Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Justice, liberté, sécurité et immigration - Politique étrangère et de défense
Etienne Schneider s’exprime sur l’Ukraine et la Russie, la Grèce, la politique économique européenne et le drame des réfugiés en Méditerranée
18-03-2015


schneider-etienne-fgfcmag-1503Dans une interview donnée au magazine du syndicat FGFC (Fédération générale des fonctionnaires communaux) qui a été publiée le 18 mars 2015, le vice-Premier ministre luxembourgeois Etienne Schneider s’exprime sur plusieurs dossiers européens : l’Ukraine qui l’occupe comme ministre de la Défense, la Grèce et la politique économique de l’UE, qui le concernent comme ministre de l’Economie, et la question des flots de réfugiés africains qui traversent la Méditerranée, dossier qui est régulièrement à l’ordre du jour du Conseil JAI qui s’occupe des questions de sécurité intérieure dont il est aussi le responsable.

Etienne Schneider avoue dans l’interview que "les relations entre la Russie et l’Ukraine le préoccupent" et qu’il se demande ce que "la Russie veut concrètement", "jusqu’où elle veut aller" et "quelle sera la réaction des Etats occidentaux". Il est convaincu que l’on peut éviter une guerre au centre de l’Europe. "Mais rien que de se poser cette question montre que nous avons un gros problème", ajoute-t-il. La tâche principale est maintenant de tenter avec tous les moyens diplomatiques dont on dispose de "mettre fin au cercle vicieux de l’escalade". Reste que la situation politique internationale et l’émergence de certaines tendances politiques en Europe font que "le monde ressemble à une poudrière". Ce qui l’inquiète aussi dans ce contexte est que "les gens qui essaient d’aborder les problèmes d’une manière raisonnable et avec une tête claire sont de plus en plus minoritaires".

En ce qui concerne la Grèce, Etienne Schneider "éprouve de la peine" pour les gens qui ont pleuré de joie le lendemain des élections en Grèce qui ont porté au pouvoir le parti Syriza, parce qu’ils "verront rapidement, que même s’ils ont voté pour Syriza, ils seront amèrement déçus". Et de s’expliquer : "Le monde n’est pas ainsi fait qu’un pays comme la Grèce peut élire un nouveau gouvernement et dire ensuite que tout ira mieux. Toutes les institutions dont les Grecs dépendent leur diront dans les semaines et mois à venir ce qui peut se faire et ce qui ne peut pas se faire. Il est tout simplement impensable qu’un gouvernement se présente et dise qu’il voudrait que ses dettes soient annulées. Car cela veut dire ni plus ni moins que d’autres Etats paieront pour lui. Aussi, je ne pense pas que le contribuable luxembourgeois soit prêt à payer des centaines de millions d'euros. Car c’est là la conséquence de tout cela. Ce qui est par contre vrai, et cela ne vaut pas seulement depuis les élections en Grèce, c’est que nous devons aider des pays comme la Grèce à reprendre leur souffle, afin de leur donner une chance réelle. Dans ce cas, il s’agit éventuellement d’adoucir les conditions. Mais de dire que ‘nous ne nous sentons pas liés à ce que le gouvernement précédent a négocié’ ne va pas, car cela remet en question tout le système. Et il en résultera que dès le lendemain, personne ne prêtera plus aux Grecs." 

La politique économique de l’UE n’est pas sans alternatives comme d’aucuns le prêchent, pense Etienne Schneider, même s’il concède qu’avec "la mondialisation qui touche le monde entier, nous avons perdu en bonne partie la possibilité e déterminer nous-mêmes la politique économique". Bref, si des idées, même bien conçues "ne plaisent pas au capital, elles auront disparu plus vite que votre regard. Le monde est ainsi fait, même si vous ou moi voudrions qu’il en soit autrement". Il y a cependant des options selon Etienne Schneider, comme celle de donner plus de pouvoir d’achat aux personnes, "sinon le système ne fonctionne plus". Il y a cependant une limite : l’on ne peut dépenser que ce qui a été gagné. Or, le problème est que des Etats membres de l’UE se sont fortement endettés, même lorsque la conjoncture était bonne, de sorte que la marge de manœuvre est réduite. Pour lui, il est donc nécessaire que les Etats se créent des réserves lorsque l’économie est au beau fixe pour pouvoir réagir lorsque l’économie déprime. L’Europe souffre selon lui du fait "qu’aucun pays n’a plus assez de marge de manœuvre pour contracter de nouvelles dettes". La conséquence est que tous doivent faire des réformes, le Luxembourg inclu. D’où le "paquet pour le futur" ou Zukunftspak. (LIEN)     

Le drame des bateaux de réfugiés africains qui coulent ou s’échouent sur les côtes de Lampedusa équivaut pour Etienne Schneider d’abord à "une déclaration de faillite de la politique de développement européenne" parce que cette dernière a "selon toute apparence échoué à offrir des perspectives à ces gens chez eux qui les empêchent d’avoir l’idée de venir chez nous". Ensuite, le ministre estime que "c’est très tragique de voir avec quelles illusions ces personnes partent de chez elles", l’Europe étant vue comme une "terre promise", et de voir ensuite à quelles conditions de vie elles sont réduites dans cette Europe.