Principaux portails publics  |     | 

Migration et asile
Dans une réponse à une question parlementaire concernant les tragédies qui se déroulent dans la Méditerranée, Jean Asselborn décline les dispositifs d’action de l’UE face aux pressions migratoires et la future action de la Présidence luxembourgeoise
17-02-2015


frontex-eurosur-source-frontexAprès les dernières tragédies qui ont vu la noyade de plusieurs centaines de migrants en Méditerranée, Déi Lénk ont déposé le 11 février 2015 une question parlementaire urgente, dans laquelle les députés Justin Turpel et Serge Urbany demandent à Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, s’il est d’avis qu’il faut reprendre "d’urgence" l’opération Mare Nostrum, et s’il est prêt à intervenir au Conseil européen "afin que les moyens financiers nécessaires à cette fin soient mis à disposition de l'Italie, ou bien que l’UE prenne directement en charge cette mission humanitaire urgente".

Dans cette question, les députés rappellent que l’opération Triton "n’a pas du tout la même vocation que Mare Nostrum" qui, selon eux, a permis de sauver la vie de 150 000 personnes. "Contrairement à cette dernière, I'opération Triton n'a pas de mission essentiellement humanitaire, mais se concentre plutôt, dans un rayon de 30 kilomètres, à la protection des frontières italiennes", rappellent-ils. Les députés citent le Ministre de l'Intérieur selon lequel 3 700 personnes seraient arrivées en Italie pendant le mois de janvier 2015 (sous Triton), contre 3 300 en janvier 2014 (sous Mare Nostrum).

Déi Lénk avait déjà adressé le 3 novembre 2014 une question parlementaire sur le même sujet. Dans sa réponse datée du 21 novembre, Jean Asselborn avait indiqué que "le destin de la mission Mare Nostrum ou des activités substitutives éventuelles, relève d'une décision nationale souveraine de l'Italie" et que "le Gouvernement du Luxembourg ne peut s'immiscer dans les affaires italiennes", mais continue à s'engager "pour le maintien d'un dispositif Triton efficace et durable, dans lequel la composante humanitaire occupera une place prépondérante". "Dans cet ordre d'idées, le Gouvernement envisage de déployer des moyens luxembourgeois dans la mission Triton", avait conclu le ministre.

Dans sa réponse publiée le 17 février 2015, le ministre des Affaires étrangères exprime au nom du gouvernement "ses condoléances aux familles des migrants décédés dans la tragédie du 11 février 2015 et sa solidarité avec les autorités italiennes qui ont sauvé la vie à 106 personnes."

Il aborde en premier lieu la manière dont la Présidence lettonne du Conseil de l’UE envisage, "face à une pression migratoire très élevée (…) plusieurs pistes consistant à renforcer les activités du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO) et de l'Agence pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex)."

Jean Asselborn précise le rôle que pourrait être celui de l’EASO : "Le Bureau d'appui pourrait contribuer à renforcer les capacités d'asile et d'accueil des pays concernés en Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à faciliter la réinstallation et à soutenir la mise en œuvre des programmes régionaux de développement et de protection. Le développement des services d'information et d'analyse du Bureau pourrait aider l'Union européenne et ses membres à mieux gérer l'afflux de migrants."

Il ajoute qu’à un autre niveau, "des efforts doivent encore être investis dans le développement du mécanisme d'alerte rapide et de gestion de crise mis en place par le règlement Dublin III", un mécanisme qui détermine les mécanismes de détermination de l’État membre responsable d’une demande.

Jean Asselborn aborde ensuite les efforts de la Commission, qui "suite à une évaluation externe du mandat de Frontex et à un examen de faisabilité d'un système européen de gardes-frontières (…) prévoit de relancer le débat sur le renforcement de Frontex", car "il lui paraît impératif que Frontex augmente sa capacité de réaction, en tirant pleinement parti des informations du système EUROSUR" (un système de surveillance des frontières qui permet aux pays de l'UE de partager des images et des données en temps réel concernant les développements aux frontières extérieures de l'Union et qui est censé les rendre plus aptes à prévenir, détecter et lutter contre la migration illégale, mais également à sauver la vie de migrants, ndlr).

De l’autre côté, "le Conseil de l'Union européenne envisagera de coopérer plus étroitement avec les pays d'origine et de transit concernés et appuie la possibilité de déployer des agents de liaison ‘immigration’ détachés par Frontex dans les pays tiers clés."

La dernière partie de la réponse du chef de la diplomatie aborde les principes de la politique de l’UE "face aux tragédies récurrentes dans la Méditerranée" et ce que la Présidence luxembourgeoise pourra faire sur ce dossier.

Pour Jean Asselborn, "l'Union européenne doit faire preuve d'un engagement ferme et mettre en œuvre tous les moyens possibles permettant de sauver des vies humaines". Pour lui, "l'opération européenne ‘Triton’, opération sous l'égide de Frontex et couvrant les zones essentielles en Méditerranée centrale, souligne la détermination commune des Etats Membres d'éviter des naufrages". Et de répéter comme en novembre que  "toutefois, le déploiement d'une opération nationale telle que ‘Mare Nostrum’  relève d'une décision nationale souveraine de l'Italie."

Il souligne aussi le rôle des Etats membres de l’UE qui doivent respecter "leurs engagements en matière de protection et en matière de sauvetage en mer" et surtout les obligations des pays "riverains de la Méditerranée" qui "doivent honorer leurs obligations internationales". Le rôle du Luxembourg sera "particulièrement durant la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l'Union européenne" de s'engager "pour renforcer le respect des obligations en la matière".

Par ailleurs, le gouvernement luxembourgeois soutient le renforcement du mandat et des moyens mis à la disposition de l'Agence Frontex afin qu’elle puisse faire face aux nouvelles pressions migratoires.

Jean Asselborn estime que les pays riverains de la Méditerranée qui "connaissent un niveau élevé de pression migratoire" doivent être soutenus "dans leurs efforts de pérennisation en matière de mise en œuvre des structures d'accueil et de renforcement des capacités de protection", dossier où "le Bureau européen d'appui en matière d'asile a un rôle clé à jouer".

Finalement, "la Présidence luxembourgeoise s'attachera à livrer une contribution constructive du Conseil à l'élaboration" du nouvel agenda européen en matière de migration préparé par la Commission européenne qui devrait constituer une "nouvelle approche stratégique vise à élaborer un cadre à long terme tenant compte de tous les aspects migratoires".