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Economie, finances et monnaie
Une réunion restreinte consacrée à la Grèce en marge du Conseil européen permet de confirmer qu’Athènes présentera une liste complète et précise de réformes dans les prochains jours, mais son format irrite le Benelux
19-03-2015


ce-reunion-restreinte-grece-com-eurogroupe-ce-bce-fr-de-150319La Grèce présentera "une liste complète de réformes précises dans les prochains jours" alors que toutes les parties "se sont engagées à accélérer les travaux et à conclure aussi vite que possible". C’est ce qu’ont annoncé les présidents du Conseil européen, de la Commission européenne et de l’Eurogroupe dans un communiqué conjoint diffusé dans la nuit du 19 au 20 mars 2015, à l’issue d’une réunion multilatérale consacré à la situation grecque en marge du premier jour du Conseil européen, le 19 mars.

Le contexte

Cette rencontre, qui rassemblait le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, la chancelière allemande, Angela Merkel et le président français François Hollande, ainsi que les présidents du Conseil européen, Donald Tusk, de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, et de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, avait été demandée par Alexis Tsipras.

Elle devait permettre selon lui une "discussion préliminaire pour identifier les points communs et les divergences" entre Athènes et ses partenaires face à l’impasse dans les discussions relatives au programme d’aide du pays, selon des propos rapportés par l’AFP. Le Premier ministre grec déplorait en effet "une contradiction entre le niveau politique où une solution est recherchée et le niveau des représentants des institutions" créancières, "qui agitent des cartons rouges". "Cette contradiction doit être levée […] car elle empêche de faire des progrès", a-t-il dit.

Comme le précise encore l’AFP, la Grèce doit faire face à des échéances de remboursement proches alors que les caisses de l’Etat seraient presque vides. Athènes a ainsi remboursé le 20 mars 2015, comme prévu, une nouvelle tranche de 348,5 millions d'euros au FMI, dans le cadre d'un remboursement total de sommes dues avoisinant 2,5 milliards d'euros. Dans ce contexte, la Grèce demandait donc le versement de la dernière tranche du plan de quelque 240 milliards d'euros dont elle bénéficie depuis 2010, soit quelque 7,2 milliards. Elle souhaitait notamment que la BCE débourse rapidement 1,9 milliard d'euros correspondant à des intérêts sur des obligations.

La Grèce présentera "une liste complète de réformes précises dans les prochains jours"

Dans leur communiqué conjoint, les présidents du Conseil européen, de la Commission et de l’Eurogroupe réaffirment qu’ils "adhèrent totalement" à l’accord conclu lors de la réunion extraordinaire des ministres des Finances de la zone euro, le 20 février 2015. Pour rappel, l’Eurogroupe s’était alors engagé à prolonger le programme d’aide international de la Grèce de quatre mois, sous la stricte condition qu’Athènes présente une liste de réformes qui devait être précisée et validée avec les institutions créancières du pays (l’ex-troïka composée de la Commission européenne, de la BCE et du Fonds monétaire international) d'ici à fin avril 2015.

Les présidents des différentes institutions soulignent dans ce contexte que les autorités grecques présenteront "une liste complète de réformes précises dans les prochains jours", réformes dont Athènes "aura la paternité". Ils précisent de nouveau "l'accord pratique sur le processus", à savoir que "les négociations politiques ont lieu à Bruxelles" tandis que "les missions d’observation se déroulent à Athènes". "Dans un esprit de confiance mutuelle, nous sommes tous engagés à accélérer les travaux et à conclure aussi vite que possible", conclut la déclaration.

La Grèce et ses partenaires européens ont "remis la procédure sur les rails" pour assurer le sauvetage du pays, a de son côté assuré à la presse le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, à sa sortie de la rencontre. "Toutes les parties ont confirmé leur intention d’essayer de faire de leur mieux pour surmonter les difficultés de l’économie grecque aussi vite que possible" et "pour que soit rétablie le plus rapidement possible la capacité de financement de l'économie grecque", a-t-il ainsi déclaré.

Le Premier ministre grec a encore affirmé qu’"il [était] clair que la Grèce n'aura pas à prendre des mesures récessives", Alexis Tsipras soulignant néanmoins qu’Athènes "présentera et appliquera ses réformes structurelles", selon des propos rapportés par l’AFP.

Le Benelux peu satisfait de la méthode multilatérale

La tenue de la réunion multilatérale ne semble cependant pas avoir été du goût de tous les Etats membres, certains "petits" Etats manifestant clairement leur mécontentement. Ainsi les dirigeants des pays du Benelux ont-ils critiqué la tenue de ce mini-sommet et demandé la tenue d’une réunion avec le président du Conseil européen en amont de la rencontre, selon les agences de presse Belga et Reuters. Celles-ci rapportent que Donald Tusk a assuré aux chefs de gouvernement belge, néerlandais et luxembourgeois que leurs points de vue seraient pris en compte et qu'aucune décision ne serait prise lors de la réunion en question.

A la sortie du Conseil européen, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a ainsi indiqué que "l’on est libre en Europe de se réunir avec qui on le souhaite, mais je répète que nous sommes concernés et il n’est pas concevable que ce format devienne par la suite un format officiel et c’est ce que nous avons dit". Son homologue belge, Charles Michel, s’était quant à lui dit "en colère" dès son arrivée au Conseil européen, le 19 mars, soulignant que "le gouvernement belge n'a[vait] pas donné mandat à la France et à l'Allemagne pour négocier en son nom", alors que "la Belgique est concernée à hauteur de sept milliards d'euros dans cette affaire". "C’est l’ensemble des pays de la zone euro qui sont concernés, je n’apprécie pas cette méthode et je vais le dire très clairement", a-t-il ainsi indiqué.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a indirectement répondu aux critiques, lors d'une conférence de presse tenue le 19 mars en marge du sommet social tripartite qui précédait le premier volet du Conseil européen, réfutant qu’il s’agisse d’une réunion "de la dernière chance". "L’évidence est que personne ne veut de ce que l’on appelle un "Grexit" [une sortie de la Grèce de la zone euro, ndlr]", a-t-il ainsi répété. Donald Tusk a ainsi expliqué avoir soutenu la demande grecque de "discussions informelles avec les principaux créanciers et représentants des institutions" et avoir décidé en conséquence l’organisation de cette réunion informelle.

"Je peux assurer qu’il ne s’agira pas d’une rencontre décisive car nous avons des formats formels pour la prise de décision", avait encore dit le président du Conseil européen, celui-ci évoquant des "consultations nécessaires car nous essayons d’éviter des discussions conflictuelles". Au sein du Conseil européen, les débats auraient été "trop chauds", a-t-il encore estimé.

A son arrivée lors de la seconde journée du Conseil européen, Charles Michel s’est "réjoui" de la clarification apportée selon laquelle "cette réunion ne peut déboucher sur aucune orientation ou prise de décision". "Des accords sont intervenus à la fin du mois de février […] et ils doivent être respectés, point à la ligne", a encore dit le Premier ministre belge.