Les ministres de la Défense de l’UE se sont rencontrés les 18 et 19 février 2015 à Riga pour une réunion informelle semestrielle au sein du Conseil Affaires étrangères dans sa formation "Défense". A l’ordre du jour figuraient la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), la préparation du prochain Conseil européen en juin consacré à la sécurité et la défense, la communication stratégique et la guerre hybride ainsi que la question de l'engagement des groupements tactiques de l'UE. L'élaboration d'une nouvelle stratégie de sécurité de l'UE, dont la version actuelle date de 2003, était un point majeur dans les discussions, auxquelles participait le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.
"Il faut revoir la stratégie de sécurité de l'UE", a déclaré Raimonds Vejonis, ministre letton de la Défense qui préside le Conseil lors d’une conférence de presse. Il a expliqué que cette stratégie avait été adoptée "dans une situation complètement différente en Europe quand il n’y avait pas de menaces". Cette stratégie "n’envisageait pas le fait qu’un pays utiliserait la force militaire pour envahir un autre comme c’était le cas en Crimée, et elle ne s’attendait pas au fait que des pays soutiennent des rebelles comme c’est le cas en Ukraine", a-t-il souligné.
Maciej Popowski, secrétaire général adjoint du Service européen pour l'Action extérieure (SEAE), a ajouté qu’il faut une "mise à jour" de la stratégie qui a onze ans pour prendre en compte des menaces qui ont évoluées comme les cyberattaques ou l’emploi des médias sociaux comme "arme psychologique".
Les débats auraient montré qu’il faut "renforcer la coopération entre l’UE et l’OTAN", a déclaré Raimonds Vejonis. Il a invité les Etats membres de l’UE et les Etats membres de l’OTAN à revoir leurs procédures de sécurité interne afin de "pouvoir réagir à différents scenarios". "Les ministres sont conscients du rôle de déstabilisation de la Russie concernant la situation sécuritaire en Europe", a-t-il dit.
Interrogé par un journaliste sur les propos du ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, qui avait qualifié le Russie de "vrai danger" pour les pays baltes, Raimonds Vejonis a déclaré "en tant que ministre letton de la Défense" que la probabilité d’une intervention russe est estimée être faible, mais que ni l’UE, ni l’OTAN ne s’en étonneraient. La Russie est "imprévisible" et "nous sommes prêts à réagir", a-t-il dit.
Quant à la guerre hybride, qui combine différents types d'opérations militaires, parfois masquées, et des campagnes de communication massives sur les réseaux sociaux, le ministre letton a déclaré que la "communication stratégique" joue un "rôle crucial", indique un communiqué de la Présidence lettone. Selon lui, les ministres se sont mis d’un accord pour développer un "plan de communication globale".
"Face aux nouvelles menaces sécuritaires aux portes de l’UE telles que la guerre hybride menée en Ukraine ou la menace terroriste émanant de groupes comme l’Etat islamique, il est impératif pour l’UE de pouvoir communiquer ses positions sans distorsion et de pouvoir contrer la communication stratégique (notamment propagande) d’autres pays qui visent à la déstabilisation d’une région", note à ce sujet un communiqué du gouvernement luxembourgeois. Pour le Luxembourg, le ministre de la Défense, Etienne Schneider, a participé à la réunion.
Maciej Popowski a encore souligné que l’Europe a besoin d’une "industrie de la défense" pour développer ses capacités de "fournisseur de sécurité" et estimé que "l’investissement dans la défense reste une priorité". "Nous devons présenter nos propres récits pour contrer les propagandes négatives provenant de l’est et du sud", a-t-il encore dit.
Jorge Domecq, directeur exécutif de l’Agence européenne de la Défense (AED), nommé au poste depuis le 1er février 2015, s’est pour sa part dit "très engagé" à renforcer la coopération de l’AED avec les Etats membres, comme l’indique un communiqué.
Un autre point discuté lors de cette réunion a été celui des groupements tactiques ("battle groups"), qui sont une sorte de force militaire de réaction rapide, dont l'UE dispose pour réagir à des crises. Selon l’Agence Europe, ils n'ont encore jamais été employés en raison d’un blocage politique et de l’opposition du Royaume-Uni.