des forces françaises sur place, et a rappelé les différents soutiens financiers du Grand-Duché à la réponse internationale à la crise.

Enfin, le ministre Schneider a tenu à souligner que le Luxembourg, au niveau du Conseil de sécurité des Nations Unies, a activement soutenu les efforts qui ont abouti à l’adoption, le 10 avril 2014, d’une résolution autorisant le déploiement de 12 000 casques bleus qui prendront le relais de la MISCA à compter du 15 septembre 2014. "Étant donné la multiplication des forces et acteurs internationaux présents en Centrafrique, une approche coordonnée s’impose", a conclu le ministre.

Prorogation de la mission au Mali

Le Conseil a finalement prolongé de deux ans, c'est-à-dire jusqu'au 18 mai 2016, la mission militaire de formation de l'UE au Mali, EUTM Mali. Cette mission aide à former et à réorganiser les forces armées maliennes. Elle vise à contribuer à renforcer les capacités militaires de ces dernières, dans le but de leur permettre de rétablir, sous le contrôle des autorités civiles, l'intégrité territoriale du pays. La prorogation du mandat permettra de former quatre bataillons supplémentaires des forces armées maliennes.

Le Conseil a également approuvé des activités supplémentaires qui seront confiées à la mission. Au cours du nouveau mandat, l'opération mettra en place deux unités mobiles de formation, qui assureront le suivi des militaires formés après leur déploiement sur le terrain, lors de leur retour en garnison. En outre, des programmes de formation de formateurs permettront à l'action de la mission de s'inscrire dans la durée.

Le général de brigade Marc Rudkiewicz est le chef de la mission depuis le 1er avril 2014 ; il dirige un effectif de quelque 550 personnes, à l'état-major de la mission, à Bamako, ainsi que dans le camp de formation de Koulikoro. Les coûts communs de la prorogation du mandat de la mission sont estimés à 27,7 millions d'euros.