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Changement climatique - Énergie - Environnement
Suite à la présentation de la Commission pour la création d’une Union de l’énergie, les eurodéputés réunis en session plénière font part de leurs réactions
25-02-2015


L'Union de l'énergieLors d'un débat en séance plénière le 25 février 2015 en présence du vice-président de la Commission européenne en charge de l'Union de l'énergie, Maroš Šefčovič , les groupes politiques du Parlement européen ont fait part de leurs réactions quant aux propositions pour l'Union de l'énergie mises sur la table par la Commission européenne le jour même.

Alors que le groupe PPE a salué les plans concrets de la Commission pour établir une Union de l’énergie dans l’UE, le groupe S&D a fait savoir que la proposition de la Commission était en ligne avec ses demandes mais nécessitera d’être nuancée. En revanche, pour le groupe ECR, les propositions de la Commission sont "décevantes" et le groupe ADLE s’est dit préoccupé par une absence de plan de gouvernance crédible. Le groupe GUE/NGL a pour sa part jugé que la proposition de la Commission était "inadéquate" alors que pour les Verts-ALE,  il s’agit d’une occasion ratée d'amorcer une réelle transition énergétique du continent.

Pour mémoire, la Commission a adopté et présenté trois communications le 25 février 2015 : une stratégie pour créer une Union de l'Énergie, une communication sur les interconnexions électriques et un point sur les négociations climatiques. L’Union de l’énergie s’inscrit dans le cadre d’action en matière de climat et d’énergie à l’horizon 2030, selon lequel l’UE s’est fixé l’objectif contraignant de réduire de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, un objectif non contraignant de 27 % pour les énergies renouvelables et de 27 % en matière d’efficacité énergétique.

Le groupe PPE salue les plans concrets de la Commission pour établir une Union de l’énergie dans l’UE

Le groupe du Parti populaire européen (PPE) a salué les plans concrets de la Commission pour établir une Union de l’énergie dans l’UE. "L’une des priorités principales du groupe PPE est d’assurer une énergie bon marché aux citoyens et entreprises européennes", a déclaré Françoise Grossetête, vice-présidente du groupe et responsable du groupe de travail Economie et environnement. "Les propositions présentées par la Commission sont des étapes importantes en ce sens", a-t-elle encore ajouté.

L’eurodéputée a rappelé le besoin "d’engagement fort de la part de la Commission et des Etats membres" pour mener à bien le marché intérieur de l’énergie. "L’objectif d’assurer 10 % d’interconnexion dans notre approvisionnement interne en énergie est, à cet égard, vital", a-t-elle encore ajouté.

Le Groupe PPE a également salué les intentions d’augmenter l’efficacité énergétique ainsi que l’accent mis sur la recherche et l’innovation dans les énergies renouvelables.  "L’UE doit conserver son leadership technologique pour être compétitive à l’échelle mondiale", a conclu  Françoise Grossetête.

Pour le groupe S&D, la proposition de la Commission est en ligne avec ses demandes mais nécessitera d’être nuancée

Les Socialistes et démocrates (S&D), qui avaient publié leur position en vue d’une Union de l’énergie au cours du mois de février 2015, ont, pour leur part, exprimé leur "engagement total" à travailler plus étroitement avec la Commission pour mettre en place la stratégie d’Union de l’énergie.

Le groupe a fait savoir que la proposition mise sur la table par la Commission était "en ligne" avec les demandes exprimées par ses membres, mais qu’il conviendra de la "nuancer" et de la "développer de manière plus approfondie à travers la législation spécifique au cours des cinq années à venir et après". "Le rôle du Parlement sera donc crucial", a-t-il indiqué.

A ce titre, la vice-présidente du groupe, Kathleen Van Brempt, s’est dite "confiante que le vice-président de la Commission Maroš Šefčovič continuera sa coopération productive avec le Parlement", soulignant que seuls  "un leadership fort et une bonne coordination conduiront au succès".

Au sujet de la décarbonisation, Kathleen Van Brempt s’est félicitée qu’elle soit au cœur de la politique énergétique de l’Europe, "pour la première fois", mais qu’il faudra cependant renforcer certains aspects de la proposition avec des objectifs contraignants".

Quant à Dan Nica, eurodéputé et porte-parole sur l’énergie, il a indiqué que le rôle de la Commission de coordonner les achats en énergie avait été "dilué par rapport à ce qui avait été défini initialement". Il a également jugé "inacceptable" que "des milliers de familles à travers l’Europe n’arrivent pas à payer leur chauffage" mais que "malheureusement, la proposition de la Commission ne traite pas beaucoup de la pauvreté énergétique".

Pour le groupe ECR, les propositions de la Commission sont "décevantes"

Au nom du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), Marek Gróbarczyk, a indiqué que l’Union de l’énergie devait être vue comme une "opportunité historique pour l’UE de construire une vraie politique énergétique qui respecte la souveraineté nationale tout en œuvrant pour la solidarité et la diversification, et en stimulant la hausse de la production nationale à partir de sources conventionnelles et non conventionnelles".

