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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
Eurogroupe – Alors que la Grèce appelle à un référendum le 5 juillet sur les propositions des créanciers, les ministres des Finances de la zone euro annoncent l’expiration du programme d’aide au 30 juin
27-06-2015


Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, lors de la conférence de presse à l'issue de l'Eurogroupe le 27 juin 2015 (c) Conseil européenLe 27 juin 2015, les ministres des finances des Etats membres de l’Eurogroupe se sont réunis à Bruxelles pour la cinquième fois en dix jours afin de discuter du plan de réforme de la Grèce qui permettrait le déblocage par les créanciers (Commission européenne, BCE, FMI) d’une nouvelle tranche d’aide financière de 7,2 milliards d’euros indispensable à la Grèce pour éviter le défaut de paiement au 30 juin. Une réunion qui a été écourtée en raison de l’annonce surprise faite dans la nuit du 26 au 27 juin par Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, d’organiser, le 5 juillet, un référendum sur les propositions faites par les institutions en date du 25 juin 2015. Si, lors de l’Eurogroupe du 22 juin, l’optimisme était de mise après que la Grèce avait soumis une liste de ses propositions aux créanciers en 21 points, et que tout le monde s’attendait à ce qu’une solution soit trouvée dans la semaine, les autorités grecques rejettent pour l’heure les propositions des créanciers, les discussions bloquant toujours sur la réforme des retraites et celle de la TVA. Ce référendum "ferme la porte à la poursuite des discussions", a tranché Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, les dernières propositions des créanciers, datées du 26 juin, n'ayant donc pas pu être débattues le lendemain. Dans la nuit du 27 au 28 juin, le Parlement grec a voté la loi sur la tenue du référendum par une majorité de 178 voix pour et 120 contre.

Afin de pouvoir tenir au-delà du référendum, Alexis Tsipras a dit avoir réitéré le 28 juin sa demande en vue d’une prolongation d'un mois du programme d'aide actuel, qui avait déjà été prolongé jusqu’au 30 juin lors de l’Eurogroupe du 24 février 2015.

Le ministre des Finances grec, Yannis Varoufakis, lors de l'Eurogroupe du 27 juin 2015 (c) Conseil européenMais les créanciers ont refusé, estimant qu’il était "de la responsabilité du gouvernement grec, quelle que soit la situation, de respecter ses obligations envers ses créanciers". "Si le gouvernement grec n'est pas prêt à accepter" les propositions qui lui sont faites, "alors il y a un problème de crédibilité", a poursuivi Jeroen Dijsselbloem. A l’issue de la réunion, les ministres des Finances publiaient un communiqué signant l’expiration du programme d’aide au 30 juin. Une déclaration que n’a toutefois pas soutenue Yanis Varoufakis, le ministre des Finances grec, qui indiquait de son côté que la Grèce allait "continuer à se battre" pour un accord avec ses créanciers d'ici au 30 juin, estimant que si un tel accord était conclu, "nous dirons au peuple grec de voter oui" lors du référendum. Quelques heures plus tard, dans un discours prononcé devant le parlement dans la nuit du samedi 27 juin au dimanche 28 juin, Alexis Tsipras appelait toutefois à dire "un grand non à l'ultimatum" des créanciers du pays lors du référendum,  affirmant que cette consultation "n'était pas une tentative de scission avec l'Europe mais de scission avec des pratiques qui sont un affront pour l'Europe".

Réunis en réunion informelle le 27 juin à l’issue de l’Eurogroupe, mais sans Yanis Varoufakis, les 18 ministres de Finances ont discuté des conséquences de l’expiration du programme d’assistance à la Grèce, réaffirmant leur volonté de "préserver l’intégrité et la stabilité de la zone euro", et leur engagement à "prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’assurer la résistance de nos économies", comme on peut le lire dans un communiqué diffusé par le Conseil.

L’expiration du plan d’aide nécessitera des mesures de la part des autorités grecques, avec le soutien des institutions pour assurer la stabilité du système financier grec, ont souligné les ministres. L’Eurogroupe continuera de suivre de près la situation économique et financière en Grèce, ont-il encore indiqué.

Les réactions

En marge de la réunion de l’Eurogroupe, le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, a indiqué que la Grèce avait pris des "mesures soudaines qui rendent impossibles d’ultérieures négociations", estimant que la Grèce avait elle-même fermé la porte des négociations. "Sur quelle base pouvons-nous négocier dans ce contexte – nous ne pouvons que négocier avec un partenaire dont l’objectif est d’atteindre un résultat positif. Mais si vous avez autour de la table un partenaire qui indique qu’il va voter contre le paquet, il y a un problème de confiance", a encore dit le ministre, estimant que la décision d’organiser un référendum était "contre-productive". Le ministre s’est pourtant refusé à tout pessimisme. Pour lui, "un défaut de paiement ne sous-entend pas automatiquement une sortie de la zone euro".

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a assuré le 29 juin 2015 qu'il allait demander "au peuple grec de voter oui" au référendum organisé le 5 juillet en Grèce, dans une conférence de presse qu’il a donnée à la mi-journée. "Je demanderai aux Grecs de voter oui, indépendamment de la question posée", a-t-il, ajoutant qu'il fallait "voter oui parce que les Grecs fiers d'eux-mêmes et de leur pays doivent dire oui à l'Europe". "Il ne faut pas se suicider parce qu'on a peur de la mort", a-t-il lancé dans une adresse directe aux Grecs.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande ont quant à eux fait part de leur "disponibilité" pour une reprise du dialogue. Tandis qu’Angela Merkel a mis en garde contre un échec de l’euro, François Hollande a qualifié la décision de tenir un référendum comme un "choix souverain" du gouvernement grec, tout en déplorant la décision de ce dernier de rompre les négociations avec ses créanciers, ainsi que le rapporte une dépêche de l’AFP. Angela Merkel a pour sa part déclaré : "Si l'euro échoue, l'Europe échoue. Si nous perdons la capacité à trouver des compromis, alors l'Europe est perdue."

La Grèce décrète le contrôle des capitaux

Aussitôt après l’annonce du Premier ministre Tsipras d'organiser un référendum, la population grecque s’est précipitée vers les distributeurs d’argent. Vu l’ampleur du phénomène, le gouvernement a décrété, le dimanche 28 juin, le contrôle des capitaux pour tenter de protéger le système bancaire national, ordonnant une fermeture des établissements bancaires jusqu’au surlendemain du référendum. La bourse d’Athènes a elle aussi décidé de rester fermée pendant toute la durée de la vacance bancaire.