Dans le cadre de la stratégie Europe 2020 qui prône la transition vers une économie sobre en carbone et utilisant rationnellement les ressources afin de parvenir à une croissance durable, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) a publié, le 17 février 2015, un rapport en anglais retraçant la progression des technologies d’énergies renouvelables en Union européenne (UE) en 2013. Ce rapport, intitulé "Renewable energy in Europe - approximate recent growth and knock-on effects" ['Energies renouvelables en Europe - croissance récente et effets d'entrainement'], montre qu'en 2013, la part des énergies renouvelables dans la consommation primaire totale a augmenté dans tous les États membres de l'UE, sauf à Chypre, pour atteindre 14,9 % (contre 14,1 % en 2012) sur l’ensemble du territoire. Alors qu’en Suède, Lettonie, Finlande et Autriche, la part des énergies renouvelables a atteint plus du tiers de la consommation primaire totale du pays, au Luxembourg, à Malte et aux Pays-Bas, elle se situe en-dessous de 5 %. Si l'UE est en bonne voie pour atteindre ses objectifs à l'horizon 2020 et 2030, selon l’AEE, il conviendra qu'elle fasse beaucoup plus d'efforts à long terme pour réussir la décarbonisation de son économie d'ici à 2050.
Le rapport publié par l’AEE montre que la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie au sein de l’UE a atteint 14,9 % en 2013, marquant ainsi une progression de 0,8 point sur un an (14,1 % en 2012). Selon le rapport, l'UE est "en ligne" avec l'objectif indicatif de 12,1 % pour 2013-2014 fixé par la directive 2009/28/EC (directive 'Énergie renouvelable'). Elle a également pu dépasser l’objectif de 13,7 % prévus par les plans d’action nationaux . Ainsi, l'UE est en bonne voie pour respecter son objectif d'atteindre au moins 20 % de renouvelables d'ici à 2020, et au moins 27 % d'ici à 2030. Néanmoins, le rapport souligne que pour réussir sa transition vers une économie décarbonisée d’ici à 2050, il conviendra qu’elle fasse beaucoup plus d’efforts à long terme.
Le rapport souligne également que la consommation d’énergie primaire a diminué presque constamment au sein de l’UE depuis 2005, grâce à la progression de la consommation d’énergie verte. Selon l’AEE, la consommation d’énergie primaire aurait diminué de 2 % au sein de l’UE en 2012.
La progression de la part des énergies renouvelables dans l’Union européenne est une force motrice importante pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l'amélioration de la sécurité énergétique et l'accroissement des économies d'énergie, peut-on encore lire dans le rapport.
Sans la progression de la consommation d’énergies renouvelables depuis 2005, les émissions de gaz à effet de serre auraient été 7 % plus hautes en 2012. Selon le rapport, cela a permis de réduire les émissions de CO2 de 326 Mtonnes à l’échelle européenne en 2012, et 388 Mtonnes en 2013.
En réduisant la part d’importations en énergies fossiles, la consommation en énergies renouvelables a également contribué à la sécurité énergétique, souligne le rapport. Si elle n’avait pas eu recours aux énergies renouvelables, l’UE aurait consommé 7 % d’énergies fossiles en plus en 2012. Le charbon a ainsi été le carburant le plus substitué (13 %), suivi du gaz naturel (7 %). Le rapport souligne que cela est "particulièrement pertinent dans le contexte géopolitique actuel et au vu de la diminution des ressources en gaz naturel".
Le rapport met en lumière la part d’énergies renouvelables utilisées dans les différents secteurs. Ainsi, en 2013, c’est le secteur du chauffage et de la production à froid qui a le plus eu recours aux technologies d’énergies renouvelables (50 % en 2013), même si la consommation en énergies renouvelables a diminué légèrement par rapport à 2012 (52 %) dans cette branche. Le rapport note que c’est le secteur de la production d’électricité verte qui a crû le plus rapidement (42 % en 2013 contre 40 % en 2012) et qui a contribué le plus à la croissance absolue de la consommation d’énergies renouvelables à travers l’UE. En revanche, le recours aux énergies vertes dans les transports a diminué dans près de la moitié des Etats membres et à l’échelle européenne. Ainsi, la part des biocarburants ne représentait que 8 % de la consommation en énergies renouvelables au niveau européen en 2013, enregistrant même une baisse de 6,9 % par rapport à 2012.