L’eurodéputé a cependant jugé "décevantes" les propositions de la Commission car, selon lui, elles dépeignent une Union de l’énergie "virtuelle" qui n’est pas adéquate pour "mener à bien nos défis toujours croissants".

Le groupe ADLE pointe l’absence de plan de gouvernance crédible

Guy Verhofstadt, président de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), qui avait elle aussi publié,  avant la présentation des propositions de la Commission, sa position pour une "Union de l’énergie libérale pour l’Europe", s’est dit "préoccupé par l'absence d'un plan de gouvernance crédible", et propose "l'idée d'un "paquet énergétique" calqué sur le semestre économique", tout en rappelant le rôle de la Commission dans les négociations sur les prix de l’énergie avec les pays tiers. "Seule la Commission sera en mesure de négocier dans l'intérêt des 28 Etats-membres.", a-t-il encore indiqué. Il voit également dans la future Union de l’énergie un moyen de "frapper Vladimir Poutine là où ça fait le plus mal". Selon lui, "Vladimir Poutine se sert de l'énergie comme d’une arme afin de faire avancer ses intérêts et diviser l'Europe", a-t-il encore ajouté.

Le vice-président de la commission parlementaire de l'Industrie et de l'Energie (ITRE) et eurodéputé danois, Morten Helveg Petersen, a pour sa part insisté sur l'importance de corriger les problèmes d'incertitude réglementaire, "le plus grand obstacle", selon lui, pour sécuriser l’investissement.

Pour le groupe GUE/NGL, la proposition de la Commission est "inadéquate"

Au contraire de l’ADLE, les députés de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte (GUE/NGL) ont insisté pour que l'énergie reste une compétence de l'État et que la Commission ne soit pas impliquée dans les accords énergétiques.

L’eurodéputé chypriote, Neoklis Sylikiotis, a jugé la proposition de la Commission "inadéquate", indiquant qu’elle contenait des "références problématiques". Il estime que le rôle de la Commission devrait être essentiellement "consultatif" et sa présence "volontaire", si elle est demandée par  les Etats membres concernés.

L’eurodéputée espagnole Paloma Lopez a pointé le fait que la Commission était en train "d’utiliser les limites des politiques nationales pour imposer son propre agenda de libéralisation", insistant sur le fait que la "libéralisation forcée et la surcapacité ont particulièrement pénalisé les énergies renouvelables et n’ont pas aidé à réduire les émissions de CO2". "Les problèmes spécifiques d'États très dépendants, comme les pays baltes ou Chypre, sont des leviers pour des projets impliquant un accaparement agressif des ressources avec le développement de méga-infrastructures privées qui nécessitent beaucoup de demande pour être rentables", a-t-elle encore insisté.

Pour les Verts-ALE, la Commission rate l'occasion d'amorcer une réelle transition énergétique du continent

L'eurodéputé Claude Turmes lors de la séance plénière du Parlement européen sur l'Union de l'énergie le 25 février 2015 (c) European Union 2015 - Source EPLe porte-parole sur l'énergie du groupe Verts-ALE et eurodéputé luxembourgeois Claude Turmes, qui avait déjà fait part de ses préoccupations en amont de la présentation des propositions de la Commission, a indiqué que si l’Union de l’énergie devrait être un "projet-phare" pour l’Europe dans les années à venir, "la Commission européenne rate l'occasion d'amorcer une réelle transition énergétique du continent." "Plutôt que de se concentrer sur les moyens d'accroître l'autonomie énergétique européenne dont les coûts financiers et politiques sont colossaux, la Commission se focalise sur la recherche de nouvelles routes pour l'approvisionnement en gaz et la renaissance du nucléaire", a-t-il ajouté.

Claude Turmes fait cependant savoir que le groupe des Verts accueille "positivement" la volonté de la Commission de proposer une nouvelle législation sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelable, mais il ajoute que celle-ci devrait proposer des  objectifs "plus ambitieux".

Dans un communiqué publié sur son site Internet, Claude Turmes a par ailleurs critiqué le président de la Commission Jean-Claude Juncker pour n’avoir pas tenu sa promesse envers les citoyens européens , à savoir de proposer des objectifs ambitieux en matière d’ efficacité énergétique et d’énergies renouvelables, et d’avoir fait du projet d’Union de l’énergie une «union du nucléaire et du gaz". Il a également ajouté que la Commission veut réduire la dépendance de l’Europe envers les importations de gaz en provenance de Russie en scellant de nouveaux accords avec des régimes "tout aussi contestables et non démocratiques" comme l’Iran, l’Azerbaïdjan, ou le Turkménistan.

Pour conclure, Claude Turmes a jugé "très décevant" que l’énergie nucléaire en Europe vive une "renaissance inattendue" sous un président luxembourgeois. Il fait ici référence au paragraphe de la proposition qui indique que l’UE doit "affirmer son leadership technologique" en la matière et au "programme nucléaire européen"que la Commission souhaite encore adopter en 2015.

Les Verts avaient eux aussi rendue publique, avant que la Commission ne présente ses propositions, leur position envers une "Union de l’énergie verte".