Le 13 mars 2015, le député Justin Turpel (Déi Lénk) adressait au ministre des Finances, Pierre Gramegna, une question parlementaire portant sur le plan d’investissement de la Commission Juncker.
Il lui posait toute une série de questions.
Le ministre des Finances, Pierre Gramegna, lui a répondu en date du 2 avril 2015.
Le même jour, le Premier ministre annonçait à l’issue du Conseil de gouvernement que le Luxembourg entendait contribuer au plan Juncker à hauteur de 80 millions d’euros par l’intermédiaire de la SNCI.
Depuis le début de la crise, le niveau d'investissement dans les pays européens a connu une importante baisse. En effet, en 2013, le niveau de l'investissement, public et privé confondus, était inférieur de 430 milliards euros par rapport à son niveau en 2007. Ceci correspond à une baisse de 21 % à 17 % du PIB européen. Il s'agit cependant ici d'une moyenne globale qui ne reflète pas la situation individuelle de chaque Etat membre. En effet, la situation au sein de l'UE est très hétérogène entre les différents Etats : ainsi, dans certains Etats membres comme l'Espagne ou la Grèce, la baisse de l'investissement pouvait avoisiner voire dépasser les 60 %, alors que des pays comme la Suède ou le Luxembourg la baisse du niveau de l'investissement est beaucoup moins prononcée.
La baisse du niveau de l'investissement s'explique par de multiples facteurs et peut varier en fonction du secteur (investissement privé ou public) et de la situation structurelle des pays.
Sans prétention à l'exhaustivité, le niveau d'investissement est dépendant des facteurs suivants :
Un rapport du 9 décembre 2014 de la task-force temporaire sur l'investissement, dirigée par la Commission européenne et la Banque européenne d'investissement, a analysé la faiblesse continue de l'investissement en Europe et procède à des recommandations pour y remédier.
Selon ce rapport, il n'existe pas de lien cohérent entré la baisse du niveau de l'investissement (public et privé confondus) de 430 milliards euros et la perte de bénéfices des entreprises à un niveau agrégé : i) le montant agrégé des investissements couvre des investissements publics qui ne génèrent pas directement des bénéfices pour les entreprises privées, ii) le bénéfice d'une entreprise est la résultante de nombreux facteurs où le niveau de l’investissement est un facteur parmi d'autres.
En outre, pendant une partie du temps de la crise, les entreprises européennes multinationales, pour répondre à la baisse de la croissance des marchés en Europe, ont cherché des opportunités d'investissements sur des marchés plus prometteurs en dehors de l'Europe.
Quant aux sources de financement du Fonds Européen d'investissements stratégiques (FEIS), il sera doté de 21 milliards d'euros, dont 5 milliards d'euros proviendront de la Banque Européenne d’Investissement (BEI).
Les 16 milliards restants proviennent de la garantie de l'Union, dont 8 milliards seront versés en liquide dans un fonds de garantie.
Le fonds de garantie sera progressivement doté de ce montant de 8 milliards d'euros d'ici à 2020, grâce à des redéploiements provenant du budget général de l'Union. Il ne s'agira donc pas de dotations supplémentaires dans le cadre du budget annuel de l'UE, mais d'un redéploiement à l'intérieur du cadre financier pluriannuel 2014-2020.
Le financement des 8 milliards d'euros nécessaires au provisionnement du fonds de garantie se décompose comme suit :
Le gouvernement favorise le modèle du co-financement de projets à travers la SNCI. La SNCI et la BEI ne financent un projet qu'en partie seulement, le restant du financement devra, dans tous les cas, provenir des promoteurs privés et/ou des banques commerciales.
Le Ministère des Finances, en tant que coordinateur, se concerte avec les autres Ministères concernés afin d'élaborer une liste de projets qui seraient éligibles à un co-financement de la part de la BEI et du FEIS. Par ailleurs le Ministère des Finances entamera la même concertation avec les partenaires du secteur privé. Dans ce processus, la SNCI pourra endosser, suivant le type de projet, le rôle de partenaire financier.
A ce stade, le gouvernement n'est pas en mesure de chiffrer des investissements spécifiques dans le cadre du FEIS. La Chambre des Députés et le public seront informés de la liste de projets nationaux dès que les travaux de concertation seront achevés. L'effet final sur l'économie luxembourgeoise du "plan Juncker", bien qu'estimé positif, ne saurait être analysé qu'une fois les projets d'investissement sélectionnés.