L’AEE note des "différences considérables" selon les pays, en raison des "circonstances nationales spécifiques". En effet, les Etats membres n’ont pas tous commencé à utiliser les sources d’énergies renouvelables en même temps, les énergies renouvelables à bas coût ne sont pas disponibles partout et la demande en chauffage résidentiel diffère également selon les pays.
Ainsi, Chypre est le seul pays dont la consommation en énergies renouvelables n’a pas augmenté (6,8 % en 2012 ainsi qu’en 2013). La Suède tire son épingle du jeu avec une consommation atteignant les 56 %, marquant une hausse de 5,1 points par rapport à l’année précédente (51 % en 2012). Vient ensuite la Finlande avec 34,9 % (croissance de 0,7 points par rapport à 34,3 % en 2012), puis l’Autriche dont la consommation atteint les 34,5 % en 2013 par rapport à 32,1 % en 2012 (différence de 2,5 points). Enfin, la part des énergies renouvelables dans la consommation primaire totale est également supérieure à 30 % en Lettonie : avec 36 % en 2013, le pays enregistre une hausse de 0,2 points par rapport à 2012 (35,8 %).
Quant aux mauvais élèves, quatre pays ont une consommation se situant entre 1,8 et 4,9 % seulement : le Luxembourg (3,3 %), Malte (1,8 %), les Pays-Bas (4,8%) et le Royaume-Uni (4,9 %).
Au Luxembourg, même si elle reste à un niveau bas, la part des énergies renouvelables dans la consommation primaire totale a tout de même augmenté de 0,2 points entre 2012 (3,1 %) et 2013 (3,3 %). Globalement, il y a eu très peu de variations dans la répartition des différentes branches (chauffage et production à froid, électricité, biocarburants) entre 2012 et 2013. Les tendances observées au Grand-Duché en 2013 ne sont pas toutes en adéquation avec les tendances observées à l’échelle européenne : ainsi, au Luxembourg, ce sont les biocarburants qui représentaient la plus grosse part de la consommation en énergies renouvelables en 2013 (40 %), avec même une progression par rapport à 2012 (39 %), le Luxembourg étant ainsi le champion européen en matière de consommation de biocarburants. Quant à la part du chauffage et de la production à froid, le secteur le plus gros consommateur au niveau européen, il représentait 39 % de la part de la consommation d’énergies renouvelables en 2013 (42 % en 2012) au Luxembourg. La légère baisse observée au niveau de l’UE se retrouve donc aussi au Grand-Duché. Enfin, la consommation en électricité verte a légèrement augmenté en 2013 (21 %) alors qu’elle était de 20 % en 2012, venant confirmer la tendance européenne.
Pour mémoire : le Luxembourg s’est fixé un objectif de 11 % pour la part des sources d'énergies renouvelables dans sa consommation finale d'énergie, avec pour 2015-2016 un objectif intermédiaire d’une moyenne de 5,45 %, que le ministre compétent, Etienne Schneider, a estimé pouvoir être atteint, lors de la présentation du plan d’action national actualisé du Luxembourg le 25 avril 2014.
Enfin, le rapport souligne que si l’UE souhaite atteindre ses objectifs "ambitieux" de décarbonisation fixés par la Commission dans sa Feuille de route pour l’énergie à l’horizon 2050, la consommation en énergies renouvelables devra augmenter de 55 % à 75 % sur l’ensemble du territoire d’ici à 2050, car souligne le rapport, les énergies fossiles continuent de dominer le bouquet énergétique dans la plupart des Etats membres et au sein de l’UE. L’AEE invite donc les Etats membres ainsi que l’UE a "mettre l’accent sur ce secteur en croissance", qualifiant les énergies renouvelables sont d’"option significative" pour contrer le changement climatique et réduire le recours aux énergies fossiles. Elle appelle également les entreprises à plus d’"engagement".