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L’eurodéputé vert Claude Turmes émet une série de recommandations pour mieux cibler les investissements du plan Juncker en fonction de critères sociaux et environnementaux
19-03-2015


Claude Turmes lors de la conférence de presse du 19 mars 2015L’eurodéputé vert Claude Turmes (verts/ALE) s’est penché le 19 mars 2015 au cours d’une conférence de presse sur le plan d’investissement Juncker et a formulé plusieurs recommandations à l’égard de celui-ci.

En guise d’introduction, Claude Turmes a indiqué qu’il partage avec les Verts au Parlement européen le diagnostic fait par la Commission européenne en ce qui concerne la nécessité d’un plan pour stimuler l’investissement et favoriser la reprise économique en Europe. A ses yeux, le plan Juncker doit permettre de "lutter contre la politique d’austérité qui a produit de mauvais résultats", au vu notamment des taux de chômage élevés et du fait qu’un Européen sur quatre est en risque de pauvreté. Néanmoins, l’eurodéputé regrette que le plan tel que le présente la Commission "ne prévoit pas de critères de sélection", notamment sociaux et environnementaux, et qu’il risque ainsi de favoriser "des projets non innovants, non durables et non respectueux de l’environnement qui ne créent que peu d’emplois".

Dans ce contexte, Claude Turmes a émis quatre revendications concrètes à l’égard du plan Juncker : concevoir un financement qui soit plus favorable à la recherche et l’innovation ; accorder un soutien accru aux petites et moyennes entreprises ; ne pas financer des projets nucléaires, et enfin, prioriser l’Efficacité énergétique.

Un financement plus favorable à la recherche et l’innovation

Claude Turmes rappelle que le plan Juncker prévoit actuellement l’octroi de 16 milliards d’euros de garantie en provenance du budget de l’UE et de 5 milliards d’euros de capitaux alloués par la Banque européenne d’Investissements (BEI). Pour ce qui est des 16 milliards, il indique que la Commission veut les retirer "des instruments européens déjà mis en place", à savoir le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 et le Mécanisme Européen d’Interconnexions qui finance les réseaux d’électricité, de gaz et de transport entre les pays européens.

Pour mémoire, en février 2015, l'Association des universités européennes (EUA) avait également dénoncé la proposition de la Commission européenne de prélever des fonds du programme Horizon 2020 pour financer l’EFSI.

"Si l’on veut garantir la compétitivité de l’UE, ce n’est pas une bonne idée d’aller diminuer les fonds de l’innovation et la recherche", a-t-il souligné. Selon lui, "il est largement reconnu que le progrès scientifique est le moteur de la croissance économique et de l’amélioration des niveaux de vie à long terme". A ses yeux, il est indispensable pour la relance de l’économie européenne "de donner la priorité aux investissements dans le domaine de la recherche et l’innovation".

Il signale que le Parlement européen rejette cette intention de la Commission et propose un "financement alternatif".

Accorder un soutien accru aux petites et moyennes entreprises

Claude Turmes indique que les multinationales ont souvent une meilleure expertise pour pouvoir solliciter des fonds. Ainsi, elles peuvent y accéder plus facilement, au détriment des petites et moyennes entreprises (PME). Dans ce contexte, il estime que les PME doivent bénéficier d’un accès privilégié et plus important au plan Juncker. "Ce ne sont pas les grandes multinationales qui créent le plus d’emplois, mais les petites et moyennes entreprises", a dit l’eurodéputé vert.

Eviter de financer des projets nucléaires

Claude Turmes regrette que de nombreux Etats membres considèrent le plan Juncker comme "une opportunité de financer des projets nucléaires en Europe". Il évoque notamment une lettre envoyée le 18 février 2015 par huit Etats membres (Roumanie, France, République tchèque, Lituanie, Pologne, Slovaquie, Slovénie et Royaume-Uni) au Vice-Président de la Commission européenne en charge de l’énergie, Maros Sefcovic, pour insister sur les besoins de financement de l’industrie nucléaire, notamment à travers l’argent du plan Juncker".

"Cette industrie a besoin de cet argent, car il n’y a plus aucune banque privée qui soit disposée à prendre le risque de financer des projets nucléaires après la catastrophe de Fukushima et l’explosion des coûts de construction de nouveaux réacteurs", a souligné Claude Turmes. "De nos jours, l’énergie nucléaire n’a plus aucune chance", a-t-il encore dit.

A ses yeux, "il est complètement inadmissible que l’argent des contribuables européens soit accordé à la construction de nouvelles centrales".

Priorisation de l’efficacité énergétique

"L’énergie va avoir un rôle important dans ce plan Juncker", estime Claude Turmes. Pour lui, l’efficacité énergétique doit être "la première priorité" de ce nouveau fonds d’investissement, "tant en raison de sa contribution à la lutte contre le changement climatique, que pour son potentiel de croissance et de création d’emplois, de compétitivité pour l’industrie européenne et de réduction de notre forte dépendance aux importations de combustibles fossiles, notamment en provenance de la Russie".

L’eurodéputé cite l’exemple de l’investissement dans la rénovation des bâtiments, notamment pour accroître leur performance énergétique. De telles mesures "nécessitent une main d’œuvre abondante", ce qui permettrait de créer de nouveaux postes de travail en Europe, explique l’eurodéputé.

Dans ce contexte, il propose "qu’on montant d’au moins 5 milliards d’euros sur les 21 milliards de garantie du budget européen et de la BEI soit consacré à l’efficacité énergétique afin de procéder à une rénovation thermique des bâtiments européens et de lutter contre la pauvreté énergétique".

A noter que Claude Turmes s’est aussi penché sur le texte ayant trait à l’Union de l’énergie, qui était à l’ordre du jour du Conseil européen qui a eu lieu le même jour. Il estime que ce texte "est tout juste ok", même s’il ne le juge pas entièrement de notre temps. On n’y trouverait en effet aucune trace des concepts de "citoyens" ou de "villes", alors que ces acteurs jouent désormais selon lui un rôle primordial pour l’efficacité énergétique.