Dans un article publié dans son édition du 24 avril 2015, le Lëtzeburger Bauer, l’organe de la Centrale paysanne luxembourgeoise, souligne la nécessité de soutenir des projets dans le secteur agricole et dans les zones rurales dans le cadre du Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI ou FEIS), principal instrument financier du plan Juncker.
Pour rappel, alors que le 23 avril, les négociations entre les co-législateurs sur l’EFSI sont entrées dans leur phase finale, en vue de trouver un accord sur le texte juridique en juin 2015, six Etats membres de l’Union européenne (UE), à savoir la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, le Luxembourg et la Pologne, ont déjà annoncé leur participation financière au plan Juncker à travers leurs banques nationales de développement. Le 22 avril 2015, la BEI a dévoilé les premiers projets retenus au titre de l’EFSI. Pour ces projets, la BEI a approuvé des prêts pour un montant total de 300 millions d'euros, qui devraient appuyer des investissements d'environ 850 millions d’euros.
Dans son article, le Lëtzeburger Bauer se félicite du fait que la commission de l’agriculture (AGRI) du Parlement européen se soit prononcée en faveur de la création dans l’EFSI d'une "branche distincte" pour les projets dans le secteur agricole et les zones rurales. "L'objectif est de permettre, à des projets du secteur agricole et dans le domaine du développement rural, un accès plus simple aux fonds de l’EFSI", souligne le Lëtzeburger Bauer, indiquant qu’aux yeux des eurodéputés, une telle démarche doit "contribuer à améliorer la compétitivité et l'innovation dans l'agriculture européenne". En outre, selon la commission AGRI, "des investissements efficaces dans le développement rural sont nécessaires pour encourager la croissance économique des régions européennes, ce qui a également l’avantage de sauvegarder les emplois et d’en créer de nouveaux", lit-on dans l’article. Les eurodéputés avaient également souligné l’importance d’investir dans la recherche agricole, les zones défavorisées, le renforcement des infrastructures et l'expansion des réseaux de transport dans les zones rurales, rappelle l’organe de la Centrale paysanne.
Le Lëtzeburger Bauer souligne aussi le fait que les organisations paysannes européennes de la Copa-Cogeca avaient demandé que des projets qui ont trait à l'agriculture et à la sylviculture soient inclus dans le Plan Juncker, car ceux-ci ont selon eux "un grand potentiel pour stimuler la croissance et l'emploi dans les secteurs en amont et en aval". Ils pourraient ainsi jouer un rôle central dans le renforcement de l'économie dans les zones rurales.
Le Lëtzeburger Bauer évoque encore les propos du commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, qui souligne la place centrale qu’occupe l’agriculture dans l’économie européenne, en s’appuyant sur les chiffres qui suivent : il y a 25 millions d'agriculteurs dans l’UE ; les zones rurales représentent 50 % de l’ensemble du territoire de l’UE; l'industrie alimentaire représente 7 % de l'emploi dans l'UE et 3,5 % de la valeur ajoutée totale ; 46,1 millions de personnes sont employées dans les zones rurales, ce qui représente 20,6 % de l’emploi dans l’UE ; le secteur alimentaire est le quatrième plus grand exportateur dans l’UE ; le secteur forestier procure au moins 3,5 millions d'emplois.
"Les secteurs de l’agriculture et de la sylviculture représentent donc un facteur économique incontournable dont l'importance est cependant souvent – consciemment ou inconsciemment – ignorée ou négligée par les dirigeants politiques, y compris dans ce pays", indique la Centrale paysanne. "Nombre de projets en matière d'agriculture et de sylviculture, dans des domaines tels que la bio-économie, la recherche et l'innovation dans l'agriculture et l'industrie alimentaire, ainsi que des projets en matière d'infrastructure et de capacités de stockage du grain, peuvent contribuer à atteindre les objectifs du Plan Juncker", souligne le Lëtzeburger Bauer. Des investissements sont en outre nécessaires dans de nombreux Etats de l'UE afin de restructurer les laiteries, estime l’organe de la Centrale paysanne.
"Malheureusement, très peu de demandes reçues à ce jour dans le cadre du plan d'investissement de la Commission sont liées à l'agriculture", regrette le Lëtzeburger Bauer, indiquant que "ceci est également vrai pour les projets soumis par le gouvernement luxembourgeois". Dans ce contexte, "les revendications émises par les organisations paysannes et par les eurodéputés pour qu’un accent plus grand soit mis sur l'agriculture et qu’une branche distincte soit créée pour les projets dans l'agriculture et dans les zones rurales, sont d’autant plus légitimes", a conclu le Lëtzeburger Bauer.