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Santé
La Commission européenne n'a pas l'intention de proposer une nouvelle stratégie en matière d'alcool, malgré une résolution du Parlement européen l’exhortant à le faire
18-05-2015


Certains eurodéputés veulent que le nombre de calories soient indiqués sur les boissons alcoolisées (Source: Pixabay)La Commission européenne n'a pas l'intention de proposer une nouvelle stratégie en matière d'alcool, mais traitera la problématique dans un cadre global sur les maladies chroniques. C’est ce qui ressort de la déclaration du commissaire chargé de la Santé et de la Sûreté alimentaire, Vytenis Andriukaitis, lors de la session plénière du Forum européen sur l'alcool et la santé (EAHF) le 18 mai 2015. Cette annonce qui n’a pas manqué de susciter des critiques intervient alors que le Parlement européen vient d’adopter une résolution qui appelle à une nouvelle stratégie et malgré le fait que la plupart des Etats membres y ont exprimé leur soutien.

Dans son discours, le commissaire s'est dit "très préoccupé" par l'abus d'alcool au sein de la population européenne et a affirmé qu'il "envisage l'élaboration d'un cadre d'action" auquel participeront tous les acteurs concernés (Commission, États membres, Parlement européen, société civile et industrie). Il préfère cependant "envisager une action sur les causes principales des maladies chroniques, y compris l'alcool, mais aussi le tabac, la nutrition et l'inactivité physique".

Il se dit "pleinement convaincu" que "nous pouvons nous appuyer sur les fondations solides de la stratégie de 2006 et ses objectifs". Pour rappel, la stratégie actuelle en matière d’alcool date de 2006 et a expiré en 2013. Ce ne sont pas "les mots (de ce papier) qui comptent", mais les résultats, a insisté Vytenis Andriukaitis.

Le commissaire cite comme objectifs la protection des jeunes, des enfants et des enfants à naître, la réduction des accidents de la route dus à l'abus d'alcool, la prévention des méfaits causés par l'alcool chez les adultes, la mise sur pied de campagnes pour informer et attirer l'attention sur l'impact de la consommation abusive d'alcool et l'élaboration d'une base statistique globale sur la consommation d'alcool au niveau de l'UE.

Pour le commissaire, ce sont les Etats membres qui sont en charge de décider et de renforcer les limites d’âges pour la consommation d’alcool, de réglementer l’accessibilité à l’alcool et la délivrance des licences pour servir l’alcool ainsi que d’ajuster le taux d’imposition.

Le Parlement européen a appelé la Commission à présenter jusqu’en 2016 une proposition législative sur l’étiquetage de la teneur calorique

Pour Vytenis Andriukaitis, il faut "étudier soigneusement" l’étiquetage et la commercialisation, y compris la publicité, pour lutter contre les dommages causés par l’alcool. Une des demandes du Parlement européen dans sa résolution, adoptée le 29 avril 2015 en plénière, était notamment que la Commission présente, au plus tard en 2016, une proposition législative tendant à mentionner clairement la teneur calorique des boissons alcoolisées sur les étiquettes. Selon la législation en vigueur, la déclaration nutritionnelle n’est pas obligatoire pour les boissons titrant plus de 1,2 % d’alcool en volume. Une demande qui avait été appuyée par le ministre de la Santé letton, Guntis Belevics, qui présidait le Conseil informel de la Santé à Riga les 20 et 21 avril 2015.

La ministre luxembourgeoise Lydia Mutsch s’était également exprimée en faveur d’une action au niveau européen, dont le cadre aurait dû être défini au cours de la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE qui débute en juillet.

Mais pour le commissaire, ce domaine ressort de la responsabilité des Etats membres. Selon lui, les Etats membres qui ont pris des mesures volontaires en matière d’étiquetage nutritionnel et d’avertissement devront encore "aller plus loin" en matière d’autoréglementation.

Dans la résolution, les députés appellent la Commission à  "commencer immédiatement les travaux sur la nouvelle stratégie en matière d'alcool de l'UE (2016-2022)" afin d'aider les gouvernements nationaux à faire face aux méfaits de l'alcool. Ils lui demandent par ailleurs d’envisager un étiquetage à l'échelle européenne pour avertir les femmes enceintes à ne pas consommer de l'alcool et alerter les buveurs aux dangers de l'alcool au volant. Près de 360 amendements avaient étés présentés pour ce texte qui proposait initialement d’augmenter l’âge légal pour la consommation d’alcool à 18 ans, une proposition finalement supprimée dans la version finale. Par contre, les députés invitent les États membres à "redoubler d'efforts pour protéger les jeunes en renforçant strictement la législation de l'âge limite pour consommer de l'alcool".

L’association Eurocare a vivement dénoncé la déclaration du commissaire européen : "Nous attendons depuis 2012 des développements politiques pour lutter contre les méfaits causés par l'alcool en Europe. Cela a été continuellement remis à plus tard et c'était le moment de présenter de nouvelles actions. C'est une grosse déception (de voir) que la Commission n'est pas capable de répondre aux appels du Parlement et des États membres", a déclaré la secrétaire générale d'Eurocare, Mariann Skar, dans un communiqué publié le 21 mai 2015.