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Conseil Affaires étrangères – Après les nouveaux naufrages de bateaux de migrants en Méditerranée, une volonté d’agir immédiatement se dégage des premières déclarations qui précèdent un Conseil conjoint avec les ministres de l’Intérieur
20-04-2015


Le Conseil Affaires Etrangères du 20 avril 2015 à Luxembourg a été placé sous le signe des multiples naufrages de bateaux de réfugiés qui sont survenus entre le 13 et le 19 avril 2015 en Méditerranée entre les côtes libyennes et italiennes, des naufrages qui ont fait plusieurs centaines voire plus d’un millier de morts. Dès que les faits ont été connus, il a été de demandé aux ministres de l’Intérieur de rejoindre leurs collègues des Affaires étrangères lors de la session de l’après-midi. Les déclarations des différents acteurs à l’entrée du Conseil reflétaient la tournure dramatique qu’ont prise les choses.

Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, lors de son arrivée au Conseil Affaires étrangères à Luxembourg (Source : Conseil)Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, a déclaré que le Conseil se concentrerait sur "nos responsabilités d’Européens" et qu’il fallait "empêcher que ces tragédies ne se répètent". Plaidant pour le développement de politiques européennes en Méditerranée parce qu’elle est "une de nos mers" et parce qu’il y va de notre crédibilité", elle a expliqué que l’UE disposait d’instruments de politique étrangère et aussi d’instruments qui relevaient de la compétence des ministres de l’Intérieur pour affronter la situation. Elle s’est donc réjouie que des consultations entre les uns et les autres puissent avoir lieu, des consultations qu’elle avait déjà demandées à plusieurs reprises.

Federica Mogherini a ensuite déclaré qu’elle allait mettre sur table toutes les options tant en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la lutte contre les trafiquant d’êtres humains et la responsabilité de l’UE à l’égard des migrants, des problèmes qui doivent être affrontés avec une dimension "défense" et une dimension "sécuritaire". Pour la Libye également, un accord devra être trouvé sous l’égide de l’ONU pour une transition vers un gouvernement unitaire national. "Nous n'avons plus d'alibi. L'Union européenne n'a plus d'alibi, les Etats membres n'ont plus d'alibi", a-t-elle encore. "Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c'en est trop", a-t-elle ajouté, exprimant l’espoir que le Conseil et les Etats membres prennent des mesures immédiates.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a déclaré : "Il s’agit d’une urgence européenne et non italienne. La réputation de l’UE est en jeu". Il a appelé à renforcer la lutte contre les passeurs et à augmenter les moyens pour les opérations de secours ainsi que la réception des migrants, en soulignant que 90 % des opérations de secours se feraient "à l’initiative de l’Italie" et que 70 % des migrants irréguliers arriveraient en Italie. "Il ne s’agit pas d’un problème italien", a-t-il insisté. Quant à la Libye, il a exclu toute opération militaire tant qu’il n’y a pas un accord entre les différentes parties. Il a par contre appelé à des initiatives internationales, au niveau de l’UE et de l’ONU, contre les organisations criminelles à la base du trafic des migrants.

Son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, a appelé à une "discussion sans tabous" sur les moyens de l’UE pour réagir à cette nouvelle "tragédie", en référence à un naufrage d’un chalutier ce week-end sur lequel se trouvaient jusqu’à 950 personnes. Il a évoqué un "défi immense" consistant à améliorer les opérations de secours en Méditerranée pour réduire les naufrages. Il a insisté sur le fait qu’il faut être "déterminé" dans l’effort de stabiliser la Libye, un Etat qui "est en train de s’effondrer", et qu’il faut des "actions coordonnées" contre les bandes de passeurs qui, de manière "cynique", tirent profit des migrants. Le ministre allemand a aussi souligné qu’il n’y aura "pas de solutions rapides".

Pour le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn également, ce qui importe maintenant, c’est de sauver la vie des dizaines voire de centaines de milliers de personnes qui tenteront de traverser la Méditerranée, et de doter donc l’opération européenne Triton de moyens plus importants semblables à ceux dont disposait l’opération italienne Mare Nostrum. "Si ce n’est pas maintenant le moment d’agir, quand faudrait-il agir ?", a-t-il demandé. En même temps, il a mis en avant le fait que "l’UE n’est pas outillée pour éliminer les racines du problème que sont l’instabilité et les guerres en Afrique et dans le monde arabe".