Le 19 juin 2015, la Commission européenne a exprimé ses réticences sur le projet de la Hongrie de construire une clôture de quatre mètres de haut sur les 175 kilomètres de sa frontière avec la Serbie pour stopper l'entrée de migrants, annoncé le 17 juin 2015 par le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó.
La Hongrie avait justifié cette mesure en indiquant qu’elle était "l'État membre de l'UE le plus gravement touché par l'immigration". "L'un des plus grands défis actuels de l'UE est la question de l'immigration, à laquelle les États membres de l'UE tentent de trouver une solution ; mais à ce stade, la voie vers une approche commune satisfaisante semble être assez longue", avait poursuivi le ministre. "Par conséquent, la Hongrie ne peut pas se permettre d'attendre plus longtemps, même si nous espérons qu'il y aura une solution européenne commune", avait-il conclu.
Budapest affirme avoir vu affluer 54.000 migrants et demandeurs d'asile depuis janvier 2015, contre 2.000 au total en 2012. Les travaux pour ériger cette clôture commenceront "dès l'achèvement de la phase préparatoire" prévu le 24 juin 2015, selon le gouvernement hongrois.
"Les Etats membres ont la responsabilité de la gestion de leur frontière, c’est à eux d’identifier les mesures qu’il convient de prendre pour faire en sorte que les frontières extérieures de l’UE soient sûres", a déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission, lors d'un point de presse le 18 juin 2015, avant de préciser que les mesures prises par les Etats face aux flux migratoires "doivent respecter le droit communautaire et les obligations internationales, les droits de l’homme des migrants et le principe humanitaire de non-refoulement pour ce qui est des personnes qui peuvent bénéficier de la protection internationale".
"La Commission ne recommande pas l’utilisation de barrières et de murs, elle recommande des mesures alternatives", a-t-elle souligné, rappelant qu'on n'avait que "récemment" abattu des murs en Europe, si bien que "nous ne devrions pas nous mettre à en construire de nouveaux", en référence au rideau de fer et en allusion à la décision de la Hongrie d'ouvrir progressivement sa frontière avec l'Autriche en 1989, déclenchant un mouvement d'ouverture Est-Ouest qui culmina avec la chute du mur de Berlin en novembre.
La porte-parole a aussi rappelé que Bruxelles avait rejeté des demandes de financement présentées à l'UE par des Etats membres pour ériger des clôtures, par exemple l'Espagne pour ses enclaves d'Afrique du Nord, ou la Grèce pour sa frontière avec la Turquie.
Zoltan Kovacs, porte-parole du gouvernement, interrogé le 18 juin 2015 par l'AFP, a récusé toute comparaison avec le rideau de fer démantelé en 1989. "Les parallèles historiques erronés n'aideront pas l'Europe à répondre à un défi nouveau – nous n'avons pas affaire aujourd'hui à un problème intra-européen comme lors de la guerre froide", mais à "des gens arrivant de pays tiers", a-t-il souligné.
Le même jour, le gouvernement hongrois a diffusé un nouveau communiqué dans lequel il souligne ne pas se réjouir de la construction d'une clôture le long de la frontière serbo-hongroise, mais qu’il ne pouvait pas attendre. "Le gouvernement doit garantir la sécurité du pays, qui comprend la protection de ses frontières", a déclaré János Lázár, ministre du cabinet du Premier ministre, selon ses propos repris dans le communiqué.
Le ministre a également indiqué que Budapest était prête à engager des pourparlers constructifs avec la Serbie lors de la réunion conjointe avec Belgrade qui se tiendra le 1er juillet. Et de souligner que l'entrée légale en Hongrie sera également garantie à l'avenir.